Magazine Humeur

ben... due to the pandemic (1)

Par Leptitlu
il nous raconte chaque jour les conditions de son retour de france. pour voir comment c'est ailleurs.
c'est un peu long mais c'est intéressant et traité avec humour.

Pour ce premier jour de mon journal, je vais vous parler... d'hier. J'aurais tout le temps par la suite de vous décrire mon petit chez moi et de vous parler de mes états d'âmes quand ils arriveront (inévitablement). En attendant, je veux vous parler de mon périple du retour, de ma chance incroyable, des conditions sanitaires des deux côtés et des petits gestes qui vous changent un voyage.

Avant de partir de France mon niveau d'angoisse était maximal. Je ne me souviens pas d'avoir autant stressé à part dans les jours suivant mon premier diagnostic de tumeur probable il y 5 ans. Deux raisons essentielles : d'une part, un test PCR à effectuer moins de 72 heures avant le départ, sauf que le labo à Compiègne me recommande de le faire en fait 76 heures avant (c'est à dire au plus tard des RDV de tests qu'ils proposent trois jours avant le départ) sinon je risquais de ne pas avoir les résultats. À ajouter à cela au moment de récupérer les résultats un refus de leur part de signer et tamponner l'attestation demandée par le gouvernement de HK certifiant (en Anglais) le test négatif. Et pour couronner le tout, mon vol transitant par Amsterdam, KLM qui change les règles trois jours avant le départ et demande un test antigénique 4h avant le départ.

Finalement, c'est ce dernier point qui m'a sauvé, contre toute attente. Après avoir appelé toutes les pharmacies de Compiègne pour faire le test, je finis (le samedi matin pour le samedi soir) par confirmer un test disponible qui peut être effectué pour 14h30 (le vol était à 18h15). Et là, trait de génie, je fais signer le document Hong Kongais par la pharmacie qui elle ne voit pas de problème à signer et tamponner. Pour l'anecdote, la laborantine qui faisait les prélèvements devait après moi prélever tous les joueurs d'une équipe de foot amateur. Elle était passablement remontée, arguant (assez justement) que le personnel médical avait mieux à faire. Je lui souhaite bon courage, et elle me répond : "de toute façon, j'ai démissionné, j'en ai plus que pour deux jours". On est pas sortis de l'auberge.

Bref, à Roissy au check-in, on me demande mes tests, ça passe, je suis (un peu) rassuré. A l'embarquement on me les demande à nouveau et là le gars tique un peu. C'est les 72h. Il pose la question à sa collègue, qui lui dis en substance : "72h c'est trois jours, tu vas pas le faire chier pour quelques heures..." Ouf, ça passe. A priori plusieurs passagers ont été refoulés, donc je me sens très très chanceux. Le vol est bondé, sans doute à cause de l'annonce de fermeture des frontières pour le lendemain.

A Amsterdam, je prends mon temps pour changer de terminal vu que j'ai trois heures à tuer. Le terminal où est le vol de Hong Kong est un terminal "prise de température". Je me demande, avec l'habitude de Hong Kong (où on ne rentre pas dans un espace clos sans qu'on nous prenne la température), "pourquoi pas tous les terminaux et tous les vols ?" A la gate on vérifie mes papiers, et là je comprends que le test PCR est trop vieux, et de toute façon pas traduit en Anglais vu que le Labo à Compiègne à refusé de me signer le formulaire. Mais heureusement le test de la Pharmacie est dans les temps et traduit. Ça passe crème. Est-ce un PCR ? Je n'en sais rien, je ne veux pas le savoir, ça passe, c'est tout ce qui compte.

On est quatre dans le vol Amsterdam-Hong Kong. Il y a 9 membres d'équipage, dans un avion de 200 places probablement. C'est irréel. La seule fois où j'ai vu quelque chose de comparable c'est lors de mon retour Pékin-Londres le 31 décembre 1995 où British Airways avait annulé mon retour direct pour me rerouter sur Hong Kong (la seule fois où j'ai atterri à Kai Tak). On était 8 sur le Hong Kong-Londres. Mais contrairement à ce vol là, le personnel de KLM a plus de sens commercial et organisationnel. Ils ont un passager en Business et trois en Éco, donc ils réunissent tout le monde en Business pour n'ouvrir qu'une seule cuisine. Voilà du coup un vol bien agréable qui fait retomber la pression.

Arrivé à Hong Kong, c'est un véritable parcours du combattant qui fait face aux passagers. A la manière typiquement procédurière d'ici, on franchit une dizaine de guérites toutes dédiées à une micro-tâche : vous faire remplir un formulaire, vérifier votre numéro de téléphone, vous faire télécharger l'application de suivi de quarantaine, vous installer le bracelet électronique,

ben... due to the pandemic (1)
vérifier votre test PCR, et refaire un test PCR. On attend sur place les résultats de ce dernier, assis à une table dans un hall d'aéroport grand ouvert, les tables étant espacées de 2m les unes des autres. Tout le personnel porte à minima masque et visière, quand ce n'est pas carrément une combinaison complète.

On nous avait prévenu qu'il fallait attendre 5 heures, mais finalement on a les résultats au bout de 2. C'est mon troisième test négatif en quatre jours. Ensuite, on va à l'immigration, on récupère nos valises, et on fait la queue pour le bus affrété pour notre hôtel de quarantaine. Je suis au Metropark Kowloon. Non pas que ça ait la moindre importance en pratique, vu que je ne sortirais pas de ma chambre pendant les 21 jours à venir. Si je sors, je pars en camp de quarantaine direct, et je suis passible de 10000 EUR d'amende et de 6 mois de prison. Fin annoncée de la quarantaine le 20/02 à minuit.

Arrivé à l'hôtel, on me demande ce que je veux dîner (c'est plutôt bienvenu, parce que je mange peu dans les avions et là je commençais vraiment à avoir faim) et je monte dans la chambre qui sera mon chez moi exclusif pendant trois semaines. A vue de nez ça fait 9 mètres carrés, un grand lit, un bureau malpratique et une TV. Il va falloir faire avec. Je vous montrerais ça demain.

Vu de France, tout cela peut sembler excessif. Mais à titre de comparaison, Hong Kong a environ 50 cas par jour en moyenne depuis début décembre (ce qui est considéré comme la "4ème vague" ici) pour une population de 7,5 millions d'habitants. Un peu comme si la France avait 400 cas par jour au lieu de 20000, quoi..."


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