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Le mal-être de Bernard Kouchner

Publié le 31 juillet 2008 par Hmoreigne

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Le choc des images d’archives est terrible. Autrefois souriant et engageant, Bernard Kouchner depuis son entrée dans le gouvernement Fillon apparaît comme un homme froid au visage fermé, inutilement arrogant et agressif. La passe d’armes qui s’est déroulée le 18 juillet sur le plateau de France 24 avec le journaliste Ulysse Gosset, illustre le mal-être dont semble être la proie le Ministre des Affaires étrangères.

Quand Bernard Kouchner répond à l’invitation de France 24 pour un plateau, il pense sans doute trouver un média accueillant, sensible à son action gouvernementale. La création de la chaîne répond à une volonté politique de l’Etat Français de porter la voix de la France dans le monde entier avec une CNN à la française. Le Quai d’Orsay assure en outre l’essentiel du financement de la chaîne. Enfin, sa compagne Christine Ockrent a été nommée par l’Elysée directrice de France Monde, une nouvelle structure (holding) chargée de regrouper à l’avenir l’audiovisuel extérieur public  (France 24, RFI, TV5 Monde). Cette proximité entre la direction du groupe et le ministre des affaires étrangères a bien en son temps suscité des remous mais, dans l’essentiel du PAF et du milieu politique on estime que Christine Ockrent est une grande professionnelle et qu’il n’y aura pas conflit d’intérêt.

C’est sans doute ce que doit penser Ulysse Gosset lorsqu’il reçoit le ministre des Affaires étrangères. Les 8 premières minutes se passent bien. Le patron du Quai d’Orsay est décontracté jusqu’au moment où un reportage de quelques minutes sur le parcours du french doctor est diffusé. C’est le masque, le crime de lèse majesté. Mister Hide remplace le Dr Jekkyl, n’hésitant pas à parler un «portrait discutable» et d’une «illustration bêtasse».

Le journaliste qui a fait le reportage n’a pas pris de gants. Le portrait est cruel, du sac de riz au « passage à l’ennemi » en n’omettant pas de mentionner que : «son pouvoir est plus que limité, tous les dossiers sensibles sont gérés de l’Elysée» et que l’homme politique a connu « un succès politique mitigé ». Aucun scoop, aucune contre-vérité mais le reportage place Bernard Kouchner face à ses contradictions.

Le Canard Enchaîné, révèle l’affaire, abondamment reprise depuis sur internet. Selon l’hebdomadaire satirique, après quelques échanges tendus en plateau, ce serait lors d’une page de publicité que le ministre se serait véritablement emporté. Le vrai visage de Bernard Kouchner n’aurait pas du transparaître. Le ministre a retenu la leçon de la vidéo « off » de Nicolas Sarkozy su France 3. Des instructions sont données pour faire le ménage dans les bandes. Une pourtant échappe à la destruction, la bande de secours de la régie, en lieu sûr par une main anonyme.

Le malaise de Bernard Kouchner est compréhensible tant ces derniers mois ressemblent à un naufrage pour une personnalité de bientôt 69 ans qui a symbolisé pendant longtemps une forme de refus de la fatalité. Au départ,  Bernard Kouchner et son passé d’humanitaire  présentait le profil rêvé de ministre des Affaires Étrangères. Doté d’une réelle stature internationale avec les French doctors et son mandat de représentant spécial de l’ONU au Kosovo, on aurait pu espérer une diplomatie française flamboyante dans la lignée de Roland Dumas ou de Dominique de Villepin. Son passé d’homme de gauche (ancien ministre de gouvernements socialistes) laissait présager une volonté de dénoncer l’inacceptable.

Las, à l’ingérence pragmatique dérangeante, Bernard Kouchner a préféré la real politik arrangeante, construite sur un cynisme déconcertant tant avec l’Asie (Birmanie et Chine notamment) que l’Afrique demeurée pré carré d’intérêts très particuliers français. Alors que pour ce dernier continent Jean-Marie Bockel, autre transfuge de la gauche voulait réellement donner un coup de pied dans l’affairisme de la françafrique, il n’aura trouvé auprès de son ministre de tutelle aucun soutien et aura été contraint à rendre son tablier.

Vampirisé par l’hyperactivité de Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner, plutôt que d’un premier rôle auquel il aspirait se retrouve dans celui de simple « petit figurant » comme l’a si cruellement déclaré « son ami » d’hier, Arnaud Montebourg. De quoi susciter un mal être fort compréhensible.

Crédit Photo : Benjamin Lemaire - Virtuo Presse


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