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#OFF21 – Les Fourberies de Scapin

Publié le 17 juillet 2021 par Morduedetheatre @_MDT_
#OFF21 – Les Fourberies de Scapin

Critique des Fourberies de Scapin, de Molière, vues le 15 juillet au Théâtre de la Condition des Soies (15h25)
Avec Deniz Türkmen, Benoit Gruel, Manuel Le Velly, Schemci Lauth, Emmanuel Besnault, dans une mise en scène de Emmanuel Besnault

C’est rigolo comme les choses se font. Cela fait des années que je suis de loin le travail d’Emmanuel Besnault, d’abord avec son Petit Poucet puis ses Fourberies, des années que je pense que c’est un théâtre pour moi et pourtant je n’avais encore jamais réussi à le voir. Et puis là, je découvre son Ivanov au Mois Molière, comme prévu c’est du théâtre comme je l’aime, et du coup le rendez-vous est pris pour Avignon avec ses deux mises en scène : Les Fourberies de Scapin et Dépôt de bilan. Et si, comme je le pense, elles me plaisent, je compte bien ne plus rien laisser passer !

La première chose que je me demande, quand le spectacle commence, c’est comment ils vont faire. Dans mon souvenir, si on peut couper des personnages très secondaires dans Scapin, il faut au moins garder deux fils, deux pères, deux femmes, un valet, et Scapin, c’est-à-dire huit rôles. Et ils sont cinq comédiens. Je m’étonne un peu, je me dis qu’il a peut-être réussi à ne conserver que la moitié des rôles, mais non c’est impossible enfin, bon, je vais bien voir, un peu de patience. Il faut que je fasse davantage confiance à Emmanuel Besnault, car je commence à comprendre qu’il sait y faire.

Il sait y faire, ça veut dire qu’avant même le début du spectacle, il a déjà surchauffé la salle et l’ambiance est plus que chaleureuse, c’est limite si on est pas déjà conquis. Il sait y faire, c’est qu’avec son théâtre de tréteaux hyper ingénieux il crée beaucoup avec très peu. Il transforme les changements de décor ou de costumes en moments ultra-dynamiques à tel point qu’on en voudrait encore, il sait jouer avec son public et pour son public sans jamais oublier que le texte est à la base du spectacle. On entend Molière, on le voit, et on joue vraiment avec.

Ses Fourberies ont quelque chose de cartoonesque avec des inventions scéniques qui se multiplient toujours dans le but de faire rire et d’accentuer le comique de Molière. Il emprunte à la commedia dell’arte une gestuelle très codifiée et des quasi jeux de masques simplement avec les visages. J’ai déjà un certain nombre de Scapin à mon actif mais ça ne m’a pas empêchée de rire à ces blagues que je connais par coeur, comme quand Géronte remet les cinq cents écus dans sa poche au lieu de les donner à Scapin. Et je salue bien bas l’inventivité et le point de vue adopté pour la scène des coups de bâtons, surprenante et géniale. Tout est fait avec authenticité et intelligence, réglé au millimètre, et on se régale franchement.

Mais attention à ne pas trop savoir y faire non plus. Très rapidement, lorsque Silvestre se déguise en spadassin, je me suis dit qu’on était au bord du « trop ». Même si on prend un immense plaisir à découvrir les trouvailles de mise en scène qu’il propose, il arrive un moment de la pièce où on est peut-être trop dans l’enchaînement des idées qui nous perdent un peu. C’est une pensée très rapide qui m’a frôlée, mais ce serait dommage de gâcher un si beau travail par un trop-plein d’idées. D’autant qu’Emmanuel Besnault peut faire confiance à ses excellents comédiens, découverts dans Ivanov, et qui m’ont une nouvelle fois totalement convaincue. Il propose lui-même un Scapin rieur mais calme, maître de la situation et chef d’orchestre au milieu d’une troupe qui se donne corps et âme pour notre plus grand bonheur.

C’est une perfection dans son genre, et une troupe qu’on ne lâchera plus.

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