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Balade VTT au coeur de Saint Germain Boucles de Seine (acte 1)

Publié le 15 mars 2021 par Pascal Boutreau

Capture d’écran 2021-03-15 à 10.38.34 Capture d’écran 2021-03-15 à 10.39.43L’idée de la petite balade VTT du jour était d’aller découvrir ou plutôt redécouvrir une partie du territoire Saint Germain Boucles de Seine. Un peu plus d'une quarantaine de kilomètres avec quelques petites côtes sur le chemin pour pimenter la sortie mais avant tout le plaisir de mêler une fois encore le sport, l’histoire et le patrimoine de nos communes. Au total, 10 des 19 communes traversées. Promis, j’irai aussi voir les autres.

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La sortie débute dans le Jardin des Arts de Saint-Germain-en-Laye, devant la Villa Eugénie-Désoyer (anciennement bâtiment Henri IV), superbe demeure qui accueille l’Office de Tourisme Intercommunal Saint Germain Boucles de Seine, le café des Arts et, au premier étage, l’apothicairerie avec sa collection exceptionnelle de pots en faïence ornés provenant des deux hôpitaux royaux fondés à Saint-Germain-en-Laye. Juste avant de quitter le Jardin, au moment de franchir la grille, une façade posée sur un mur interpelle. Elle fut édifiée à Vendôme (Loir-et-Cher) et offert à la ville par son propriétaire, un antiquaire, en 1958.

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Passage devant le Château avant d’entrer dans le Domaine national de Saint-Germain-en-Laye. Devant nous, la splendide perspective de la grande terrasse dessinée par le génie André Le Nôtre avec, en fond d’écran, le rond royal (j’ai déjà beaucoup écrit sur le château, son parc et sa terrasse… les textes sont un peu partout sur ce blog). Un petit chemin nous permet de descendre vers Le Mesnil-le-Roi sous le regard bienveillant des poneys d'Epona Club, spectateurs privilégiés de ces levers de soleil magiques avec le ciel qui d'abord rougit avant de laisser apparaître le roi soleil au-dessus des tours de La Défense ou du Mont Valérien.

Puis l'on file vers Le Pecq en traversant le Parc Corbière, baptisé ainsi en raison de l’île qui lui fait face. Dans les années 30, l'endroit était fréquenté par les Parisiens venus profiter des plages aménagées sur ses berges (une piscine de 100 m de long - la plus grande d’Europe - fut construite au Pecq en 1934 sur la rive droite de la Seine et fut exploitée jusqu’en 1962).  

Il est temps de traverser la Seine et de rejoindre Le Vésinet. La trace nous fait emprunter le Pont Georges-Pompidou dont la forme actuelle date de 1963. Côté rive gauche, sont posées deux sculptures de René Letourneur symbolisant la Seine et l'Oise. Jusqu’au 1er janvier 1968, la Seine et Oise, département créé à l'issue de la révolution française en 1790, encerclait complètement un autre département : la Seine avec Paris et sa proche banlieue. La Seine et Oise disparut en 1968 et fut découpée pour créer les Yvelines mais aussi l'Essonne, les Hauts-de-Seine, le Val d'Oise, le Val de Marne et la Seine-Saint-Denis (la Seine-et-Marne existait déjà).

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Direction le Parc des Ibis, petit bijou au cœur du Vésinet. Ancienne forêt d’Yvelines datant de François Ier puis terrain de chasse de la maison impériale, la colonie du Vésinet fut créée au 19e siècle sous le second Empire et développée par Alphonse Pallu et le comte de Choulot. Ils dessinèrent le parc, créèrent des rivières, des lacs artificiels, dont le Grand lac des Ibis. Les musiciens Bizet et Fauré, les peintres Vlaminck et Utrillo, le poète Apollinaire, le philosophe Alain se sont installés dans cette ville. Quelques minutes dans la ville suffisent à les comprendre. Passage devant le Palais Rose et son style Grand Trianon. Une plaque nous apprend que cet édifice construit en 1899 pour l’armateur Arthur Schweizer fut longtemps le cadre de grandes soirées extravagantes. Tout au long du 20e siècle, Claude Debussy, Sarah Bernhardt, Jean Cocteau et même le Général de Gaulle y séjournèrent.

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Devant nous, l’île des Ibis, île artificielle baptisée ainsi en 1904 en raison des ibis (l'oiseau échassier) apportés à l’époque. À la fin du 19e siècle, un hippodrome fut tracé autour de ce grand lac creusé en 1866, le plus grand des cinq lacs vésigondins. Il fut ensuite remplacé par un anneau pour des courses cyclistes. Aujourd’hui, les joggeurs et marcheurs ont remplacé les chevaux et les vélos. Dans leur balade, ils apprécient le très réputé restaurant du Pavillon des Ibis dont la terrasse reste vide depuis de longs mois. Ses portes sont closes.
Bientôt, je reviendrai.


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En remontant l’avenue des Veneurs, sur le Rond-point Royal, surgit la statue d’un grand cerf. Elle est l’œuvre de Pierre-Louis Rouillard, sculpteur animalier.

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Offerte à la ville par le Docteur Raffegeau, elle fut inaugurée le 10 juin 1928. L’avenue du Belloy nous emmène vers le Lac Supérieur. Paisiblement installés sur une grosse pierre, trois grands oiseaux ont déployé leurs ailes et profitent des rayons du soleil. Magie de ce soleil qui joue à dessiner un arc-en-ciel avec les jets d’eau posés au centre du lac.

La balade se poursuit en empruntant les petites rues de Croissy et de Chatou pour une jolie découverte de toute une multitude de demeures et d’hôtels particuliers d’une rare diversité architecturale. Nous voilà le long de la Seine avec vue sur l’île des Impressionniste, repère des Monet, Manet, Renoir, Degas et leurs amis impressionnistes à la fin du 19e siècle. Le Musée Fournaise, nous fait revivre toute cette période. Il est situé juste à côté du restaurant de la maison Fournaise, créé par Alphonse Fournaise, fabricant de canots à Chatou, et devenu le lieu d’encanaillement des artistes comme Flaubert ou Maupassant pendant le Second Empire. Mais ses portes sont closes.
Bientôt, je reviendrai.

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Sous le pont du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny qui relie Croissy à Bougival, je retrouve celle que j’aime appeler « la dormeuse », une fresque de 15m de long et de 4 m de haut. Créée en 2016 par deux artistes, Doudou Style et Smerg, assistés par les enfants de l’Espace Jeunesse, l’œuvre représente une jeune fille en plein rêve qui arrose le monde de cœurs découpés dans du papier. Je me surprends parfois à ralentir le rythme pour passer en douceur et éviter de la réveiller.

Chatou, Croissy, Le Pecq, cinq kilomètres à longer la Seine, à slalomer entre les joggeurs et marcheurs venus eux aussi profiter du beau temps. En cette période trouble privée de perspectives, ces moments sont précieux. Sur les playgrounds du Pecq, les fans de basket profitent eux aussi du beau temps. Certains portent des maillots de Kobe Bryant, d’autres de Lebron James, comme l’on arborait autrefois ceux de Michael Jordan ou Magic Johnson. A chacun sa Dream Team. 

Passage rive gauche en empruntant à nouveau le pont Georges-Pompidou et direction le Parc de Marly. L’endroit est plein de promesses mais se mérite. Avant de profiter de la quiétude du parc créé à la demande de Louis XIV qui aimait célébrer des fêtes en « petit comité » dans le château qu’il y avait fait bâtir (aujourd’hui détruit), une grosse côte puis un bon faux plat montant piquent un peu les cuissots. Sur le bord de la route, derrière une grille, on devine le château de Monte-Cristo. Fort du succès des Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas, alors résidant de Saint-Germain-en-Laye, le fit bâtir sur les coteaux du Port-Marly. La crémaillère eut lieu le 25 juillet 1847. Ses portes sont closes.
Bientôt, je reviendrai.

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Après avoir traversé les Vignes Benettes du Pecq pour entrer à Marly-le-Roi, puis descendu jusqu'au rond-point de l'Abreuvoir, me voici enfin arrivé dans le Parc de Marly (autorisé aux cyclistes depuis 2018). Dessiné par l’architecte Jules Hardouin-Mansart, Louis XIV y fit construire un château pendant son règne. « J'ai fait Versailles pour ma Cour, Trianon pour ma famille, Marly pour mes amis », a déclaré un jour le Roi. Le château, lieu de plaisir et de fêtes, fut délaissé par Louis XV et Louis XVI et fut finalement détruit lors du Premier Empire. Déjà largement dépecé, le parc fut racheté par Napoléon en 1811 et redevint un domaine de chasse. Il est aussi une porte vers la forêt de Marly et ses sentiers parfois bien raides qui régalent les amateurs de trail ou de VTT un peu plus engagé. Le parc offre aujourd'hui un superbe espace de promenade, de footing et de balade vélo. Au pied du plan d'eau, les enfants y courent derrière les canards. Un peu plus haut, quelques jeunes y prennent un cours de boxe. Le Musée du Domaine royal de Marly retrace toute l'histoire du parc. Ses portes sont closes.
Bientôt, je reviendrai.

Histoire « d’amuser un peu la partie », le défi est de grimper en vélo tout en haut du parc par la côte du Tapis Vert où était située la cascade appelée "Rivière", en taillant droit dans la pente (31 m de D+ en 270 m soit 12 % de moyenne). Cuisses en feu et souffle court garantis ! Joli prétexte pour se poser et contempler quelques instants le décor avec là-bas, au fond, la Seine qui dessine ses boucles et poursuit sa route.  

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Il est temps de penser au retour. Passage obligatoire devant les sculptures des chevaux de Marly, même si celles installées dans le Parc, juste au-dessus de l’Abreuvoir, ne sont que des copies des statues originelles sculptées par Guillaume Coustou, commandées par Louis XV au milieu du 18e siècle (les originaux sont au Louvre après avoir été place de la Concorde de 1794 à 1984). Pas question non plus de se priver d’un passage dans la Grande Rue du vieux Marly (en sens interdit mais chuuuut). De nombreuses maisons y subsistent encore dans leur aspect d’origine datant du 16e au 18e. Surnommée « la montagne fort raide » (eh oui ça monte encore) par Louis XIV, elle fut pavée en 1690 (comme le dit un panneau au bas de la rue). Retour le long de la voie ferrée (avec encore quelques petits « coups de cul ») jusqu’à L’Étang-la-Ville puis Mareil-Marly avant de replonger vers la Seine, de retrouver ses rives récemment aménagées du côté de Port-Marly, promesses de belles balades estivales, d’apprécier l’effort des rameurs du club d’aviron de Port-Marly et d’imaginer la vie des habitants de ces péniches amarrées tout au long du fleuve. Dans les squares et les aires de jeu, les cris d'enfants pleins d'insouciance et les regards de parents pleins de bienveillance. 

Plus que deux kilomètres pour rejoindre le point de départ dont une grande partie en montée sur l’avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, compagnon de la Libération, représentant français à la signature de la capitulation allemande à Berlin, le 8 mai 1945 (infinis mercis pour la piste cyclable, équipement récent qui offre une réelle sécurité aux cyclistes). Dans le virage qui mène au cimetière du Pecq, sur la droite, subsiste une trace de l'ascenseur construit en 1900 pour permettre aux Saint-Germanois d'accéder plus facilement au chemin de fer en bord de Seine et, à l’inverse, aux promeneurs parisiens de rejoindre la terrasse du château.

Passage devant la rampe des Grottes et le mur des Lions, derniers vestiges du Château Neuf, créés à la fin du XVIe siècle à la demande de Henri IV. De nombreuses terrasses descendaient alors jusqu'à la Seine (une maquette située à l'accueil du Musée d'Archéologie permet de bien visualiser l'ensemble). La grotte de Neptune, celles des Orgues ou encore celle du Dragon amusaient le Roi Henri IV et sa cour. La grotte du dragon (49 m de long et 10 m de haut) était animée par un dragon furieux qui battait des ailes en lâchant des torrents d’eau pendant que des oiseaux, eux aussi animés par l’eau, battaient des ailes. Dans la Grotte des Orgues, les doigts d’une nymphe étaient animés par la force de l’eau et faisaient sortir différentes mélodies d’un orgue. A la mort d’Henri IV, son successeur Louis XIII s’y divertit à son tour. Louis XIV fut en revanche moins fidèle. A peu près à la moitié de la montée, sur la gauche, se dresse l'église Saint-Wandrille, construite au milieu du 18e siècle en célébration de Saint Wandrille, moine du VIIe siècle, originaire de Verdun.

Dernier effort, nous voilà en haut de la côte, place Royale. Le cheval fut longtemps roi dans ce quartier. Dès la fin du 17e siècle, les casernes de Gramont et du Luxembourg résonnèrent aux bruits des sabots des différentes garnisons de la cavalerie royale installées dans leurs écuries. Construit au début du XIXe siècle, à l’emplacement de l’ancien jeu de Paume, le Manège Royal a hébergé des générations de cavaliers et d’écuyers. Il accueille aujourd’hui un centre de tests-Covid.

Derniers coups de pédale avant de rejoindre le Jardin des Arts avec son Théâtre Alexandre-Dumas (inauguré en 1989 et baptisé ainsi pour rendre hommage à celui qui fut directeur du théâtre de Saint-Germain en 1846). Depuis bien trop longtemps, la scène est vide, au grand désespoir de tous les amoureux du spectacle vivant, de tous les amoureux de cette culture jugée non essentielle. Ses portes sont closes.
Bientôt, je reviendrai.


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