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L'Equipe, 10 ans déjà...

Publié le 31 mars 2021 par Pascal Boutreau

5c278Ce post aurait pu s'appeler "Se souvenir des belles choses". Sans nostalgie. Il y a 10 ans aujourd'hui, le 31 mars 2011, je franchissais  la porte de L'Equipe... pour la dernière fois, un petit carton sous le bras rempli de quelques souvenirs. Des souvenirs mais surtout beaucoup d'émotion(s). Quelques minutes avant, j'avais eu du mal à lâcher quelques mots à l'issue du petit pot organisé pour mon départ. Un départ, une quinzaine d'années après mon arrivée. 

Je n'ai jamais rêvé d'être journaliste quand j'étais plus jeune. Lorsqu'on me demandait ce que je voulais faire, je répondais "prof d'histoire". J'ai fini par raconter celles du sport. La vie, avec ses hasards et ses rencontres, m'a conduit un jour au 4 rue Rouget-de-Lisle, à Issy-les-Moulineaux, là où siégeait à l'époque le journal L'Equipe. Quand on est passionné de sport, de tous les sports, travailler à L'Equipe est une sorte de Graal. Moi le footeux qui, gamin, se collait au grillage des tribunes Pesage du stade Auguste-Delaune de Reims, se retrouver à la rubrique foot de L'Equipe, être payé pour aller voir des matches de foot de très haut niveau, c'était dingue. 

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Mon premier papier signé, même si c'était avec le pseudo que j'allais garder ces quinze ans (c'est une longue histoire), c'est un Red Star - Lorient en Coupe de la Ligue. Envoyé spécial de L'Equipe... La classe ! Ok, à Saint-Ouen, mais quand même ! Ce 24 octobre 1996, quelle étrange sensation d'avoir pour la première fois son nom dans L'Equipe. Je n'étais pas encore titulaire mais pigiste, au Vivier.

Quelques mois auparavant, j'avais quitté mon poste à Jogging International. Beaucoup étaient sceptiques. Je quittais un boulot "stable" où je partais un peu partout dans le monde pour couvrir et courir des épreuves, pour un statut précaire de pigiste. On m'a pris pour un fou. Mais  j'y suis allé... parce que je le sentais. 

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Le Vivier, c'était la structure des pigistes chaperonnée par Richard Montaignac, "tonton Richard" qui veillait sur ses "viviéristes" avec une bienveillance ô combien précieuse pour nous qui débutions dans cet univers. Pendant quelques mois, j'ai navigué de rubrique en rubrique, passant parfois dans la même journée du foot au cyclisme ou encore au BHV (basket, hand, volley). Le viviériste, c'était un peu le couteau-suisse du journal, souvent limité aux taches ingrates, aux fiches techniques, aux relectures. Pourtant, j'ai rapidement eu l'opportunité d'écrire, de partir en reportage. Le plus souvent sur le foot ou le hand. Evidemment pas de portable ni d'internet à cette époque. Souvenirs de cette angoisse de pouvoir transmettre son papier en allant brancher son ordinateur sur la prise téléphonique de la loge du gardien de la salle de Gagny, Pontault-Combault ou Créteil. Et le soulagement d'entendre quelqu'un au siège nous dire "ok, c'est bon, ton papier est là". Déjà multicartes à cette époque, j'ai aussi eu l'opportunité de partir sur Paris-Roubaix (édition 98), privilège rarement accordé à un pigiste. Même chance de partir sur des matches de basket, à Paris, Cholet, Roanne, Pau etc. 

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Et puis le 1er juin 1998, j'ai quitté le clan des pigistes pour être titularisé à la rubrique foot. Commencer par la Coupe du monde du sport qui vous fait vibrer depuis gosse... que rêver de mieux ? Trois années à couvrir la D1 et parfois quelques matches de Coupe d'Europe, de mettre le pied dans l'univers du foot au féminin, avant de rejoindre, à ma demande, le Groupe olympique et d'y découvrir de nombreuses disciplines. Une nouvelle évolution qui m'a permis de me plonger dans l'univers du triathlon, du tennis de table (à l'époque des Mousquetaires de Gatien), du squash (de Thierry Lincou et Greg Gaultier), du badminton, du pentathlon moderne, du ski nordique, du bobsleigh etc. Pendant toutes ces années, mon défi fut de réussir à "caser" des sports souvent oubliés, de mettre en avant des sportifs seulement connus de leur sphère. Avec à la clé, la fierté à placer dans le grand journal L'Equipe, de l'alpinisme, du trail, du hockey sur gazon, du ski-alpinisme etc. Ces années m'ont permis de vivre sur place deux éditions des Jeux olympiques, à Athènes et à Pékin.

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C'est d'ailleurs pour ces Jeux olympiques 2008 que j'ai été amené à m'intéresser à l'équitation. A cette époque, il fallait quelqu'un pour aller la première semaine à Hong Kong où se disputaient les sports équestres. Je connaissais plutôt pas mal Hong Kong pour y être allé pour suivre le squash, et c'est tombé sur moi. Premiers pas dans un milieu pas forcément très ouvert à tout ce qui est nouveau et qui ne fait pas partie de la "famille". Mais il en faut plus pour me décourager. J'ai découvert cet univers, j'en ai appris les codes. Mais jamais je n'aurais pu imaginer qu'il allait devenir essentiel dans ma carrière. Je passe les détails, mais en février 2011, je reçois un coup de fil pour me demander si je ne serais pas intéressé par rejoindre la chaine Equidia. Quitter L'Equipe quand on est passionné de tous les sports, en théorie ça ne se fait pas (en tout cas à cette époque). Mais j'aime les défis. Et pas seulement dans ma pratique sportive. On m'a pris pour un fou. Mais  j'y suis allé... parce que je le sentais.

Et voilà comment, le 31 mars 2011, j'ai franchi pour la dernière fois les portes de L'Equipe. Dix ans donc que j'ai mis fin à cette histoire. Pourtant, L'Equipe reste "ma maison".

Alors attention, précision essentielle, je ne remercierai jamais assez Eric Brion et Jérôme Lenfant, alors directeur général et directeur de la rédaction d'Equidia, de m'avoir fait confiance alors que je n'avais aucune expérience du monde de la TV et que les sports équestres n'étaient qu'une discipline parmi beaucoup d'autres que je suivais. Cela aurait pu s'arrêter après quelques mois voire quelques semaines, l'histoire a duré près de 9 ans. Pendant ces 9 ans à Equidia, j'ai vécu des moments incroyables, des expériences intenses, j'ai appris à diriger une équipe, à prendre des décisions et j'ai surtout rencontré de sacrées belles personnes. Ces 9 années m'ont profondément marqué et Equidia tient une place privilégiée dans ma vie.

Mais même si dix années sont passées, même si L'Equipe a profondément évolué et pas seulement dans son format, mon premier réflexe chaque matin est de télécharger le journal (légalement of course)  et d'y découvrir son contenu. La qualité des journalistes du journal est la garantie de grands papiers, de grandes histoires qui vont souvent bien au-delà du sport. Alors bien-sûr, je ne suis pas toujours d'accord. Parfois même, certains papiers, certains angles, certaines orientations peuvent m'énerver. Bien sûr, j'aimerais davantage de "petits sports"... comme avant. Mais le monde a évolué. Vite, très vite. La réalité économique aussi avec la nécessité de vendre, d'attirer. Evidemment, parfois, cela peut amener quelques incompréhensions, l'envie de crier "oh non, pas toi L'Equipe, pas après tout ce que tu as fait". Mais très sincèrement, contrairement ce que certains peuvent parfois penser, je suis convaincu que dans cette inévitable adaptation, L'Equipe a su conserver son intégrité. Grâce à la richesse de sa rédaction, de ses journalistes. Les anciens que j'ai connus, les nouveaux dont je découvre la plume. Alors merci à toutes celles et tous ceux qui chaque matin m'accompagnent.  

Aujourd'hui, et depuis quelques mois maintenant, me voilà indépendant. Le contexte n'est certes pas des plus favorables et je ne sais pas trop encore où je vais. Mais peu importe. J'y vais... parce que je le sens. 


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