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Souvenirs en similicuir, de Nadia Boehlen

Publié le 12 septembre 2021 par Francisrichard @francisrichard
Souvenirs en similicuir, de Nadia Boehlen

La narratrice de ce roman se penche sur son passé et ce sont des Souvenirs en similicuir rouge qui en émergent, comme la couverture des albums de photos de sa famille, comme les quatre chaises de la cuisine familiale ou comme l'édition des classiques russes acquise par sa mère.

Autant dire que ces souvenirs, plus ou moins vagues, sont ceux d'un autre temps, que le roman de Nadia Boehlen le fait revivre et confirme que ce n'était pas forcément mieux avant, même si le monde d'après ne se profile pas sous les meilleurs auspices. Car tout peut se déliter.

Les parents de la narratrice sont dissemblables et sont représentatifs non seulement de leur époque mais des alliances difficiles, quoique fréquentes, qui se nouent sur le sol helvétique, le père étant d'origine suisse-allemande et la mère, tessinoise, revendiquant bien haut son italianité.

Du côté paternel, Grossvati a été le boucher de son village, Grossmuti, puéricultrice. Du côté maternel, la nonna, qui a mis au monde dix enfants, le dernier à 47 ans, et le nonno sont gens modestes, qu'elle n'a pas connus. Ses oncles et tantes ont tous quitté le village en face du Simano.

Sa mère a divorcé de son premier mari. Toute sa vie en a été marquée. Sa mère n'a pas pu faire d'études. Elle pousse donc sa fille à en faire et ne trouve jamais qu'elle soit à la hauteur. Elle ne lui témoigne aucun geste d'affection. C'est son père qui pourvoit la tendresse et qui la console.

Alors, poursuivant ses études, elle quitte à son tour la petite ville chef-lieu du Vieux Pays, où ses parents se sont installés, son père étant d'abord mécanicien, puis négociant, sa mère, femme au foyer, n'ayant pour perspective que l'éternelle liste des tâches quotidiennes qui lui pèsent.

Elle fait ses apprentissages de la vie, vérifiant en douceur si ce que sa mère lui a dit des hommes est exact, avant de parcourir le monde et de se rendre compte que restera comme une blessure celui d'où elle vient, mais qu'elle en tirera quelque chose à condition de ne pas le renier.

Francis Richard

Souvenirs en similicuir, Nadia Boehlen, 160 pages, Slatkine

Livre précédent:

Les poupées de chiffon (2019)


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