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Jim Harrison – Univers

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Jim Harrison – UniversLe paysage supérieur me déroute.
Deux fois seulement j’ai vu Vénus se noyer
dans la coupe de la lune nouvelle.
J’ai envie de le lire comme un livre
céleste et de savoir ce qu’il y a derrière.
Voir c’est croire.
On m’a dit qu’il n’y avait pas de dernière page.
C’est juste noir et ça dure toujours. A l’église
ils affirment que chaque année est un seul grain
de sable et que, lorsque les plages du monde
seront vidées, l’éternité commencera à peine,
alors personne n’a envie de passer tout ce temps en enfer.
Machado dit que l’eau indifférente retient
les étoiles en son coeur. Précisément. Je peux seulement
étudier l’univers à la surface calme
d’un lac au fin fond de la forêt,
où la vitesse de la lumière devient nulle.
Enfouies dans l’eau, les étoiles bougent très lentement.

*

Universe

The landscape above confuses me.
Only twice have I seen Venus drowning
in the cup of the new moon.
I want to read it like a sky-
high book and know what’s beyond.
Seeing is believing.
I’m told there’s no last page.
It’s just black and lasts forever. At church
they said that each year is a single grain
of sand and when the beaches of the world
are used up eternity is just getting started
so you don’t want to spend that time in hell.
Machado said that the indifferent water holds
the stars in its heart. Precisely. I can only
study the universe on the surface
of a calm lake way back in the forest,
where the speed of light comes to a dead stop.
Buried in water the stars move very slowly.

***

Jim Harrison (1937-2016)Dead Man’s Float (Copper Canyon Press, 2016) – La position du mort flottant (Héros Limite, 2021) – Traduit de l’américain par Brice Matthieussent.


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