Magazine Beaux Arts

Robert Gober

Publié le 30 juin 2007 par Marc Lenot

Au Schaulager à Bâle jusqu’au 14 Octobre.

Dans ce bâtiment étonnant, une rétrospective du travail de Robert Gober, montré en 1992 au Jeu de Paume. Je me souvenais de ses sculptures, lavabos absurdes, maisons miniatures et jambes hyper-réalistes émergeant du mur. Il y a aussi ici de grandes installations intrigantes et poétiques.

Dans la première salle, une porte à peine ouverte vous laisse apercevoir une salle de bain, un homme dans une baignoire, un journal posé à terre; le bruit de l’eau vous attire, mais vous ne verrez rien de plus, vous ne saurez rien de plus. Toutes ces installations ont une dimension souterraine, avec des puits, des trous, des vidanges, des courants souterrains. Jamais vous ne voyez la face cachée, jamais vous ne pouvez pénétrer dans la pièce interdite. Ce sont des histoires d’enfance et de religion, de sexualité et d’exclusion qui traversent tout son travail. Certaines installations sont comme des tableaux irréels dans lesquels vous entrez, dont vous devenez un personnage, environné de papier peint, contournant des sculptures, mannequin pour robe de marié ou poitrine hermaphrodite, regardant par des trous dans le mur. Une grande salle champêtre n’est accessible qu’au bout d’un couloir obscur; la clairière bruisse, la lumière radieuse du ciel vous atteint, six robinets vous bercent du bruit de l’eau. Des sacs de mort-aux-rats et des piles de vieux journaux au sol vous ramènent dans l’univers urbain, vous empêchant d’avancer. Gober est adepte à construire un espace, à créer un monde de mystère et d’inquiétude.

Dans une grande salle trône une madone en béton, le ventre traversé d’un énorme tuyau. Regardant à travers celui-ci, nous voyons une cascade d’eau descendant un escalier au fond de la pièce et se perdant dans une nappe souterraine. Ici et là, des grilles permettent de voir ce monde aquatique souterrain, des plantes luxuriantes aux brins agités par les flots, des poissons, des crabes, des pièces de monnaie jetées là comme porte-bonheur. Est-ce une oeuvre sacrilège ? Offense-t-elle la Madone ? Ou bien cette Vierge aquatique n’en devient-elle pas encore plus pure ? L’eau baptismale, claire et courante, n’est-elle pas la vie même ?

Les pièces stockées au Schaulager ne sont en principe pas montrées au public, mais on pouvait aussi voir ce gigantesque Roi de rats de Katharina Fritsch. Cette bizarrerie inexpliquée de la nature est annonciatrice de catastrophes, du châtiment divin punissant les hommes pour leurs péchés. De quoi méditer.

Katharina Fritsch étant représentée par l’ADAGP, la photo de son oeuvre sera ôtée à la fin de l’exposition. Elle restera toutefois visible ici.


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