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Bienvenue chez Mademoiselle Fleur

Publié le 28 juillet 2008 par Dje
Bienvenue chez Mademoiselle Fleur

Les philosophies héritées des traditions orientales et du bouddhisme ont toujours beaucoup de choses à nous apprendre. Et en premier lieu que dans cette recherche de la voie du juste milieu, il y a toujours de la place pour trouver des sources de satisfaction même dans les moments qui semblent en comporter le moins. Vous devez vous demander en lisant cela quelle mouche m'a piqué de partir dans des délires métaphysiques : j'ai juste envie de vous parler d'un groupe de musique découvert il y a de cela un an. L'histoire se passe dans une file d'attente pour un concert d'Olivia Ruiz à Paris. Ceux qui m'ont connu il fut une époque se demandent sûrement ce que je faisais à un tel concert. Je leur répondrais qu'avec le temps les gens changent, surtout quand ils ressentent le besoin d'une tentative sentimentale désespérée, et que finalement le concert était vraiment fantastique, même si il n'a pu totalement soigner les douleurs au cœur ravivées en cette occasion. Bref, dans l'échec majuscule que fut cette soirée, il est un petit détail anodin qui un an plus tard m'empêche de tout regretter. Un CD 3 titres nonchalamment distribué, à la sauvette, dans la rue, et assurant la promotion d'un jeune groupe bordelais au nom sonnant comme un vent de fraîcheur : AlaSourCe.

On ne cesse de nous vanter depuis des années le renouveau de la musique dans l'Hexagone et de mettre en avant la soi-disant "nouvelle chanson française". Je suis pour ma part fatigué des miaulements effarouchés d'un Vincent Delerm, du ton faussement caustique d'un Bénabar ou du manque flagrant d'inspiration d'un Raphaël. Et je n'évoquerais même pas le cas Carla Bruni... Pas grand motif à se réjouir devant ce magma informe face auquel nous devrions crier au génie. Désolé non, pas pour moi... Alors on se penche vers les petits groupes, ceux qui malheureusement ne perceront sans doute jamais, et on tombe sur des perles. AlaSourCe en fait partie, et reste sans doute possible la plus belle découverte musicale que j'ai faite depuis des années.

En écoutant leur musique, on voyage, on s'oublie. Cela peut paraître un peu léger, voire naïf, c'est juste touchant de simplicité et de fraîcheur. L'accompagnement subtil piano-accordéon-violon-contrebasse souligne parfaitement le timbre des deux sœurs qui assurent le chant, et dont les voix jumelles se répondent et se mêlent dans un écho surprenant de sensualité. Les parties instrumentales sonnent étonnamment juste, rehaussant encore un peu plus la qualité de l'ensemble. Les textes sont eux ciselées, taillés dans du diamant brut mais polis à la perfection. On peut les lire sans l'appui de la musique, on croira alors à de la vraie poésie. C'est suffisamment rare pour être noté. Les paroles prennent néanmoins tout leur sens lorsqu'elles s'accordent sur cet accompagnement musical arrangé sur mesure. Oui, sans conteste, avec leur premier album intitulé Charmante soirée chez Mademoiselle Fleur, le quintet bordelais touche du doigt quelque chose de vrai, d'authentique, de diablement juste.

Il n'est jamais facile de faire partager ses coups de cœur juste avec des mots. Ces mots à la fois menteurs et traîtres qui ne peuvent jamais réellement exprimer ce qu'ils cachent derrière. C'est pourquoi je vous encourage à filer de toute urgence sur le site officiel du groupe (1). Ecouter leurs morceaux, éventuellement commander leur album, faire vivre la magie qui s'est opérée sous mes oreilles, au moment où je m'y attendais le moins. Ce que vous y trouverez en vaut la peine.

On peut tomber amoureux d'une musique, je le savais déjà. Mais cela devient de plus en plus rare, et c'est regrettable. Pourquoi précisément ce groupe ? Je n'en sais rien, c'est comme ça. Certaines choses ne s'expliquent pas... La musique me parle, autant que les thèmes abordés, flânant avec légèreté de la nostalgie de ses racines à la difficulté d'exprimer ses ressentis, de l'exil forcé d'un cœur trop tendre aux difficultés du processus d'écriture. Chacun peut y trouver ce qu'il veut bien y prendre et en ressort conquis. Oubliez la bande à Delerm, tristes et formatés derrière leur apparente originalité. Le renouveau de la chanson française est là.

Point de cynisme et de troisième degré dans cette chronique. Est-ce le signe d'un manque d'inspiration ? Peut-être, mais aussi une envie de faire partager un coup de cœur qui le mérite. Parce que leur Petit Carnet exprime à merveille des choses tel que je ne saurai jamais le faire, il vaut parfois mieux laisser s'exprimer les artistes.


(C'est donc ça nos vies... 28.07.2008)

(1): http://www.alasource-music.com/


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