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Non, ce n’est pas toujours « que du bonheur »

Publié le 17 décembre 2020 par Encoreunblogdemere
Non, ce n’est pas toujours « que du bonheur »

Je crois qu'après 3 enfants si j'ai compris au moins une chose c'est que la maternité est loin d'être un compte de fée peuplé de licornes et de paillettes (ça serait chouette). Que souvent on pleure, on est épuisés, énervés, déprimés, qu'on attend juste l'heure du coucher pour décompresser. Et pourtant j'ai longtemps culpabilisé de me sentir comme ça... Je croyais que ce n'était que du bonheur et de ne pas être heureuse à 100% faisait de moi quelqu'un d'anormal, une mauvaise maman.

Et puis j'ai eu deux enfants, puis trois.

A lire aussi : la maman en colère qui crie tout le temps

Pour poser le contexte : premier enfant, après 2 ans d'essais, une grossesse à stresser et plusieurs fausses couches. 26 ans et une estime de soi qui tend vers moins l'infini. Un enfant qui pleure, pleure, pleure, un RGO pathologique. Et une dépression post partum qui finit par poser ses bagages après plusieurs semaines à tirer sur la corde.
Mon plus gros cauchemar à cette époque était qu'on vienne m'enlever ma fille car je n'étais pas assez " bien " pour elle. Mes journées se terminaient en larmes dans mon lit ou sous la douche à me demander pourquoi j'avais persévéré dans ce désir d'enfant, moi qui étais manifestement nulle.
A tel point que j'ai fini par reprendre une activité pro plus tôt que prévu, parce que " maman à plein temps ", ça ne semblait pas être pour moi. Heureusement, les semaines ont passé et mon bébé a vite été soulagée (enfin, vite, vu de l'extérieur). J'ai découvert l'amour inconditionnel et la fusion, et bien rapidement j'avais le coeur serré au moment de partir travailler.

Quand Miniloute est née, j'ai voulu tout tenir de front, assumer, être la maman forte que je pensais ne pas avoir été pour ma première. Je portais en écharpe jour et nuit, je ne laissais personne d'autre s'en occuper, peu importe la fatigue et l'énervement. Je passais après. Et ça a été le cas longtemps puisque ma deuxième était elle aussi un bébé RGO mais avec en prime des besoins intenses. Mon couple en a pris un coup a l'époque, mais aussi mon moral : j'étais épuisée mais je ne voulais pas demander d'aide. Et j'étais convaincue ne plus jamais vouloir de tout petit bébé. Pour elle aussi je me suis sentie nulle, et le fait d'avoir deux enfants multipliait mes inquiétudes et moments de " moins bien " : les crises de la grande, les pleurs de la petite, les évènements familiaux à ce moment la... J'avais bien du mal à voir QUE dans " c'est que du bonheur " mais je mesurais d'avantage ma chance. Et j'avais déjà pas mal lâché du lest sur certaines choses.

Alors tu te dis bien que quand j'ai appris l'existence de ce troisième bébé pas du tout prévu au programme, j'ai paniqué. J'ai même été dans une sorte de déni quelques jours (semaines ?) avant de pouvoir prendre une décision (pas toute seule, on se comprend bien). J'ai eu peur de ces premiers mois que j'avais trouvé atrocement difficiles. J'avais peur de faire une dépression. J'avais peur du RGO mais surtout peur de moi-même, d'être débordée, de crier sans arrêt sur mes enfants, de perdre cet équilibre qu'on avait fini par construire à 4.

On ne va pas se le cacher, je trouve toujours ces premiers mois (trop) difficiles. Pas de rythme, beaucoup de pleurs, d'angoisses et de fatigue. Un bébé qu'on ne comprend pas vraiment, en tout cas dans le cas d'un bébé RGO comme les miens. Beaucoup de mal à lâcher prise, mais c'est là que ce bébé surprise a aidé : il a bien fallu lâcher prise et prioriser !

Encore une fois, j'ai pleuré sous la douche, souvent.
Encore une fois, je me suis trouvée nulle, mais moins.
Evidemment, 3 enfants c'est compliqué et c'est sport, bien qu'avoir 2 " grandes " simplifie la tâche par rapport à 3 enfants rapprochés selon moi.
Evidemment, l'organisation est souvent millimétrée et je me sens souvent à bout, même si j'arrive à garder le cap.

Ce qui a changé c'est que j'accepte tout ça. Je n'ai pas le choix. Il aura fallu 3 enfants pour comprendre que je suis normale, pas folle, pas trop faible, que le syndrome de l'imposteur des mamans s'efface un peu. Que oui je crie beaucoup mais que je m'excuse et que je suis plus indulgente envers mes filles, mon mari et moi-même. Que non ce n'est pas QUE du bonheur mais que ça y ressemble un peu quand même. Qu'être fatiguée, en pleurs, avoir besoin d'aide c'est juste NORMAL et qu'il ne faut pas avoir honte.

Alors à toi qui te demandes si tu es bien normal(e) de ne pas trouver la parentalité aussi épanouissante que dans les livres, qui culpabilise de ne pas autant aimer le quotidien auprès de ton tout petit... Sache que c'est normal.
Ça ne veut pas dire que tu es une mauvaise mère, un mauvais père, que tu n'aimes pas ton enfant et qu'il finira par te détester en retour. Ça ne veut pas dire que tu ne fais pas de ton mieux si tu ne fais pas comme ci ou comme ça. Et en prime : tu as le droit de te tromper, de " mal faire ", de changer d'avis, de recommencer 10, 20, 100 fois d'une façon différente. Ton bébé ne vient pas au monde avec un mode d'emploi inclus, personne ne peut réellement nous apprendre à être parent.

Et tu as le droit de pleurer, de trouver ça dur, trop dur, de te demander comment tu vas t'en sortir.
Spoiler alert : tu vas t'en sortir. D'ici là, rappelle toi : tu gères et tu fais de ton mieux.

Non, ce n’est pas toujours « que du bonheur »

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