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Une histoire de fous sur fond de vaccination [Actu]

Publié le 12 mars 2021 par Jyj9icx6

Une histoire de fous sur fond de vaccination [Actu]

"Dessus de table", plaisantait hier Página/12,
pour se moquer des prétendus "dessous de table" invoqués par Sarlo

Il y a plusieurs semaines, le gouvernement de la province de Buenos Aires a voulu organiser une campagne de communication sur le bien-fondé de la vaccination anti-covid : il s’agissait de proposer à différentes personnalités en vue et de tout bord politique de se faire vacciner pour promouvoir l’opération et lutter contre le vaccino-scepticisme, qui en Argentine se doublait d’une polémique politique retardataire selon laquelle Spoutnik V aurait été un vaccin communiste et aurait été choisi par le gouvernement national parce que celui-ci aurait privilégié sa proximité idéologique avec Poutine au détriment de la santé des Argentins. C’est d’autant plus délirant que d’une part la Russie de Poutine n’a plus grand-chose à voir avec le communisme et que d’autre part le péronisme est une forme (exclusivement argentine) de l’anti-communisme de gauche. A droite il semblerait que tout argument soit bon du moment qu’il permet de discréditer le gouvernement, même dans les circonstances exceptionnelles que toute la planète traverse.

Une histoire de fous sur fond de vaccination [Actu]

"Sarlo a dit que la femme de Kicillof lui avait
offert une vaccination VIP"
En dessous, la très mouvement manifestation
contre les inculpés pour la mort de Maradona
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Ainsi donc, en plein été, le 22 janvier dernier, Soledad Quereilhac l’épouse de Axel Kiciloff, gouverneur péroniste de la province de Buenos Aires, enseignante en activité dans deux universités nationales, a eu l’idée de prendre contact avec Beatriz Sarlo, l’une de ses anciennes professeurs à la UBA (première université argentine) à la retraite depuis longtemps (elle a 78 ans), essayiste prolifique et très en vue, auteure d’ouvrages que Quereilhac traite devant ses étudiants (ils sont au programme) et intellectuelle peu suspecte de soutenir l’actuel gouvernement de la province. Soledad Quereilhac a donc téléphoné à l’éditeur de Sarlo en lui demandant de lui transmettre sa proposition de s’associer à l’opération, ce qu’il a fait en toute transparence et sans partialité. Et en l’occurrence, cela n’aurait pas eu lieu d’être. Bref, il s’agissait d’une campagne on ne peut plus classique et même banale, telles qu’on en a vu fleurir des centaines dans le monde entier avec des personnalités de toute catégorie, vedettes du petit et du grand écran, médecins et scientifiques de tout poil, élus à des postes en vue, voire pape et reine d’Angleterre.

Ce qui a suivi dépasse l’imagination. Dans son hostilité féroce à la majorité péroniste, alors qu’elle se proclame profondément démocrate, Sarlo a vu dans cette proposition une évidente tentative de corruption et la mise en place d’un système sournois de passe-droit pour vieux intellectuels alors que le but était de crier par-dessus les toits que Untel et Unetelle avaient été vaccinés et s’en portaient bien !

Or peu avant Noël, Elisa Carrió, femme politique soi-disant retirée des affaires mais qui n’a toujours de cesse que de nuire à la majorité, sous les prétextes les plus fantaisistes, avait porté plainte au pénal contre le gouvernement pour empoisonnement (sic).

Une histoire de fous sur fond de vaccination [Actu]

"Sauve qui paye", ironise Página/12 ce matin
contre la proposition cynique de Patricia Bullrich

Tout s’est alors mélangé jusqu’à composer une très indigeste soupe à la Trump : le supposé empoisonnement par Spoutnik V avant Noël, la vaccination VIP en février qui a coûté son portefeuille au ministre de la Santé et l’obsession permanente de la droite - qui n’a toujours pas digéré sa défaite électorale en octobre 2019 - de prouver la corruption de tous les ténors de la gauche pour les envoyer tous derrière les barreaux (1), la nécessité proclamée par monts et par vaux de poursuivre en justice tous ces « gauchistes » par définition fraudeurs, voleurs et pourquoi pas assassins tant qu’on y est (2) et ce combat cynique pour que la majorité arrête sa « chasse aux sorcières » pour épurer la magistrature fédérale (plutôt à droite).

Avant-hier, dans le cadre de l’instruction concernant les faveurs faites par l’ancien ministre de la Santé à quelques amis vaccinés en secret et hors des procédures publiques, Beatriz Sarlo a été entendue par le juge. Au cours d’une assez longue déposition sous serment, elle lui a remis les preuves du délit de corruption que lui a fait connaître sa propre expérience de proposition frauduleuse de vaccination, documents capitaux censées alourdir le dossier : ces échanges de mails on ne peut plus anodins avec son éditeur. Pièces à conviction qui se sont retrouvées dès le lendemain dans la presse et dont on se demande bien en quoi elles sont pertinentes dans un procès pour corruption ! On y chercherait en vain de quoi fouetter un chat. Or une fois ce néant monté en mayonnaise, ne voilà-t-il pas que s’est engagée une bataille picrocholine entre Beatriz Sarlo d’une part et Soledad Quereilhac et son mari, Axel Kiciloff, d’autre part, à grands coups de déclarations publiques dont les médias se font l’écho gourmand malgré l’actualité chargée d’hier tandis qu’une librairie de Buenos Aires, gérée par une libraire péroniste sérieusement sectaire, invitait ses clients par les réseaux sociaux à venir assister à un autodafé de livres de Sarlo !

Le scandale était à la une de tous les journaux nationaux hier, ce qui en a souvent relégué Astor Piazzolla dans de petits encarts, privés même d’illustration. Página/12 démontre, sans grande difficulté, le caractère futile des accusations ainsi constituées et s’en moque dans son gros titre mais la délirante invitation à l’autodafé a fourni des munitions à la presse de droite qui, du coup, défend mordicus le parti de Sarlo en dépit du bon sens.

Là-dessus, Patricia Bullrich, la très sectaire et très agressive présidente du PRO, la parti néolibéral monté autour de Mauricio Macri pour le porter à la présidence, propose de faire passer une loi fédérale pour que l’achat de vaccins soit réalisé par des acteurs privés comme si ce qui était pris en défaut dans l’actuelle pénurie de doses vaccinales était la capacité financière pour les acquérir alors que tout vient, partout dans le monde, de l’incapacité des producteurs à fabriquer en quantité suffisante pour l’humanité entière.

Conclusion : le covid rend fou !

© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com

Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12 hier
lire l’article principal de La Prensa
lire l’article principal de Clarín
lire l’article principal de La Nación
lire l’article de Página/12 aujourd’hui au sujet de la privatisation de l’achat de vaccins proposée par Bullrich.

(1) C’est étrange comme cet acharnement à lutter contre la corruption s’éteint lorsqu’il s’agit des scandales qui éclaboussent l’ancien gouvernement Macri !

(2) Ils sont allés jusque là lorsque divers hommes et femmes politiques de droite et les médias qui les soutiennent ont promu et défendu l’hypothèse selon laquelle le procureur Alberto Nismann, qui semble s’être bel et bien suicidé, avait été assassiné sur l’ordre du gouvernement de Cristina Kirchner. C’est aussi ce qu’il s’est passé dans le sillage de Donald Trump aux États-Unis lorsque les démocrates ont été accusés de pédocriminalité.

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