Critique Ciné : L'enfant rêvé (2020)

L’enfant rêvé // De Raphaël Jacoulot. Avec Jalil Lespert, Louise Bourgoin et Mélanie Doutey.

Je reste ces derniers jours dans une thématique parentale. Après Madre et Pieces of a Woman qui parlaient du deuil de l’enfant (disparu ou décédé), L’enfant rêvé parle d’un désir d’enfant qui ronge la vie d’un jeune couple au point que s’installe une histoire de liaison et de grossesse. Raphaël Jacoulot, qui tourne peu, rassemble ici des personnages loin des carcans parisiens habituels pour traiter de tels sujets. Il nous plonge dans sa Franche-Comté natale autour de personnages humains qui ont une vie qui pourrait être la nôtre. Cette proximité qu’il veut entre le spectateur et ses personnages est assez forte et permet de s’attacher rapidement à cette aventure. Le point de départ de cette histoire d’enfant c’est lorsque la femme de François (incarnée par Mélanie Doutey) décide de parler adoption lors d’un repas de famille chez les parents de son mari sans même en avoir informé ce dernier auparavant. C’en suit alors une histoire où François n’est pas forcément le héros de L’enfant rêvé mais plutôt un personnage parmi les autres tant la place des femmes ici est importante. Cela fait plaisir de voir le point de vue de ces deux femmes qui gravitent autour du même homme et montrent leurs fêlures à la caméra autour du désir d’être mère.

Depuis l’enfance, François a consacré sa vie au bois. Celui des arbres des forêts du Jura, qu’il connait mieux que personne. Il dirige la scierie familiale avec sa femme Noémie, et tous deux rêvent d’avoir un enfant sans y parvenir. C’est alors que François rencontre Patricia, qui vient de s’installer dans la région. Commence une liaison passionnelle. Très vite, Patricia tombe enceinte. François vacille...

Raphaël Jacoulot choisit alors une mise en scène sobre afin d’utiliser au mieux les décors de sa région et intégrer les personnages dans ce récit. La forêt est magnifique et sublimé. On sent l’amour du réalisateur pour le Jura et je dois avouer que c’est dépaysant en plus d’être une occasion de découvrir cette région. Jalil Lespert de son côté est convaincant dans ce rôle d’homme dépassé par les évènements qui vont s’enchaîner à une vitesse assez frénétique : que cela soit sa rencontre avec Patricia (incarnée par Louise Bourgoin) ou la relation avec sa femme Noémie (incarnée par Mélanie Doutey). Le précédent film du réalisateur, Coup de chaud, était une excellente surprise et je dois avouer qu’il réitère avec moi ici. On est dans une histoire totalement différente mais l’on retrouve sa façon de regarder ses personnages au travers de sa caméra. La recette utilisée dans ce film qui m’avait beaucoup plu est donc utilisée à nouveau ici. Même Avant l’aube, autre de ses films, Raphaël Jacoulot nous plongeait dans un grand hôtel des Hautes-Pyrénées en plein hiver avec une frénésie étonnante. L’enfant rêvé est donc presque son film le plus personnel (à la fois car il filme sa propre région mais aussi car on sent l’envie de nous rapprocher d’autant plus de cette histoire). On redoute du début à la fin l’issue du film pourtant à l’allure si classique mais ce drame familial sait comment nous habiter et nous emporter.

Note : 7.5/10. En bref, nouvelle bonne surprise du cinéma de Jacoulot.

Sorti le 7 octobre 2020 en France. Disponible en VOD