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Survivre à l’hôpital = “les étages”

Publié le 25 juillet 2008 par Uninfirmier

Survivre à l’hôpital = “les étages”

P2, externes, étudiants infirmiers, oyez oyez.

Comme vous avez pu vous en rendre compte avec le rituel du café, à côté duquel la cérémonie japonaise du thé à l’air d’un dîner chez Flunch, l’hôpital a ses codes, ses manies et surtout un langage bien particulier qu’il est nécessaire de maîtriser sous peine de se faire allumer. De toute façons vous allez vous faire allumer, hein, mais autant limiter les dégâts.

Premier terme exploré dans cette série: “les étages”

Oui, bien sûr vous savez ce que sont des étages, mais connaissez-vous “les étages” avec des guillemets? Ah, on fait moins les malins, hein? Bon.

“Les étages”, c’est un peu le même concept que les barbares pour les grecs, les provinciaux pour les parisiens ou les non-insulaires pour les anglais. C’est tout ce qui n’est pas chez vous. Or tout ce qui ne viens pas de chez vous est par nature suspect d’être fourbe-incompétent-malpoli-sale-stupide. Il est donc logique que ce concept soit surtout utilisé par les insulaires paranoïaques de l’hôpital que sont les réanimations et les blocs.

Il est intéressant de noter que cette notion est totalement indépendante de tout contexte géographique. Le bloc peut être au septième étage, aucune importance. “Les étages” restent “les étages”, même au sous-sol.

Mais plus encore, “les étages” représentent une sorte de magma informe dans lequel toutes les spécialités, surtout celles classiquement dévalorisées se mélangent, jusqu’à perdre leur identité. “Mais il est où Thomas, tu sais l’élève IADE?” “Je crois qu’il est monté dans les étages pour perfuser un patient.” Thomas a perfusé le patient, mais surtout il fume sa clope sur l’escalier de secours, et il compte bien rester là un bon bout de temps, merci.

Car le continuum espace-temps semble perturbé dans cet univers. Tout prend beaucoup plus de temps, les dossiers se perdent, les gens aussi. Ce qui en fait une cachette idéale, puisque revenir en retard du café en faisant la gueule avec une phrase du genre “mais quels blaireaux dans les étages!” est absolument inattaquable.

Vous utilisez cette expression jusqu’au jour où, en arrivant dans un service pour récupérer le dossier d’un patient que vous venez d’accueillir on vous répond “ah non, il est parti avec lui dans les étages!” Là vous gardez le sourire mais vos yeux semblent dire: “C’est une blague? depuis quand je suis un étage, MOI? c’est toi l’étage connasse!”

Parce qu’on est toujours l’étage de quelqu’un, eeeeeh ouais.


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