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Cameroun – Covidgate : Le document de la chambre des comptes est dehors

Publié le 21 mai 2021 par Tonton @supprimez

Le premier rapport d’étape de la chambre des comptes sur les malversations des fonds Covid 19 inonde les réseaux sociaux depuis hier mercredi 19 mai. Une coïncidence avec la célébration de la 49ème édition de la fête de l’unité nationale.

A en croire, selon des certaines sources, ce rapport d’étape de 23 pages n’est pas le rapport définitif, mais relève quelques points sur lesquels il faut s’attarder. Dans une démarche méthodique, il a été disséqué en 10 points présentant la démarche des experts de la chambre :

1)- Les critères de sélection des prestataires et les conditions dans lesquelles les marchés spéciaux leur ont été attribués ont été inconnus de la chambre des comptes. Ce qui traduit une certaine opacité.

2)- L’acquisition des équipements de protection individuelle (ÉPI) a causé un préjudice de 1 277 604 763 fcfa à l’Etat du Cameroun. Les engagements pour l’acquisition des ÉPI qui devaient être de 2 941 000 000 Fcfa ont été effectués à hauteur de plus 23 milliards Fcfa soit un surplus de plus de 20 milliards Fcfa.

3)- S’agissant du renforcement des mesures barrières. Une activité budgétisée à 70 millions Fcfa mais au 31 décembre 2020, 383 593 505 Fcfa avait été dépensés au profit de la société ACCENT MÉDIA GROUP attributaire de trois marchés.

4)- L’absence d’objectivité du ministère du commerce dans la validation de la proposition de prix faite par le MINSANTE sur les tests de dépistage du COVID 19.

5) – S’agissant de l’aménagement des centres de mise en quarantaine dans les logements sociaux 7 centres ont été réhabilités au lieu de 11 à Olembe. Des commandes et prestations fictives enregistrées pour un montant de près de 134 millions Fcfa.

6) – L’entreprise YAO PHARM a reçu l’attribution du marché de livraison de 8 ambulances médicalisées alors que celle-ci ne figurait pas sur la liste des prestataires préqualifiés.

7) – L’acquisition des équipements médicaux de prise en charge des patients COVID 19 a été entourée d’une opacité. On note l’incohérence pour 2 prestataires entre domaines et sous domaines d’activité de la liste des prestataires retenus au fichier du MINSANTE et les activités réelles déclarées au ministère du commerce. Par ailleurs 27 marchés non enregistrés pour un préjudice de plus de 75 millions Fcfa.

8) – Sur la gestion de l’hygiène et l’assainissement des milieux ouverts au public les marchés concernant Yaounde ont été attribués à hauteur de 157 millions Fcfa aux Ets AFRICAN DISTRIBUTION COMPANY société créée le 14 janvier 2020 et sans expérience des métiers de l’hygiène et de l’assainissement.

9) – Pour ce qui est de la production de la chloroquine et de l’azythromicyne, budget: plus de 4 milliards Fcfa. Le MINRESI n’a pas lancé la fabrication locale mais l’acquisition en Inde de 5 millions de comprimés et colle des étiquettes du Cameroun dessus. Une commande contraire à la prescription de Paul Biya.

10) – Le Ministère de l’Education de base et le ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries Animales n’ont pas répondu aux demandes de la chambre des comptes.

Pour Boris Bertolt, «la chambre des comptes relève 30 procédures de faute de gestion des responsables du Ministère de la santé et du Ministère de la recherche scientifiques. Et recommande l’ouverture de 10 procédures concernant des faits susceptibles de constituer des infractions à la loi pénale», a dit le journaliste très introduit et qui note d’ailleurs qu’«après avoir transmis à Paul Biya cette première note de synthèse, la chambre des comptes a poursuivi ses enquêtes qui sont presque sûrement bouclées et a dû intégrer de nouveaux éléments à la suite des nouvelles révélations qui sont apparues sur les détournements des fonds Covid 19 », révèle-t-il.

Réaction

L’honorable Jean Michel Nintcheu, député Sdf : «À la lecture du rapport d’étape, il apparaît clairement que certains marchés ont été passés en violation des dispositions légales»

Je me réjouis de ce que l’Histoire me donne raison. Une fois de plus, le Sdf dans sa démarche originelle, démontre chaque jour ce qu’il ne doit jamais cesser d’être à savoir un parti qui donne le pouvoir au peuple et qui a chevillé au corps les intérêts du peuple.

Je voudrais rappeler qu’en 2016, à la tribune de l’Assemblée nationale devant la Représentation nationale, le député du SDF Joseph Wirba dans sa déclaration historique avait déjà attiré l’attention des gouvernants sur le feu qui couvait dans les deux régions anglophones du pays. Il fut pourchassé et raillé même par certains de ses collègues députés pourtant du même parti. Cinq ans après, nous voici déjà avec plus de 1000 morts du fait de cette sale guerre. Si on l’avait écouté, les vies des camerounais auraient été épargnées. Lorsqu’il y a quelques mois, sur la base de mes investigations, j’appelais la Représentation nationale, certains collègues y compris ceux de mon parti, n’ont cessé de me pourfendre. Comme Joseph Wirba hier, aujourd’hui c’est la Chambre des comptes dans son rapport d’étape – ce qui sous-entend qu’elle n’est pas encore allé au bout de ses investigations-qui vient confirmer ce que je disais déjà à propos de la gestion catastrophique des fonds covid-19.

En tant que Député de la nation, je demande la démission immédiate de la ministre de la recherche scientifique et de l’innovation qui a fait croire aux camerounais en mondovision qu’elle devait produire rapidement la chloroquine et l’azythromicine alors qu’elle a importé de l’Inde ces produits qu’elle a juste emballé au Cameroun. Mieux le rapport de la Chambre des comptes indique des manquements graves dans la gestion des fonds alloués à cette opération.

Je demande une fois de plus et avec insistance la démission du ministre de la santé publique qui a violé toutes les règles de gestion de la fortune publique.

Le cas le plus grave et qui devrait immédiatement cesser toute activité est celui du ministre de l’administration territoriale qui n’a pas daigné répondre aux sollicitations de la Chambre des comptes mais s’est permis de facturer au ministère de la santé publique des dons qu’il a reçus de certains partenaires du Cameroun. Il a fallu l’injonction du Premier ministre pour qu’une somme de près de 380 millions Fcfa qu’il avait déjà fait virer à BGFI Bank soit rétrocédée. Lorsqu’on sait par ailleurs que ce donneur de leçons et par ailleurs pyromane dans la crise anglophone est Secrétaire permanent du Conseil national de la sécurité, cela donne froid au dos.

À la lecture du rapport d’étape de la Chambre des comptes, il apparaît clairement que certains marchés passés en violation des dispositions légales l’ont été sur injonction du ministre d’État, Secrétaire général de la présidence de la République. Ce qui en d’autres termes veut dire qu’il a co-géré les fonds covid-19 bien avant la mise sur pied de la task force covid-19. J’exige également sa démission du gouvernement.

Ces fonds ayant été mis à la disposition de notre pays par des partenaires bilatéraux et multilatéraux, il y va de l’image de notre pays et de la qualité de notre garantie souveraine.

Si un jour on me fait part de ce que des membres de ce gouvernement ont volé des cadavres, je ne saurais être surpris. Même l’argent qu’on a donné à ce gouvernement pour venir au secours des camerounais qui souffrent, ces bandits n’en ont eu cure.

Il convient au demeurant de constater que personne ne connaît à ce jour le montant total des dons des camerounais, personne physique comme personne morale. Le rapport d’étape de la Chambre des comptes, ce qui est louable, se limite uniquement aux fonds provenant des partenaires bilatéraux et multilatéraux. J’exige que tous les dons reçus en nature ou en numéraire soient rendus publics et qu’un audit de la gestion de ces contributions soit fait par la Chambre des comptes ou le Contrôle supérieur de l’État, puisqu’il s’agit des fonds publics.

En attendant l’issue des enquêtes judiciaires qui permettra de déterminer le niveau d’implication et de prévarication de chacun des prévenus, j’exige du Président de la République le limogeage de toutes les personnes mentionnées comme étant intervenues dans ce volumineux dossier en violation des dispositions légales comme relevé dans le rapport d’étape de la Chambre des comptes.

Alphonse Jènè


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