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L’Ile de Sein vise l’autonomie énergétique durable

Publié le 26 juillet 2008 par Erwan Pianezza

400000 litres de fuel par an : c’est que boivent les groupes électrogènes installés sur l’Ile de Sein, au large du Finistère. Fort de ce constat, la commune de Sein a engagé des démarches d’économies d’énergie et va tout miser sur les énergies renouvelables, notamment l’énergie hydrolienne, pari peu osé compte tenu de la situation géographique de l’île, à l’extrême ouest du continent européen, première avancée dans l’Atlantique : pourquoi n’y avait on pas pensé plus tôt ? Merci le pétrole cher, en tous cas : les démarches vont bon train depuis 2 ans sur cet ilot non raccordé au réseau électrique français.

On fait tout pour que Sein reste un joyau, un petit paradis, mais tout le monde doit changer ses comportements pour réduire les rejets de CO2“, explique Jean-Pierre Kerloc’h, maire de cette bande de terre de 250 habitants, qui multiplie sa population par six en été. Baptisée “S’investir au quotidien pour mon île”, un campagne de sensibilisation des vacanciers est cours. Elle est le prolongement d’une opération-pilote conduite depuis deux ans par le Conseil régional, EDF et l’Agence pour la maîtrise de l’énerge (ADEME). “Ca marche, EDF m’a remboursé 100 euros sur ma facture de l’an dernier”, témoigne ainsi un habitant, Joseph Fouquet, interrogé par l’AFP. Les trois partenaires ont partiellement subventionné l’achat par les particuliers de 750 lampes basse consommation et 326 économiseurs d’eau, ainsi que le remplacement d’une centaine de vieux réfrigérateurs par des appareils moins gourmands en énergie.

Eau potable : le grand dilemme de la desalinisation

Il faut 2,5 litres de fuel pour produire 1 m3 d’eau potable“, rappelle Vincent Delbby-Wilkes, délégué régional d’EDF, qui a chiffré à 15 %, les économies réalisées depuis deux ans, soit 15 tonnes de CO2 en moins dans l’atmosphère. “Il faut redevenir des îliens pour moins gaspiller, lorsque je reçois des gens, je leur interdis de faire la vaisselle, car je suis effaré par les gaspillages d’eau, et je leur dis qu’après un bain de mer, ce n’est pas la peine de se rincer sous la douche, le sel ça conserve”, raconte une habitante, parisienne de naissance.

Autrefois, les Sénans étaient tributaires de l’eau de pluie recueillie dans des citernes individuelles et collectives, toujours utiles en cas de panne. En 1990, lors d’une sécheresse estivale, Sein avait été ravitaillée par la Marine nationale.

C’est vrai qu’en restant quelques jours, on ne pense pas à changer nos habitudes, mais dans notre location, le propriétaire a mis un petit mot pour nous rappeler d’économiser l’eau“, raconte Pierre, un bordelais en vacances.

“Quand on a dû, tout petit, aller chercher l’eau au seau dans la citerne collective, on est habitué à ne pas gaspiller”, explique Joseph Fouquet qui donne des conseils aux vacanciers. “L’eau qui a lavé les légumes rince mes mains et finit dans le jardin“.

Conscients du prix de l’eau, les Sénans n’en consomment que 50 litres par jour, contre 120 en moyenne sur le continent. “Pour l’eau, on est resté économe, alors que pour l’électricité, ça nous semble si facile d’appuyer sur un bouton !”, déclare cependant Joséphine Chicard.

Le maire de Sein, qui espère réduire la facture énergétique de 40 % dans les prochaines années, travaille sur un projet de panneaux photovoltaïques, et ambitionne d’installer des hydroliennes alimentées par le puissant courant marin qui fait le bonheur des pêcheurs de bar, au large de la pointe du Raz.


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