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Mousse Boulanger - Femme poésie: une biographie, de Corine Renevey

Publié le 25 juin 2021 par Francisrichard @francisrichard
Mousse Boulanger - Femme poésie: une biographie, de Corine Renevey

Au moment d'inscrire son prénom à l'état civil de Boncourt, Otto Neuenschwander, son père, tint à lui donner un nom audacieux, différent des autres, une marque joyeuse qui évoque l'onde de choc d'une bouteille de bière que l'on vient de secouer, une vibration qui traverse de part en part le flacon créant des bulles à la surface, entraînant la formation d'un débordement onctueux.

Le prénom Mousse plaisait bien au père, mais pas du tout à la mère qui n'apprécia pas la plaisanterie et fit, dès le lendemain, rectifier le registre pour que sa fille se prénommât Berthe, comme elle.

Corine Renevey a pris le parti de la désigner jusqu'à ses douze ans par le prénom de sa mère, puis d'opérer le changement alors qu'elle quitte Boncourt pour se rendre à l'école secondaire de Porrentruy.

Avec le recul son père avait raison, Mousse convient bien à celle qui, différente des autres, fait montre, dès l'enfance, d'une personnalité bien affirmée, laquelle s'est confirmée tout au long de son existence.

Née en 1926, Mousse Boulanger est toujours de ce monde. Sa vie a été bien remplie et sa biographe la retrace avec beaucoup de bonheur, parce qu'il faut dire que c'est une personne vraiment très attachante.

Ses parents lui répétaient qu'ils étaient pauvres mais qu'ils l'aimaient. Elle aimait aussi ses parents, même si elle pouvait leur en faire voir de toutes les couleurs avec son caractère qu'elle avait bien trempé.

Toute sa vie montre qu'elle aime les pauvres, les démunis, et qu'elle n'a de cesse de les défendre, ce qui explique ses engagements, que personne n'est obligé d'approuver sinon peut-être dans les intentions.

Le sous-titre Femme poésie lui convient à merveille. Mais la poésie ne lui est pas apparue essentielle quand elle est devenue femme; elle en a eu en effet le goût, ainsi que celui des mots, dès l'école enfantine.

Après guerre, son engagement et ses fréquentations l'amènent à adhérer au parti communiste; ses goûts pour la poésie et pour les mots, la conduisent à suivre des cours de théâtre à Genève et à en faire.

Le 27 mai 1953, elle rencontre Pierre Hofstettler après son récital à Yverdon. Son nom de scène est Pierre Boulanger (comme le métier de son père), son patronyme étant considéré comme imprononçable.

À la Pâques 1955, Mousse et Pierre Boulanger se marient. Et sont inséparables jusqu'à la mort de ce dernier en 1976. Ensemble ils font de la radio et de la scène, où la poésie occupe une place de choix.

Ses engagements de féministe, de syndicaliste, ses rapports avec Corina Bille, Jacques Chessex (avec lequel elle se fâche puis se réconcilie...), Maurice Chappaz, René Prêtre ou Janine Massard, la dépeignent.

Car c'est une femme courageuse (elle a oeuvré pour que la correspondance de Vio Martin et Gustave Roud soit publiée in extenso...) et appréciée, bien qu'elle soit l'emmerdeuse, comme elle se qualifie.

Heureusement la poétesse, aujourd'hui solitaire, et privée d'écho à sa révolte parce que le monde a changé, ne tombera pas dans l'oubli grâce à cette biographie qui rend justice à son talent et à son humanité.

Francis Richard

Mousse Boulanger - Femme poésie: une biographie, 240 pages, L'Aire (à paraître)

Un livre de Mousse Boulanger à L'Âge d'Homme:

Les Frontalières (2013)


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