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Brice Lalonde et le décollage de l’écologisme électoral

Publié le 10 février 2021 par Sylvainrakotoarison

" Je fais partie de la génération qui pense que rien n'est impossible si on sait faire chanter l'avenir et construire un mouvement collectif pour le réaliser. " (Brice Lalonde, 4 novembre 2015).
Brice Lalonde et le décollage de l’écologisme électoral
L'ancien ministre écologiste Brice Lalonde fête son 75 e anniversaire ce mercredi 10 février 2021. Il pourra avoir comme cadeau d'anniversaire une première dose de vaccin à ARN messager, enfin, s'il a bien pris rendez-vous assez tôt. 75 ans, c'est toujours beaucoup trop quand on a bâti sa notoriété sur la jeunesse. Personne n'y peut rien de son âge, évidemment, mais Brice Lalonde a été connu comme le "jeune militant" écologiste qui donnait une couche de modernité à un combat qui était initialement amorcé par d'illustres et honorables "vieillards", comme René Dumont, Jacques-Yves Cousteau, Théodore Monod ou encore Serge Moscovici (le père de Pierre), pour ne citer que les plus connus.
Il est vrai que depuis la fin des années 1990, Brice Lalonde a quitté les radars de l'actualité immédiate, et pourtant, il a encore beaucoup travaillé sur l'écologie pendant les années 2010, avec deux fonctions officielles, accordées par le Président Nicolas Sarkozy, sur proposition d'un vieil ami devenu Ministre d'État, Jean-Louis Borloo : ambassadeur des négociations internationales sur le climat du 26 septembre 2007 au 31 décembre 2010 puis Sous-Secrétaire d'État de l'ONU et Coordonnateur exécutif de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable du 1 er janvier 2011 au 31 décembre 2012 (nommé le 2 décembre 2010 par Ban Ki-Moon, le Secrétaire Général de l'ONU).
Au cours d'un petit-déjeuner avec les journalistes écrivains pour la nature et l'écologie (JNE) le 10 octobre 2011, Brice Lalonde a évoqué sa mission : " Lors du Sommet de Rio, on avait défini des principes. Il faut maintenant aller vers des propositions concrètes, applicables dès 2013. (...) Dans les négociations des Nations Unies, on voit encore trop de pays qui se disent : "Qu'est-ce que je peux tirer pour moi de cette négociation ?", sous-entendant "La planète peut attendre". ".
Il a été aussi conseiller spécial pour le développement durable le 15 février 2013, président du Business & Climate Summit (sommet des entreprises pour le climat) en mai 2015, ce qui est une belle initiative car aucun bon geste écologique ne peut se faire contre l'économie, il faut donc trouver les moyens pour que les intérêts économiques et les intérêts écologiques convergent (idée que les écolo-gauchistes sont incapables de comprendre, évidemment). Il est également le président de l'Académie de l'Eau le 25 octobre 2016 et le président de l'association Équilibre des Énergies le 19 décembre 2017.
Le 21 juillet 2015, il répondait au Groupe Renault : " Lutter contre le réchauffement climatique nécessite de transformer notre mode de production et de transformation. Comment voulez-vous le faire sans les entreprises ? Impossible ! Elles savent que le changement climatique est là et qu'elles ne peuvent y échapper en raison des coûts engendrés par ses conséquences, comme des risques réglementaires encourus. En bonnes citoyennes, elles se rendent bien compte qu'elles ne peuvent se développer que dans une société qui se porte bien. ".
Brice Lalonde a longtemps été le représentant d'une des branches des mouvements écologistes. L'écologisme est à la gauche un peu ce qu'est le centrisme à la droite, parfois un supplétif, souvent un allié même lorsqu'il cherche à garder son indépendance. Il y a la branche totalement indépendante des autres mouvements politiques, qui est souvent vouée à disparaître car incapable d'exister sans être majoritaire. Et parmi ceux que j'appellerais les non-ultra-indépendants, il y a les écologistes tendance gauchiste, ceux qui ont simplement changé de train dans leur idéologie anticapitaliste, l'écologie étant plus à la mode que le socialisme ou le communisme (voir tout à la fin de cet article). Et puis il y a les écologistes modérés ou réalistes, du centre gauche, positionnés comme l'ancien parti radical de gauche et qui a donné de nombreux ministres, encore aujourd'hui : Brice Lalonde, Dominique Voynet, Yves Cochet, Cécile Duflot, Emmanuelle Cosse, Jean-Vincent Placé, Barbara Pompili, Nicolas Hulot, François de Rugy...
Cette division des écologistes n'est pas sans conséquence : les uns sont ouvertement antieuropéens tandis que les autres sont proeuropéens, ce qui leur empêche une cohérence politique de plus en plus visible au fur et à mesure que la construction européenne s'est consolidée. Ce sera probablement l'un des enjeux de l'élection présidentielle de 2022. Ceux qui sont élus sont en général plutôt du courant proeuropéen.
Brice Lalonde et le décollage de l’écologisme électoral
À l'origine, Brice Lalonde était un jeune militant écologiste des Amis de la Terre dès 1969 (voir tout à la fin pourquoi) après avoir fait du militantisme étudiant à 18 ans. Il dirigea la campagne présidentielle du premier candidat écologiste à la Présidence de la République, René Dumont, qui a recueilli le 5 mai 1974 seulement 1,3% (337 800 voix), soit en sixième position très loin derrière Jean Royer et Arlette Laguiller parmi les "petits candidats" (et devant Jean-Marie Le Pen, Alain Krivine et Bertrand Renouvin).
C'était un score décevant, car au milieu des années du tout-automobile avec des constructions très nombreuses et rapides, du bétonnage intensif qui pouvaient légitimement faire réagir par des préoccupations écologiques naissantes. Ce fut d'ailleurs sous le mandat de Georges Pompidou que fut créé le Ministère de l'Environnement. En effet, Robert Poujade (maire de Dijon) fut nommé le 7 janvier 1971 Ministre délégué chargé de la Protection de la nature et de l'Environnement dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas.
Brice Lalonde a été alors de tous les combats électoraux. Dans une élection législative partielle à Paris en novembre 1976 (Jean Tiberi nommé au gouvernement), il a obtenu 6,6% dans un arrondissement très chic. Il représentait l'année suivante les listes Paris Écologie aux élections municipales de mars 1977. Il fut candidat aux élections municipales de Paris en mars 1983.
Ce qui a fait connaître Brice Lalonde au niveau national à l'âge de 35 ans, ce fut sa candidature à l'élection présidentielle de 1981. Il avait battu Philippe Lebreton, alors président du Mouvement d'écologie politique, lors de primaires écologistes le 15 juin 1980 (probablement les premières en France). Sa campagne fut très dynamique avec une très bonne communication. Brice Lalonde a fait intervenir le commandant Cousteau qui a renoncé lui-même à se présenter le 19 février 1981.
Aidé par l'UDF pour recueillir les 500 parrainages de maires nécessaires à sa candidature (les partisans de Valéry Giscard d'Estaing considéraient qu'une candidature écologiste mordrait sur l'électorat de François Mitterrand), Brice Lalonde a gagné un capital de sympathie auprès des Français, genre jeune militant aimant la nature, col ouvert avec une écharpe au vent, un poil dans les nuages. On est passé du romantisme socialiste au romantisme écologiste.
Dans son émission de campagne diffusée à la télévision le 14 avril 1981, Brice Lalonde a tout de suite énoncé les cinq thèmes de sa campagne, et le premier avait de quoi surprendre par sa simplicité, son importance et son originalité : protéger la vie ! Un enjeu qu'on retrouve aujourd'hui de manière encore plus brutale avec la pandémie de covid-19. Les quatre autres thèmes étaient : briser la solitude, domestiquer l'économie, développer la solidarité mondiale et créer une véritable démocratie au quotidien.
Parmi les sujets abordés, la catastrophe pétrolière de l'Amoco Cadiz, l'énergie nucléaire, etc. La campagne a été bien perçue puisque le 26 avril 1981, Brice Lalonde a recueilli 3,9%, soit plus d'un million de voix, ce qui fut un grand succès. Brice Lalonde fut le "cinquième homme", celui qui est arrivé juste après la "bande des quatre", Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et Georges Marchais, très en avance sur les autres "petits candidats", en particulier Arlette Laguiller, Michel Crépeau, Michel Debré, Marie-France Garaud et Huguette Bouchardeau. Brice Lalonde pouvait s'enorgueillir d'avoir obtenu plus du double des voix obtenues d'un ancien Premier Ministre de De Gaulle !
Le 12 mai 2011, pour le blog "De Jour en Jour", Brice Lalonde expliquait : " J'ai vécu [la campagne de 1981] à la fois comme un irruption de l'écologie sur la scène politique nationale et une initiation au fonctionnement de cette scène politique, à ses rites, aux médias, aux grands partis. Nous formions une équipe enthousiaste et déterminée. (...) Mes rapports avec François Mitterrand étaient excellents. Le local des Amis de la Terre était voisin de sa maison. Mais les écologistes avaient choisi de ne se désister pour personne. ".
En fait, ce score honorable avait déjà été atteint aux premières élections européennes du 10 juin 1979. La liste écologiste menée par Solange Fernex était arrivée en cinquième position avec 4,4% (soit 888 134 voix), à quelques dizaines de milliers de voix pour avoir des élus (seuil de 5%). Après le bon score de Brice Lalonde en 1981, les élections européennes du 17 juin 1984 étaient prometteuses, en raison du scrutin proportionnel, le meilleur moyen de tester l'audience réelle du courant écologiste dans le pays. En 1984, les écologistes se sont organisés en créant un véritable mouvement politique appelé benoîtement "Les Verts" (en 2010, ils ont rajouté "Europe Écologie"). Didier Anger fut désigné pour être la tête de liste, ce qui ne convenait pas vraiment à Brice Lalonde.
Alors, il y a eu cette drôle d'opération ERE, "Entente Radicale Écologiste" réunissant trois personnalités qu'on aurait pu croire différentes : Olivier Stirn ancien ministre gaulliste, puis radical, qui a créé un microparti, l'Union centriste et radicale (UCR), François Doubin, futur président du MRG (Mouvement des radicaux de gauche) à partir de 1985, et Brice Lalonde, pour le côté "écologiste" de la liste. Cette liste avait une bonne communication d'hommes libres, décontractés (sur l'affiche électorale, on voyait ces trois têtes de listes marchant les mains dans les poches, ce qui était à la limite de la politesse pour les électeurs). Le nom de la liste était sans ambiguïté pour des élections européennes. Alors que la liste des Verts était plutôt eurosceptique, celle d'ERE était résolument proeuropéenne : "Entente radicale écologiste pour les États-Unis d'Europe".
Comment ne pas imaginer une opération politique directement venue de l'Élysée, c'est-à-dire de François Mitterrand ? L'objectif était d'empêcher un fort score de la liste écologiste officielle (de Didier Anger) et de réduire au maximum le score de la liste menée par Simone Veil, ancienne Présidente du Parlement Européen, unissant à la fois l'UDF et le RPR, ce qui était historique. En proposant une liste proeuropéenne de centre gauche (la présence du MRG était très lisible), François Mitterrand essayait aussi de miner l'opposition UDF-RPR et tenter de faire éloigner les centristes proeuropéens de cette coalition hétéroclite sur le plan européen.
L'un des indices de confirmation que cette opération ERE était téléguidée en haut lieu, c'était qu'après la réélection de François Mitterrand, les trois têtes ont été récompensées par un ministère, certes, un poste subalterne. François Doubin fut nommé Ministre délégué au Commerce et à l'Artisanat du 12 mai 1988 au 4 avril 1992. Olivier Stirn aussi fut nommé Ministre délégué aux DOM-TOM du 10 mai 1988 au 28 juin 1988, puis Ministre délégué au Tourisme du 28 juin 1988 au 05 juillet 1990 (il fut contraint de démissionner après le scandale d'avoir payé des faux militants à l'un de ses meetings). Quant à Brice Lalonde, j'y reviens ci-dessous.
Les résultats des élections européennes du 17 juin 1984 n'ont pas été à la hauteur des espoirs. La liste ERE de Stirn, Doubin, Lalonde n'a obtenu que 3,3%, dépassée de justesse par la liste écologiste officielle des Verts de Didier Anger, avec 3,4%. La liste UDF-RPR menée par Simone Veil, en pleine crise de l'enseignement libre, a fait un carton avec 43,0% (obtenant 41 sièges sur les 81 attribués à la France). Mais la surprise du jour, ce fut la liste FN de Jean-Marie Le Pen qui, avec 10,9%, a fait presque jeu égal avec les communistes (11,2%). Les européennes de 1984 ne furent donc pas l'année des écologistes (comme on a pu le voir dans d'autres pays européens) mais l'année de l'extrême droite.
Brice Lalonde et le décollage de l’écologisme électoral
À partir de 1986, Antoine Waechter fut à la tête du parti Les Verts et désigné le candidat des écologiste à l'élection présidentielle du 24 avril 1988. Antoine Waechter a réalisé sensiblement la même audience que Brice Laloinde en 1981 : 3,8%, soit un peu plus d'un million de voix.
La réélection de François Mitterrand a changé la donne chez les écologistes. En effet, les écologistes canal historique (Les Verts) dirigés par Antoine Waechter étaient sur une ligne totalement "indépendantiste", c'est-à-dire ni droite ni gauche, qui fut d'ailleurs assez rapidement bannie par la suite (en 1994, Antoine Waechter a créé le Mouvement écologiste indépendant sans aucune audience électorale, tandis que Les Verts sont devenus une formation de gauche, divisée entre centre gauche et extrême gauche). Parallèlement, la personnalité qui avait la plus grande visibilité des écologistes, sans doute par un réel charisme, c'était Brice Lalonde, qui avait quitté leurs rangs depuis plusieurs années. Sa nomination dans les gouvernements de Michel Rocard et d'Édith Cresson fut évidemment un moyen, pour François Mitterrand, de limiter l'impact d'une éventuelle vague électorale écologiste ultérieure.
Brice Lalonde fut en effet Ministre de l'Environnement du 10 mai 1988 au 4 avril 1992, avec des titres différents : au début, il était Secrétaire d'État, comme son prédécesseur direct, Alain Carignon, puis le 2 octobre 1990 Ministre délégué, et enfin, à partir du 16 mai 1991, Ministre plein, comme le fut aussi sa successeure directe, Ségolène Royal. Dans son bilan, on peut citer la création de l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), l'obligation d'équiper les automobiles d'un pot catalytique, et sur le plan international, la protection des baleines et l'interdiction du commerce de l'ivoire.
Aux élections européennes du 18 juin 1989, avec une liste RPR-PR menée par Valéry Giscard d'Estaing avec 28,9% et une liste centriste menée par Simone Veil, son ancienne ministre, avec seulement 8,4%, régnait une certaine confusion. Les écologistes ont tiré leur épingle du jeu. La liste "Les Verts Europe Écologie" menée par Antoine Waechter a en effet obtenu 10,6%, frôlant 2 millions de voix, et a gagné son ticket d'entrée au Parlement de Strasbourg avec 9 sièges.
Indépendamment d'une extrême droite qui restait stable mais sur un "plateau" élevé, le paysage politique pointait la naissance d'une nouvelle force politique, les écologistes, soutenus par un Français sur dix. Or, leur électorat était surtout de gauche, ce qui pouvait inquiéter le pouvoir en place. Ce fut ainsi l'objet d'une nouvelle opération politicienne encouragée par l'Élysée : la création de Génération Écologie en mai 1990. Mouvement écologiste concurrençant Les Verts, Génération Écologie était (et reste) un mouvement de centre gauche proeuropéen et écologiste. Parmi les fondateurs, Brice Lalonde, à l'époque ministre, mais aussi l'avocat de Bernard Tapie, un certain Jean-Louis Borloo, qui a ensuite rejoint l'UDF, et aussi Corinne Lepage, Harlem Désir et Noël Mamère.
Brice Lalonde a dirigé Génération Écologie de 1990 à 2002. Initialement, ce parti avait l'objectif de prendre une part de l'audience électorale des écologistes aux élections régionales du 22 mars 1992. L'opération a été une belle réussite puisque Génération Écologie a obtenu plus de sièges que Les Verts, respectivement 107 et 105 conseillers régionaux, même si Les Verts ont eu très légèrement plus de voix, 7,4%, contre 7,3% pour GE.
La région marquante de 1992 fut le Nord-Pas-de-Calais, généralement gagnée par la gauche. Or, à cause des 15 sièges (sur 113 que comptait le conseil régional) conquis par le FN, aucune majorité ne se dégageait. À droite et au centre, Jacques Legendre ne pouvait compter que sur 42 sièges, la gauche (PS et PCF) de Michel Delebarre également sur 42. Les Verts menés par Marie-Christine Blandin avaient 8 sièges et Génération Écologie menée par Jean-Louis Borloo 6 sièges. Au bout de quelques tours sans majorité, Jacques Legendre a eu l'idée de renoncer à la présidence du conseil régional en soutenant la candidature de Jean-Louis Borloo, pour obtenir la majorité relative. Michel Delebarre a été plus malin et a également renoncé en soutenant Marie-Christine Blandin qui fut donc élue le 31 mars 1992 première femme (et seule écologiste) présidente de conseil régional.
Les deux mouvements pesaient donc 14,7%, soit 3,6 millions de voix. Aux élections législatives de mars 1993, les deux mouvements, qui avaient conclu des alliances, ont fait ensemble 11% des voix mais n'ont eu aucun siège.
En 1994, la plupart des membres "de gauche" ont quitté Génération Écologie pour rejoindre Les Verts (à l'instar de Noël Mamère) ou carrément le PS (Harlem Désir). L'une des raisons de ces défections était sans aucun doute la grande perte d'audience électorale de ce parti et aussi la perte d'influence de François Mitterrand.
Aux élections européennes du 12 juin 1994, la liste Génération Écologie menée par Brice Lalonde n'a obtenu que 2,0% (même pas 400 000 voix), et la liste écologiste officielle menée par Marie-Anne Isler-Béguin ("Union des écologistes pour l'Europe") n'a pas eu non plus d'élus avec 2,9% (loin de 600 000 voix). Pourquoi un tel échec après le vent en poupe en 1989 et 1992 ? Sans aucun doute à cause d'une liste OVNI qui a phagocyté tout ce que le centre gauche avait dans l'électorat, la liste Énergie radicale menée par Bernard Tapie et encouragée par François Mitterrand pour mettre en difficulté Michel Rocard, premier secrétaire du PS et tête de la liste socialiste qui s'est effondrée à seulement 14,5% (Tapie a obtenu 12,3%). L'opération élyséenne a donc réussi tant à éliminer la perspective d'une candidature présidentielle de Michel Rocard pour 1995 qu'à dégonfler (momentanément) la "baudruche" écologiste.
L'abandon de Jacques Delors dans la course présidentielle a conduit Génération Économie à se rapprocher du leader de Démocratie libérale Alain Madelin, député-maire de Redon à partir de 1995, et à soutenir la candidature de Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1995. Après les élections législatives de juin 2002 qui furent un échec personnel (il n'a obtenu que 0,9% dans la 2 e circonscription d'Ille-et-Vilaine !), Brice Lalonde a cédé la présidence de GE à France Gamerre, une ancienne giscardienne qui a travaillé à la création de l'UDF en 1978. Bien plus tard, à partir du 10 septembre 2018, Génération Écologie est présidée par l'ancienne socialiste Delphine Batho, également ancienne Ministre de l'Écologie.
Revenons à Brice Lalonde qui n'a pas pu recueillir suffisamment de parrainages pour se présenter aux élections présidentielles de 1995 et de 2002. Il fut en revanche élu maire de Saint-Briac-sur-Mer, en Ille-et-Vilaine, de juin 1995 à mars 2008. À Saint-Briac-sur-Mer, une partie de sa famille américaine possède encore un manoir. Coïncidence anecdotique, l'ancien candidat démocrate à la Présidence des États-Unis John Kerry est son cousin germain (sa mère est issue d'une famille très aisée des États-Unis). Autre anecdote, l'épouse de Brice Lalonde, Patricia Lalonde est devenue députée européenne UDI de mai 2017 à mai 2019, pour remplacer Marielle de Sarnez élue députée de Paris.
Brice Lalonde fut aussi élu conseiller régional de Bretagne de mars 1992 à mars 2004, réélu en mars 1998 sur une liste commune UDF-DL-RPR-GE. La proximité avec Alain Madelin n'est pas seulement locale (l'ancien ministre a été élu maire de Redon) mais aussi politique. Ainsi, Alain Madelin et Brice Lalonde furent parmi les responsables politiques français à être allés soutenir plusieurs fois le commandant Massoud en Afghanistan. Après juin 2002, Brice Lalonde a quitté la vie politique et s'est transmuté en diplomate de la cause écologique.
Brice Lalonde et le décollage de l’écologisme électoral
Dans l'un de ses ouvrages, coécrit avec Alain Hervé (le fondateur de la section française des Amis de la Terre), "Le ciel nous tombe sur la tête, 101 réponses sur le climat" sorti le 4 novembre 2015 (éd. Arthaud), il déplorait ceux qui nient l'origine humaine du réchauffement climatique : " Il y aura toujours des obstinés de la négation qui seront à l'affût du moindre détail pouvant leur fournir un argument. Par exemple, que le réchauffement se serait poursuivi moins vite depuis une dizaine d'années, mais on sait aujourd'hui que ce n'est pas le cas. ".
Brice Lalonde y tentait aussi de convaincre les socialistes qu'il fallait passer à l'écologisme : " La réponse de Jean Daniel est typique des "croyants" de gauche du siècle dernier. Le sens de l'histoire mène au socialisme. Le reste est accessoire ou diversion. Attendez, vous les écologistes, vous les femmes, vous les peuples lointains, tout sera réglé par l'instauration du socialisme ! C'était réglé comme du papier à musique ! Mais, en 1969, le doute a saisi Prométhée. La confiance béate dans le progrès a fléchi devant l'image de la Terre vue de la Lune. Si petite, si fragile... Le temps de l'écologie commençait. L'écologie, une morale plus qu'une doctrine politique. ". Il faut ajouter : le temps de l'écologie commençait... pour Brice Lalonde lui-même, puisque c'était cette mission Apollo qui lui a donné la conscience écologique. Mais on avait déjà l'image réelle de la Terre vue de l'Espace bien avant d'être allé sur la Lune...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (07 février 2021)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Brice Lalonde.
Jacques-Yves Cousteau.
Jean-Louis Borloo.
Delphine Batho.
Barbara Pompili.
Greta Thunberg.
Al Gore.
François de Rugy.
Daniel Cohn-Bendit.
Nicolas Hulot.
Yannick Jadot.
La primaire EELV d'octobre 2016.
La primaire EELV de juin 2011.
Le retour des écolos au gouvernement.
Les écologistes et le TSCG.
Les écolo-pastèques.
Le cannabis chez les écologistes.
Cécile Duflot.
Jean-Vincent Placé.
Véronique Massonneau.
Eva Joly.
Corinne Lepage.
Stéphane Hessel.
Brice Lalonde et le décollage de l’écologisme électoral
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210210-brice-lalonde.html
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/brice-lalonde-et-le-decollage-de-l-230840
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/02/02/38793754.html


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