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La rue qui nous sépare de Célia Samba

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

Dès que j'ai entendu parler de ce titre, j'ai voulu le lire ! Parce que c'est un sujet qui touche et encore plus aujourd'hui avec la Covid19 qui voit nombre de jeune gens se retrouver dans des situations financières intenables. Et il n'y a pas que les plus jeunes, malheureusement.

Bref, j'étais curieuse de voir ce que donnerait ce roman qui traite d'un sujet si actuel et compliqué.

La rue qui nous sépare de Célia Samba

Noémia a dix-neuf ans, Tristan vingt et un. Ils se croisent tous les jours, ils se plaisent, c'est évident. Mais Noémia est étudiante et Tristan est sans-abri. Entre eux, il y a le froid, la société ; entre eux, il y a la rue... qui pourrait se révéler difficile à traverser.

Je ne vais pas vous faire languir, vous savez à quel point je déteste ça. J'ai aimé et j'ai été bluffée par la plume pleine de talents de cette jeune autrice. Célia Samba nous embarque dans une France actuelle et oppose deux faces de la société : celle qui a la chance d'avoir de l'argent, mais surtout un toit au-dessus de la tête et celle qui se retrouve à la rue, sans rien, sans dignité ni futur possible. Si vous saviez comme c'est facile de n'être plus rien du jour au lendemain ! Bien plus aisé qu'on en peut le croire.

Lorsque ce sont des adultes, c'est terrible, mais que dire lorsqu'un jour, la jeune Noémia, dans un élan de bonté inné, va tendre la main avec une crêpe au sucre au bout à Tristan ?

Tristan, un sans-abri de vingt et un ans.

Comment peut-on, à cet âge, se retrouver sans rien et sans espoir à un âge si jeune ? Au XXIe siècle ?

Entre les deux jeunes gens, la curiosité va vite laisser le pas à des sentiments plus profonds plus confus. Pourtant, au-delà de l'attachement que Noémia éprouve envers ce jeune sans-abri, il y a la réalité de faits insupportables, intolérables. Il y a la fracture sociale et la réalité d'une structure administrative à la dérive. Et cela ne date malheureusement pas d'hier.

Si j'ai aimé les thématiques parfaitement maitrisées (et documentées) dans ce roman comme l'impossibilité de Tristan à se sortir de ce cercle sans fin et tout ce qui en découle. Si les personnages sont hyper réalistes dans leurs émotions, certains petits points m'ont titillée.

Alors, sans doute parce qu'en tant qu'adulte, j'aurais aimé que l'autrice développe plus en profondeur certains aspects des personnages qui m'intéressaient de connaitre. (C'est un pinaillage tout à fait personnel.) Comme la difficulté de Tristan à trouver un emploi. Ou encore qu'elle en dise plus sur Mia et son passé. La jeune fille est adoptée et a vécu également une expérience douloureuse lorsqu'elle était à l'école. Tout cela est évoqué, même parfois répété et pourtant, ce n'est pas vraiment détaillé d'un point de vue psychologique et l'impact que cela a eu sur sa vie.

Dans un sens, Mia et Tristan ont des blessures profondes et ne s'en sont pas sortis de la même manière. J'aime également le parallèle que l'on peut faire entre eux. Mia a vécu les premières années de sa vie sans famille avant de trouver celle idéale. Tristan, même si sa vie familiale n'était pas au beau fixe, s'est retrouvé du jour au lendemain dans un foyer lorsqu'il était adolescent.

La vie ne lui a pas fait de cadeau et aujourd'hui il est devenu un jeune homme déglingué très instable émotionnellement.

L'histoire de Célia Samba commence comme un joli conte de Noël. Une fille qui offre un peu de réconfort à un sans-abri. Leurs regards se croisent, la fille découvre sous les habits de misère, le visage d'un beau jeune homme torturé par la faim, le froid et les aléas d'une vie détruite.

On a envie de croire à happy end. Croire que tout est possible.

J'ai aimé ce roman pour tout ce qu'il véhicule et pour la plume douce, sensible et réaliste de Célia Samba. J'ai frôlé le coup de cœur avec ce roman.

La double fin ne m'a pas plus. Peut-être parce que je suis devenue une femme cynique avec le temps, mais j'ai tenu à rester sur la première fin qui malheureusement apporte plus d'impact émotionnel à l'histoire, à mon sens.

A mon sens, la fin alternative est utopiste. Dans le pays des " si " et dans " le meilleur des mondes ". J'aurais aimé y croire, me dire que c'est envisageable. Mais comme je l'ai dit plus haut, plus le temps passe et moins j'arrive à avoir foi en l'humanité quand je vois ce qu'il se passe dans le monde.

Quoi qu'il en soit, retenez bien ce titre : La rue qui nous Sépare de Célia Samba. C'est un roman à faire lire à vos ados et aux parents aussi !

La rue qui nous sépare de Célia Samba


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