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L’exilé

Par Belzaran
L’exilé

Titre : L’exilé
Scénariste : Erik Kriek
Dessinateur : Erik Kriek
Parution : Juin 2020


Suite à un événement malheureux, Hallstein est banni d’Islande. Après ses années d’exil où il vit en mercenaire, il revient sur sa terre natale pour retrouver ses droits. Mais le temps qui a passé n’a pas suffi à nettoyer les blessures et il n’est pas le bienvenu… « L’exilé » est paru chez Anspach, qui publie peu d’ouvrages, de quoi s’y intéresser fortement. Le tout pèse près de 180 ans.

Petit traité de traditions islandaises

On sent une volonté forte de la part de l’auteur de reconstituer l’Islande du Xème siècle avec ses règles et ses traditions. L’ouvrage est plein de termes techniques, avec un glossaire à sa fin pour bien que l’on saisisse tous les enjeux. C’est le point fort et faible du livre. Si la reconstitution se veut fidèle, elle est aussi difficile à saisir. Les termes islandais sont ardus à retenir et ils remplissent les pages. Parfois, utiliser simplement le mot « duel » ou « bannissement » aurait permis au lecteur d’être moins perdu.

L’exilé

L’histoire également, faite de flashbacks, n’aide pas toujours à la lecture. Les personnages sont nombreux, le passé caché pendant longtemps et les liens peu clairs. On ne va pas se mentir : la première lecture est difficile. Ensuite, cela se révèle plus simple. Un exemple pour bien comprendre : la belle-mère de Hallstein est plus jeune que lui alors qu’il a été banni des années auparavant. Du coup, sa belle-mère et son amour d’enfance se ressemblent physiquement puisqu’elles sont de la même génération. Et son beau-frère ressemble plus à un fils qu’autre chose. Ajouté à ça des noms de personnages difficiles à mémoriser, il va falloir s’accrocher.

Malgré cela, « L’exilé » vaut le coup pour son histoire de vengeance, classique mais bien menée, mais aussi par sa description de l’Islande de l’an 1000. On apprend que le bois est là-bas une denrée précieuse. Les jeux de mariage, d’héritage sont également au centre de l’ouvrage. On sent que la trame de l’ouvrage est quelque peu didactique, cherchant à y intégrer toutes les traditions islandaises que l’auteur a travaillé.

L’ouvrage est cependant sublimé par les flashbacks d’Hallstein sur sa vie de mercenaire. Car si parfois on pourrait se demander pourquoi il revient, ses flashbacks l’expriment parfaitement sous forme de cauchemars. Ces planches sont d’ailleurs splendides, tâchées de rouge sang. C’est sur Hallstein que l’ouvrage prend sa force : exilé, tourmenté et rongé par la culpabilité.

Graphiquement, c’est réussi. Certaines planches sont simplement magnifiques. Les paysages notamment, blancs et froids comme l’Islande, en mettent plein les yeux. L’encrage est splendide, tout en masses de noir et de blanc rehaussé de bleu. Les personnages sont eux moins réussis. Parfois rigides, aux expressions un peu forcées… Si la BD possède une belle identité graphique, quelques écueils viennent se glisser dans ces 180 pages.

L’exilé

Cet « Exilé » m’a laissé un peu sur ma faim. Peut-être en attendais-je un peu trop ? Âpre en première lecture, pas si original que ça dans son histoire, cela reste un beau roman graphique, à la personnalité affirmée, sur un période de l’histoire rarement exploitée.

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