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Bioctobre - jour 14 : Horloge

Publié le 24 septembre 2021 par Svtcolin
Ce billet est issu de la planche XI du Livre Bioctobre 2018-2019, autour du mot clé "Cruel".
Pour en savoir plus sur le livre et se le procurer rendez-vous sur cette page : Bioctobre 2018-2019 : Le livre  
Bioctobre - jour 14 : Horloge Planche N°XIV   #Clock

- Horloge -


    Le 18 septembre 1962, Michel Siffre ressort très affaibli après 60 jours passés dans le glacier souterrain « Scarasson ». Sauf que le spéléologue pense être le 20 août ! C’est la fin de la première grande expérience scientifique hors du temps. Michel Siffre s’est en effet volontairement confiné sans aucun repère temporel : pas de montre ni de radio, pas de lumière naturelle, pas de bruit lié aux activités, et des conditions climatiques constantes : 3 °C et 98 % d’hygrométrie (brr !). Il communique par téléphone à une équipe de surface les moments de ses repas, endormissements et réveils. Après cette première expérience, Siffre réitère le défi deux fois, avec un encadrement scientifique poussé : 205 jours dans une grotte au Texas financé par la NASA, et deux mois et demi pour le passage de l’an 2000 à l’âge de soixante ans ! 
    Bien que les repères soient perdus très rapidement, certaines siestes estimées à deux heures étant en réalité des nuits complètes ; le rythme physiologique circadien (c’est-à-dire journalier) fut maintenu sur des cycles de 24,5 heures environ. Cette véritable horloge interne est liée à l’activité spontanée de neurones du noyau suprachiasmatique (au niveau de l’hypothalamus). En temps normal ces neurones voient leur activité synchronisée avec la durée du jour grâce à la voie rétino-hypothalamique, et lorsqu’ils sont actifs ils inhibent la libération de mélatonine par la glande pinéale. Bien que cette glande soit située à proximité immédiate de l’hypothalamus, l’influx nerveux passe par la moelle épinière et les ganglions cervicaux supérieurs en dehors de l’encéphale… Cette voie, indirecte, sous-optimale, correspond à un héritage évolutif, et démontre bien l’absurdité d’une hypothèse créationniste « intelligente ». Une fois libérée dans le sang, la mélatonine régule différents aspects de la physiologie en lien avec les cycles de veille/sommeil. D’autres hormones telles que le cortisol, produit essentiellement le matin, sont également impliquées dans ces rythmes circadiens. 
    Ces expériences hors du temps à la base de la chronobiologie, furent complétées par des travaux à l’échelle moléculaire, réalisés par trois scientifiques américains : Hall, Rosbash et Young et couronnées par un prix Nobel de médecine en 2017. Aujourd’hui, les applications de ces travaux sont nombreuses en particulier pour corriger les troubles du sommeil liés à la lumière des écrans, aux fluctuations saisonnières, ou encore aux décalages horaires. Pour en savoir plus :
Michel Siffre, 1963. Hors du temps. L'expérience du 16 juillet 1962 au fond du gouffre de Scarasson par celui qui l'a vécue, Ed.Julliard. 332p. Bibliographie complète du livre
 Découvrez tous les autres articles autour du projet Bioctobre via ce lien : Bioctobre
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