Magazine Histoire

Documentaires sur les royaumes chrétiens de Nubie

Par Monarchomaque

Documentaire sur les sociétés chrétiennes nubiennes d’Afrique de l’Est médiévale produit par Kings & Generals :

Documentaire sur la chute d’Alexandrie en Égypte, la conquête musulmane de l’Afrique du Nord et le coup d’arrêt providentiel porté à l’expansion du califat djihadiste sur l’axe du Nil par les excellents archers nubiens en l’an de grâce 642 (segment de 11:33 à 14:52) :

Résumé en français emprunté à l’Encyclopédie Universalis :

Après la destruction par les Axoumites du Royaume de Méroé, qui contrôla jusqu’au IIIème siècle le haut Nil de la première à la sixième cataracte [voir cartes ci-dessous ↓], trois royaumes émergent : du nord au sud, Nobatia (dont le nom vient des Nobates, tribus païennes de pasteurs installés dans le sud de l’Égypte), Maqurra et Alodia (ou Aloa) dont les capitales respectives sont Faras, Dongola et Soba. Ces royaumes combinent, comme Méroé, les traditions égyptiennes et nubiennes avec des influences coptes venues d’Alexandrie. La diffusion du christianisme y est importante à partir du VIème siècle, mais dès le VIIème siècle, ils sont confrontés à l’islamisation de l’Égypte. Ils négocient alors le maintien de leur indépendance en échange d’un tribut annuel. Au VIIIème siècle, les deux royaumes du nord s’unifient et les deux États, Dongola et Soba, connaissent une réelle prospérité jusqu’au début du XIIIème siècle. Leurs relations avec les sultans fatimides sont excellentes au XIIème siècle [notamment grâce à l’influence du haut-fonctionnariat chrétien arménien sur cette dynastie (fatimide) chiite atypique]. Les souverains s’appuient sur une Église copte florissante, qui a laissé nombre de basiliques et de monastères (par exemple à Faras). Un commerce actif se développe avec l’Égypte, mais aussi avec le Soudan central et la côte de la mer Rouge : les exportations d’or, d’ivoire et de peaux venant de Nubie sont réputées. Il anime un réseau de villes prospères qui sont des centres à la fois politico-religieux et économiques. Au XIVème siècle, l’Égypte réussit à assujettir la région qui, dès lors, s’arabise et s’islamise. Le royaume de Dongola disparaît complètement vers 1350 et celui de Soba au début du XVIème siècle.

Cartographie nubienne 101

Documentaires sur les royaumes chrétiens de Nubie

Carte des royaumes chrétiens de Nubie jalonnant le Nil {Afriques}

Documentaires sur les royaumes chrétiens de Nubie

{Belin Éditeur}

Documentaires sur les royaumes chrétiens de Nubie

Carte des États nubiens de Makurie et d’Alodie en Afrique orientale (les juridictions chrétiennes sont en brun, islamiques en vert et animistes en gris) {Kings & Generals}

La Nubie et le Nouveau Testament

La Faculté de théologie de l’Université catholique de Lille offre un cours intitulé Quand le Soudan était chrétien ; son synopsis signale une anecdote intéressante sur la relation entre la Bible chrétienne et la civilisation nubienne (l’Université de Lyon offre un séminaire similaire, Chrétiens et musulmans dans la vallée du Nil au Moyen Âge) :

Dans les Actes 8:27-39, le diacre Philippe baptise l’eunuque de la reine Candace « d’Éthiopie ». Mais qui était cette reine ? Et quel était son royaume ? En fait, « Candace » était le titre des reines de Méroé, c’est-à-dire de la Nubie, correspondant à l’actuel Soudan septentrional. Après l’effondrement du royaume méroïtique, au IVème siècle, trois principautés (la Nobadie, la Makourie et l’Alodie) lui succédèrent et furent christianisées au VIème siècle à partir de l’Égypte. S’y développa un christianisme original, en lien avec l’Église copte. Au VIIème siècle, la Nubie résista à la conquête musulmane et le christianisme s’y maintint jusqu’au début du XIVème siècle. Le cours retracera l’histoire de cette Nubie chrétienne si méconnue dans tous ses aspects (rapport avec la royauté, architecture sacrée, littérature, etc.). Il rappellera aussi brièvement ce que fut l’histoire de la région postérieure à l’islamisation au XIVème siècle, jusqu’au Soudan actuel.

Et cette relation n’est pas qu’anecdotique, mais aussi linguistique et, bien sûr, spirituelle. Les historiens François-Xavier Fauvelle-Aymar et Bertrand Hirsch soulignent que « les paysans chrétiens du royaume de Makuria parlaient nubien à la maison et grec à l’église » (L’Histoire, N° 367, septembre 2011, p. 46) :

L’Afrique du Nord-Est présente une configuration différente [de celle de l’Afrique de l’Ouest] due au maintien dans la région de formations politiques héritées de l’Antiquité. Dans la vallée du Nil, le royaume chrétien de Makuria domine politiquement le mince couloir fertile qui s’étire de la première cataracte du Nil (aux environs d’Assouan) à la cinquième. Si nombre de sites sont aujourd’hui engloutis sous les eaux du lac Nasser, comme Faras, siège d’un évêché qui a livré aux archéologues une cathédrale (VIIème-XIVème siècle) aux peintures murales exceptionnelles, l’état de la recherche permet d’apercevoir ce royaume sous l’apparence d’un chapelet dense de localités peuplées de paysans chrétiens groupés autour de leur église, parlant nubien à la maison et grec à l’église. Dans les provinces de ce royaume longiligne, l’administration est aux mains de gouverneurs répondant au souverain, dans sa capitale Dongola.

Plus au sud, s’étend un autre royaume chrétien, celui d’Alwa, occupant une vaste portion de territoire autour de l’actuel Khartoum. Sur les hauts plateaux éthiopiens, le vieux royaume chrétien héritier d’Aksoum, tournant le dos à la mer Rouge, a entamé aux alentours du VIIIème siècle un « glissement » vers le sud. C’est une période méconnue où l’on devine l’action de communautés monastiques évangélisatrices et des populations groupées autour d’églises souvent rupestres.

Ressources supplémentaires sur ce thème

Histoire de la Nubie chrétienne [Clio]

Chronologie : De l’antique Nubie au Soudan musulman [Clio]

La Nubie, des royaumes chrétiens à la domination islamique [Academia]

Éthiopie, Nubie, Égypte – Pouvoirs chrétiens et musulmans (XIe-XVe siècle) [Médiévales]

L’intervention égyptienne du roi Cyriaque de Nubie dans l’historiographie copte-arabe et éthiopienne [Hypothèses]

La frontière entre le bilād al-islām et le bilād al-Nūba : Enjeux et ambiguïtés d’une frontière immobile (VIIe-XIIe siècle) [Afriques]


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