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Pensées pour une saison - Été, de Gabriel Bittar

Publié le 27 août 2021 par Francisrichard @francisrichard
Pensées pour une saison - Été, de Gabriel Bittar

Ce nouvel opus comprend 112 pensées. Il commence par celle-ci qui illumine toutes les autres:

"Connais-toi" et "Rien de trop". Ces deux préceptes étaient inscrits au fronton du Temple de Delphes. Toute existence se fondant résolument sur eux sera vivante et authentique - quels que soient son contenu et son déroulement.

(Pensée 1)

Car, dans ces pensées, il y a beaucoup de connaissance de soi (et de ce qui l'environne: nous ne sommes pas seuls au monde) et de mesure dans le propos, même lorsque l'auteur se livre à de longs développements.

Dans Pensées pour une saison - Été, Gabriel Bittar aborde des sujets qui ne sont pas seulement de saison, mais qui sont intemporels. Et cela dans bien des domaines, qu'il serait vain et laborieux de tous énumérer.

Pour tenter de donner envie de les lire, force est de faire des choix, obligatoirement subjectifs, qui révéleront l'esprit de celui qui les fait: il assume d'autant plus volontiers ce risque qu'il n'engage pas son processus vital.

Ainsi, ces temps, ce qui frappe celui qui essaie d'exercer sa raison, ce sont, par exemple, les généralisations hâtives. L'auteur a raison donc de dire qu'il ne faut pas en abuser, rien de trop, en quelque sorte, comme il dit:

L'usage indûment généralisé des généralisations peut mener aux non-sens les plus divers.

On mélangerait des vicieux avec des vertueux, des vénéneux avec des comestibles, puis l'on affirmerait: les Français sont comme ci... les champignons sont comme ça.

(Pensée 16)

D'aucuns éprouvent une grande satisfaction à contrôler les autres. De nos jours, les moyens techniques permettent de le faire avec beaucoup plus d'efficacité que par le passé (les circonstances présentes le confirment):

La surveillance généralisée est le mode de fonctionnement pénal de l'État post-moderne, en lieu et place de la punition et la neutralisation des délinquants et des criminels. Au fond... les dirigeants trouvent les méchants très utiles puisqu'ils leur fournissent des prétextes nécessaires pour un contrôle rapproché de tout le monde.

(Pensée 31)

Nous vivons un temps où d'autres prétextes nécessaires sont invoqués pour le contrôle de tout le monde et le lecteur ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec les méchants très utiles que les dirigeants neutralisent:

Quand le n'importe quoi devient un "argument" socialement acceptable et un mode opératoire normal, le puissant sera toujours gagnant: en l'absence de toute rationalité, la raison du plus fort est toujours la meilleure.

(Pensée 42)

Pour l'essentiel, les journaux télévisés sont préparés dans la volonté de divertir les masses, dit l'auteur. Dans les news anglo-saxons, les animateurs le font naturellement, dans un télé-journalfrançais ce peut être délibéré:

Watever... Toute personne dotée d'un minimum de bon goût, d'esprit critique et d'expérience de vie, évite soigneusement les  news comme le téléjournal, car ils sont à la fois trop stupides et trop manipulateurs. L'intelligence y est par trop insultée.

(Pensée 44)

Quand il ne démonte pas longuement les idées fausses, l'auteur a le sens du raccourci. Il distingue trois types principaux de régimes politiques par leur mot d'ordre général, implicite en général... mais parfois très explicite:

Le régime totalitaire ou dictatorial: "Tu dois dire cela!" ("Say Uncle!"). Le régime autoritaire: "Tais-toi!" ("Shut up!"). Le régime démocratique, à l'occidentale, sauce moderne ou post-moderne: "Cause toujours..." ("Keep talking...").

(Pensée 72)

Toute ressemblance avec l'actualité n'est évidemment pas fortuite dans le choix de ces extraits. Ils sont bien entendu réducteurs, mais ils montrent que l'auteur n'a pas sa langue dans sa poche, ce qui ne l'empêche pas d'être compatissant.

On dirait même qu'il fait son autoportrait quand il dit:

Pour connaître la compassion, il faut s'avérer capable de reconnaître la souffrance chez un autre... y compris chez des êtres fondamentalement différents de soi, opérant et ressentant tout autrement.

Aussi n'est-ce pas une coïncidence que les individus les plus capables de compassion se révèlent non seulement très sensibles, mais, également, particulièrement cultivés et intelligents.

(Pensée 25)

Francis Richard

Pensées pour une saison - Été, Gabriel Bittar, 208 pages, Éditions de l'Aire

Livre précédent:

Pensées pour une saison - Printemps (2020)


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