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Après les messes brèves... les motets

Publié le 26 février 2021 par Philippe Delaide

Après un enregistrement particulièrement réussi de messes brèves de JS Bach, Raphaël Pichon, à la tête de son ensemble Pygmalion, a révélé, juste avant Noël de l'année dernière, une version tout aussi inspirée de motets de JS Bach (label Harmonia Mundi).

La maturation du travail gagnant, on y trouve certes moins l'éclat et l'élan presque irrésistibles qu'il avait révélés sur les messes brèves. En revanche, y est préservée cette touche vive et solaire qui reste la marque de fabrique de cet ensemble.

On dispose ici d'une version d'une excellente tenue, entre la théâtralité d'un John Eliot Gardiner et un respect absolu du texte d'un Masaaki Suzuki.

Johann-Sebastian-Bach_Motets_Ensemble-Pygmalion_Harmonia-Mundi

Par rapport à ce dernier, Raphaël Pichon, prend le partie pris d'une lecture moins "linéaire" avec une accentuation du phrasé sur certaines parties du texte. Le Jesu du célèbre motet  Jesu, meine Freude BWV 227 par exemple se trouve plus accentué, avec une forme de respiration à laquelle on ne s'attend pas forcément. De toute évidence ce n'est pas choquant, d'autant plus que les phrases s'étendent avec un tempo qui s'allonge légèrement à la fin des phrases. Tout ceci est construit sans aucun maniérisme et cet exercice subtil est assez réussi.

Même logique sur le magnifique Komm, Jesu, Komm BWV 229 où le tempo est particulièrement allongé en introduction.

Cette sorte de mouvement de balancier restera la fil rouge de cet enregistrement avec pour point d'orgue de cette approche certainement l'une plus belles pièces sacrées de JS Bach, le Singet dem Herrn ein neues BWV 225. A noter, dans cette version, une réelle jubilation vient nous rappeler l'ardeur avec laquelle avaient été abordées les messes brèves.

L'enregistrement comprend également des pièces polyphoniques de Vincenzo Bertolusi (Osculetur me osculo oris sui), Jacobus Gallus (Ecce quomodo moritur justus) et Giovanni Gabrieli (Jubilate Deo) dont la filiation avec les motets de JS Bach n'est pas d'une évidence absolue, ce d'autant plus que, pour ces pièces, l'ensemble Pygmalion se montre plus apprêté et nettement moins inspiré.

Une filiation tout de même indirecte : Giovanni Gabrieli a été le maître de Heinrich Schütz qui a indéniablement ouvert la voix à la filiation des grands compositeurs de l'école luthérienne allemande, jusqu'à... JS Bach.

A noter, l'excellente qualité de l'enregistrement : équilibre, spatialisation, précision de rendu des différents pupitres.

Motets de JS Bach - pièces sacrées de Vincenzo Bertolusi, Jacobus Gallus, Giovanni Gabrieli - Ensemble Pygmalion - Direction Raphaël Pichon - label Harmonia Mundi.


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