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La Défense au fil de l'Epée

Publié le 25 juillet 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Vendredi, 25 Juillet 2008 12:18 La Défense au fil de l'EpéePar Nathalie Griesbeck

La France a fait de la construction d'une véritable défense européenne l'une des quatre priorités de sa présidence de l'Union, comme vient de le rappeler devant le Parlement européen le président Nicolas Sarkozy.

Il tient ainsi compte des évolutions d'un monde dans lequel les questions de défense ont nécessairement une dimension globale qui dépasse, et de loin, les capacités de la France ou du Royaume-Uni. La défense, pour être efficace, pour être crédible, ne peut être qu'européenne. Voilà la nouvelle donne.

Or la réorganisation complète des armées n'en tient aucun compte.

Malheureusement la politique militaire annoncée aujourd'hui n'est pas seulement indifférente à l'impératif de défense européenne. Elle va même à l'encontre de cette stratégie nouvelle qui pourtant s'impose à nous. Dans ces conditions, à quoi bon introduire tant de changements, au nom de quoi exiger tant de sacrifices douloureux et si inégalement répartis de la part de plusieurs régions et tout particulièrement de tout le Nord-Est de la France, de tant de villes, quelle qu'en soit la taille, comme Bitche, Dieuze ou Metz, qui se voient véritablement dépouillées et sacrifiées ?

Et tout cela pour préparer non pas la défense de l'avenir, mais celle du passé ! Nous ne pouvons tous en être que profondément blessés en Lorraine et plus particulièrement à Metz, soumise au fil des siècles à tant d'épreuves au nom de la défense de la France, et qui va perdre, dans les mois et les années à venir, deux régiments et sa base aérienne.

Très concrètement, cela représente sur Metz, la perte de plus de 5500 emplois directs, mais aussi de milliers et de milliers d'emplois induits, qui ensemble, représentent une perte énorme de pouvoir d'achat, de dynamisme économique, mais aussi de diversité sociale, de capacités intellectuelles et de richesses culturelles. Que restera-t-il ensuite ? Bien peu de choses.

A terme, se trouvera inéluctablement remise en cause la fonction de Metz comme poignée de commandement de près de la moitié des forces de l'armée de terre ainsi que de la totalité des forces tactiques de l'aviation, et par voie de conséquence aussi la fonction de préfecture de région de Metz, en tout cas à la tête de la zone de défense. C'est tout le tissu humain, économique, social, culturel de Metz et de la Moselle qui se trouve menacé et risque de se déchirer.

Non moins grave et plus symptomatique encore, le traitement réservé à la brigade franco-allemande, qui a été peu à peu construite pour donner forme concrète à une force européenne dont elle est le premier jalon. Là encore il s'agit concrètement de réalités humaines (plus de 5000 personnes) et d'un poids économique majeur.

Or au moment où l'on annonce le retrait des derniers militaires français d'Allemagne, qui vont quitter prochainement Saarburg, non loin de Trèves, le Premier ministre François Fillon déclare « réfléchir » à l'avenir de la brigade franco-allemande, tandis que, de manière totalement contradictoire, son ministre de la Défense, Morin, parle de cette unité au passé comme correspondant à un temps de l'histoire qui était le temps de l'ensemble des symboles de la réconciliation franco-allemande. Tout ceci est évidemment incohérent et en contradiction avec les réalités stratégiques qui s'imposent à nous.

Loin d'être vraiment novatrice, loin de préparer réellement l'avenir, la nouvelle organisation militaire est complètement incohérente par rapport aux exigences majeures de l'heure et plus encore du futur. Avant qu'il ne soit vraiment trop tard, il faut tout arrêter et repenser d'urgence réellement notre défense pour la rendre à la fois cohérente, réaliste et efficace. C'est au président de la République qu'il appartient de le faire. C'est encore possible. Oui, il faut absolument que la stratégie de notre pays s'inspire de la réalité nouvelle qui est mondiale et qui fait que la défense française ne peut être dès aujourd'hui et plus encore demain, que la continuation de la politique européenne de la France par de nouveaux moyens.

Nathalie GRIESBECK

Euro-députée française,  élue du grand Est 


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