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La déesse des mouches à feu

Publié le 26 mars 2021 par Adtraviata

La déesse des mouches à feu

Quatrième de couverture :

La déesse des mouches à feu, c’est Catherine, quatorze ans, l’adolescence allée chez le diable. C’est l’année noire de toutes les premières fois. C’est 1996 à Chicoutimi-Nord, le punk rock, le fantôme de Kurt Cobain et les cheveux de Mia Wallace. Des petites crisses qui trippent sur Christiane F. et des gars beaux comme dans les films en noir et blanc. Le flânage au terminus et les batailles de skateux contre pouilleux en arrière du centre d’achats. L’hiver au campe dans le fin fond du bois, les plombs aux couteaux, le PCP vert et les baises floues au milieu des sacs de couchage. C’est aussi les parents à bout de souffle et les amants qui se font la guerre. Un jeep qui s’écrase dans un chêne centenaire, les eaux du déluge qui emportent la moitié d’une ville et des oiseaux perdus qu’on essaie de tuer en criant.

La déesse des mouches à feu (des lucioles), c’est un peu une claque en pleine face : le lecteur est immergé dans la tête de Catherine, 14 ans, qui reçoit parmi ses cadeaux d’anniversaire le livre Moi Christiane F., droguée, prostituée. Un récit qui, plutôt que de l’effrayer, la fascine et dont on sent l’influence tout au long de cette année où les parents de Catherine divorcent, et où la jeune fille va toucher aux paradis interdits. Amitiés d’ados, premières amours, premières relations sexuelles, fascination pour Kurt Cobain ou Gun’s and Roses, l’adolescente et ses copains et copines flirtent sans cesse avec les interdits, face à des adultes qui croient jouer leur rôle mais ne voient pas ce qui se passe sous leur nez. Jusqu’au drame qui marquera sans doute à vie l’adolescente. Ca pourrait paraître noir et imbuvable à des lecteurs adultes mais il y a une énergie, un rythme dans ce récit qui lui donnent malgré tout un côté lumineux (c’est du moins ce que j’ai ressenti). L’adolescence comme naufrage de l’enfance ? C’est peut-être le sens que Geneviève Pettersen a voulu imprimer à son premier roman en imaginant la fin sur fond de catastrophe naturelle. 

Ce roman, c’est aussi une claque par la langue parlée de Catherine, typiquement du Saguenay, paraît-il, qui freinera sans doute des lecteurs peu habitués. Je ne dis pas que je m’y connais, loin de là, je n’ai pas toujours compris toutes les expressions mais le contexte permettait de le faire et finalement, ça participait au plaisir de lecture. Voilà une facette du français que je suis bien contente d’avoir découvert en cette semaine Francophonie.

« Le bord du Canadian Tire, c’était pour les pouilleux. C’était des genres de BS à pinch pis à pad qui venaient de Falardeau en char pour se tirer un rang. Ils portaient tout le temps des Sugi blanches pis des chandails de Slayer. Les pouilleux avaient pas de manteaux d’hiver. Ils portaient des vestes de skidoo Arctic Cat. Je me rappelle qu’ils étaient vraiment gigons. »

« Ça a pris deux heures à Michel pour me transformer en Mia Wallace. Quand il a eu fini de me sécher les cheveux, je me suis regardée dans le grand miroir pis j’ai capoté. J’avais jamais été aussi belle de toute ma vie. J’avais l’air d’avoir dix-huit ans. Marie-Ève allait halluciner, tellement elle allait trouver ça beau. Pis Pascal aussi. Il arrêtait pas de me dire qu’il trouvait ça beau, les filles avec des cheveux noirs. Il les appelait les Pocahontas. Bon, c’est sûr qu’avec ma peau transparente, je ressemblais pas à une Indienne pantoute, mais pareil. »

Geneviève PETTERSEN, La déesse des mouches à feu, Le Quartanier, Collection Polygraphe, 2014

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