Les jours crient leur impatience
comme les pages d’un livre jamais ouvert
Ça sent la conspiration, ça sent les feuilles écrasées
sous les talons
ça rappelle les piercings dans les tétons
ou les parents suspendus à un pont
L’impatience est l’espoir injuste offert aux autres
que tu veux récupérer
ou la chanson d’attente au téléphone
qui n’arrive jamais au refrain
L’impatience est l’envie brûlante
de prendre le volant
et de conduire suffisamment vite
pour voir les peurs s’éloigner dans le rétroviseur
comme un boomerang qui a rempli sa mission
S’ensuit un temps
où tout se chuchote avec stupeur
un temps provoqué par des substances illicites
avec des maisons feutrées
des songes déguisés
et des gens bienveillants aux visages irradiants
comme si le soleil passait par leurs veines
Et moi dans ce vertige
avec les yeux collés d’un chaton avorté
j’additionne les heures de sommeil
des dernières années
Le compte n’y est pas
mais à l’autre bout du lit
frémit d’impatience un autre jour
déjà résigné
***
Paula Lavric – Le blues roumain Vol. 2 (Unicité, 2021) – Traduit du roumain par Radu Bata.