L’après

Tout est allé très vite. Tout s'est bien passé. La dernière image de lui sera celle d'un homme serein. Son visage apaisé rend son départ plus tolérable. J'ai fait mon deuil en me plongeant dans des livres un peu mystiques de vie après la mort, de réincarnation. Dans la bibliothèque de mon père, j'ai trouvé des ouvrages sur ce sujet, pleins. Je ne sais pas s'il y croyait ou si c'était par simple curiosité. Ce qui m'a fait chier de prime à bord, c'est qu'on ne s'est pas proprement dit au revoir. Moi oui. D'innombrables fois les peu de jours qui ont précédé son départ. Mais lui était resté silencieux et je trouvais la pilule dure à avaler. J'ai lu Le Test de Stéphane Allix. J'ai fait comme le journaliste. J'ai glissé un mot et un objet dans le cercueil de mon père dans l'espoir qu'un jour on en reparlera ensemble. Toutes ces croyances m'aidaient à passer le cap. Ces dernières semaines, je me suis sentie incroyablement zen, avec des pics de tristesse épars. Chaque fois qu'un rayon de soleil perce entre deux nuages, j'ai l'impression qu'il marche à côté de moi. Il devait pleuvoir le jour de ses obsèques mais j'étais sûre qu'il viendrait contrecarrer ça. Ce fut le cas. Chaque éclaircie me ramène à lui. Il y a peu, j'ai consulté une voyante. J'avais besoin de savoir qu'il allait bien. J'ai eu les réponses que je souhaitais. Elle m'a dit de lui demandé un signe. Quelques jours plus tard je l'obtenais. Bien évidemment, chacun vit le deuil à sa façon. Lors de cette épreuve je me suis sentie extrêmement bien entourée, soutenue, aimée. Les gens avaient peur du second effet kiss cool. J'étais triste mais j'allais bien. Je continue de répèter à ceux qui s'inquiètent que je vais bien. Je vais bien et certains jours je pleure mon père. Ma belle-mère dit que je suis une guerrière. Ça n'a rien à voir. J'ai grandi dans une famille où l'on croit au fatalisme. Quand c'est ton heure, c'est ton heure. Ceux qui restent doivent continuer à vivre en honorant leurs morts. Je me suis dit que j'allais reconnecter avec mes racines, me remettre au vietnamien, comprendre un peu mieux mon histoire, perpétrer l'héritage de mon paternel. Vivre et être heureuse. Le rendre fier et heureux.