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Cameroun : Le trafic des ossements humains fait rage à Mandjou

Publié le 05 juillet 2021 par Tonton @supprimez
Cameroun : Le trafic des ossements humains fait rage à Mandjou

C'est devenu l'activité de prédilection pour beaucoup de personnes dans la région de l'Est.

Le cimetière musulman de Mandjou, bâtit sur une superficie de deux hectares est situé à environ deux kilomètres de la ville. Il n'a ni clôture encore moins de veilleur (gardien). C'est ce qui favorise la pratique des activités peu orthodoxe en ces lieux notamment la profanation des tombes. " Chaque fois qu'il fallait venir ici pour inhumer un corps, on observait qu'il y avait toujours des tombes qui ont été profanées. Cette récurrence n'a laissé personne indifférent ", indique Souley Abdoulaye, habitant de Mandjou. Baba Ibrahim précise : " On savait que les fumeurs de chanvre se refugiaient dans le cimetière mais, nous avons été étonnés de constater au cours d'une séance de travail manuel que plusieurs tombes ont été vidées de leurs contenus ". La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre et a créé une panique au sein de la population. " Nous n'avons pas cru au départ. Mais, il fallait se rendre dans le cimetière pour vraiment voir les restes des ossements humains que les malfrats abandonnaient ", soutient Hyppolite Sodea.

Une fois informées, les autorités administratives ont pris des dispositions pour mettre un terme à la profanation des tombes dans l'arrondissement de Mandjou : " D'une manière globale, nous avons été informés qu'il y a profanation des tombes dans le cimetière. Ces informations ont été vérifiées avec la fréquence des colis des ossements humains qu'on découvre dans la broussaille. Des enquêtes ont été ouvertes. Elles ont abouti à chaque occasion à des interpellations des présumés coupables qui sont mis à la disposition de la justice ", confesse Samuel Menobo, en son temps, sous-préfet de l'arrondissement de Mandjou. L'autorité administrative s'évertuait au quotidien à juguler le phénomène de profanation des tombes. " Nous avons convoqué des réunions et nous avons prescrit que désormais des tombes soient plus profondes pour que les corps soient à l'abri des ex humeurs ; que les cimetières soient gardés par les gardiens. Nous avons demandé aux populations d'être courageuses en dénonçant toute personne suspecte ", indique l'ancien sous-préfet de Mandjou. Au-delà des mesures prises par l'autorité administrative, les autorités municipales, et les leaders religieux sont mis à contribution pour mettre un terme au phénomène de profanation des sépulcres au cimetière de Mandjou. " Nous avons demandé aux pasteurs, prêtres, imams de sensibiliser leurs fidèles dans les lieux de culte au cours de leurs prédications ", précise l'autorité administrative.
Face à la rigueur des mesures engagées par le sous-préfet de Manjou, les exhumeurs ont décampé et les villages de cette unité administrative sont devenus la cible des profanateurs de tombes. La dernière opération a été celle du village Doumbé où en moins de deux semaines quatre tombes ont été profanées.

Trafic des ossements humains

La recrudescence des profanations des tombes est à l'origine de la prolifération du trafic des ossements humains ; une activité qui tend à envahir toute la région de l'Est. Aucune localité de la région n'est épargnée par ce commerce. En fin d'année 2018, cinq (05) personnes en provenance de Yokadouma en possession des ossements humains sont tombées dans les filets de la police. En début d'année 2019, une personne a été interpellée au quartier Toungou aéroport à Bertoua en possession des ossements humains. Deux cas d'interpellations des présumés trafiquants des ossements humains ont été enregistrés à Mandjou, alors qu'un gang de trois individus qui tentaient d'écouler un colis des ossements humais a été rattrapé par la police au niveau des agences de voyage au quartier Bamvélé à Bertoua. En juin 2021, un squelette humain a été retrouvé suspendu à un poteau au quartier Gpokolota à Bertoua, non loin de l'Eniet.

Les personnes interpellées sont généralement de nationalités Camerounaise, Centrafricaine et Nigériane. " Ce sont des groupes mixtes. On y retrouve des compatriotes et des expatriés ", affirme Samuel Menobo. La situation est préoccupante. " Le phénomène a atteint des proportions alarmantes et le Gouverneur de la région de l'Est nous avait demandé d'intensifier la lutte contre la profanation des tombes et le trafic des ossements humains ", martèle l'ancien sous-préfet de l'arrondissement de Mandjou. Mandjou est le chef-lieu de l'arrondissement éponyme, situé à une dizaine de kilomètres de Bertoua, capitale régionale de l'Est.

Charles Mahop


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