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L'appel de la tribu, de Mario Vargas Llosa

Publié le 04 mai 2021 par Francisrichard @francisrichard
L'appel de la tribu, de Mario Vargas Llosa

L'appel de la tribu? C'est la nostalgie du monde traditionnel - la tribu -, quand l'homme était encore une part inséparable de la collectivité, subordonné au sorcier ou au cacique tout-puissant.

Mario Vargas Llosa en parle d'autant plus aisément qu'il a lui-même répondu à cet appel dans sa jeunesse. Il ne lui est devenu sourd que progressivement, notamment grâce à un certain nombre d'auteurs.

Grand lecteur, il rend hommage dans ce livre à sept d'entre eux, d'authentiques libéraux. Car le libéralisme est ce qui l'a défendu le mieux, et d'autres avec lui, contre l'inextinguible "appel de la tribu".

Entre ces auteurs, qu'il a lus et relus, il y a plus souvent de divergences que de coïncidences. Mais, c'est justement ce qui a emporté sa conviction: le libéralisme n'est en effet pas dogmatique.

Le libéralisme n'a pas réponse à tout , précise-t-il. C'est justement ce qui lui convient. Chacun de ces auteurs, à sa façon, lui a apporté des réponses à ses interrogations ou confirmé ses expériences.

Extraits:

- Adam Smith (1723-1790):

Le marché libre présuppose l'existence de la propriété privée, l'égalité des citoyens devant la loi, le rejet des privilèges et la division du travail. Personne avant Adam Smith n'avait expliqué avec autant de précision et de lucidité ce système autosuffisant qui fait progresser les nations et pour lequel la liberté est essentielle, ni exposé de manière si éloquente que la liberté économique nourrit et dynamise toutes les autres.

-José Ortega y Gasset (1883-1955):

Cette obsession acharnée à se faire comprendre de tous ses lecteurs est une des leçons les plus précieuses qu'il nous ait léguées, une marque de sa vocation démocratique et libérale, d'une importance lumineuse en ces temps où, de plus en plus, dans les différentes branches de la culture, s'imposent sur le langage commun les jargons spécialisés et hermétiques à l'ombre desquels, le plus souvent, se cachent non pas la complexité et la profondeur scientifique, mais la prestidigitation verbale et la supercherie.

- Friedrich Agust von Hayek (1899-1992):

Personne, pas même von Mises, n'a mieux résumé que Hayek les bénéfices de tous ordres qu'apporta à l'être humain ce système d'échanges [le marché] que personne n'inventa, qui naquit et se perfectionna en fonction du hasard et, surtout, de l'irruption de la liberté, cet accident dans l'histoire humaine.

- Sir Karl Popper (1902-1994):

Pour Karl Popper, on ne découvre pas la vérité, elle se découvre progressivement et c'est un processus sans fin. [...] Que la vérité ait, ou puisse avoir, une existence relative ne signifie pas que la vérité soit relative.

- Raymond Aron (1905-1983):

Tout en se méfiant constamment des grands enthousiasmes politiques, le spectateur engagé que fut, selon sa propre définition, Raymond Aron, crut tout de même au progrès. Pour lui, bien qu'il ne se fît pas beaucoup d'illusions sur ce point, le progrès était représenté par la société industrielle moderne qui avait changé complètement la structure économique et sociale étudiée par Marx et qui lui servit de base pour développer ses théories, par exemple sur la condition ouvrière, que la modernité avait rendues obsolètes.

- Sir Isaiah Berlin (1909-1997):

Qu'il y ait des vérités contradictoires, que les idéaux humains puissent s'opposer, cela ne signifie pas pour Isaiah Berlin qu'il faille désespérer et nous déclarer impuissants. Cela signifie que nous devons avoir conscience de l'importance de la liberté de choisir. [...] S'il y a des vérités à récuser et des fins à refuser, nous devons accepter la possibilité de l'erreur dans nos vues et être tolérants envers celle des autres.

- Jean-François Revel (1924-2006):

Alors que ce sont les actions humaines qui communiquent leur vérité aux idées, rien n'est plus absurde que de croire que la vérité part des idées, car le résultat est un divorce entre les unes et les autres [...]. Les faits intéressaient plus Revel que les théories et il n'eut jamais la moindre retenue pour les réfuter si elles n'étaient pas confirmées par les faits.

En consacrant ce livre à ces sept auteurs, dont les extraits ci-dessus ne donnent que des aperçus, Mario Vargas Llosa a voulu montrer, grâce à de tels représentants, ce que le libéralisme, tant dénigré, a apporté:

La doctrine libérale a revêtu dès ses origines les formes les plus avancées de la culture démocratique et c'est elle qui, dans les sociétés libres, a fait le plus progresser les droits de l'homme, la liberté d'expression, les droits des minorités sexuelles, religieuses et politiques, la défense de l'environnement et la participation du citoyen lambda à la vie publique.

Francis Richard

L'appel de la tribu, Mario Vargas Llosa, 336 pages, Gallimard (traduit de l'espagnol par Albert Bensoussan et Daniel Lefort)

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