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Dorothy

Par Rob Gordon
DorothyTrois films en quatorze ans : Agnès Merlet prend son temps, et c’est souvent une bonne nouvelle. Après les éblouissants Le fils du requin et Artemisia, on attendait beaucoup de Dorothy, thriller psychologique tourné en anglais. Sans doute trop : le film atteint rapidement ses limites du fait de l’incapacité des scénaristes à donner une cohérence et des enjeux forts à cette histoire. D’entrée, il est très difficile de croire au personnage de la psy, mal taillé pour une Carice van Houten dont la jolie frimousse ne masque pas la faiblesse du jeu. Sous couvert de psychologie et de suggestion, la première heure s’étale sur des faits insignifiants et ne raconte finalement pas grand-chose, plaçant tout le monde dans l’expectative. Et vlan, arrive le dernier acte, qui n’omettra aucun détail sur le pourquoi des troubles dont souffre la jeune Dorothy. Mortellement explicative, la fin annihile la part de mystère que le film avait mais beaucoup de temps à faire naître.
Pourtant, pris séparément, beaucoup d’éléments de Dorothy ont de qui attirer, voire satisfaire. À commencer par la jeune Jenn Murray, qui livre une prestation aussi incroyable que casse-gueule, jouant de sa voix et de son corps pour faire exister cette fascinante Dorothy, blonde comme les blés et complexe en diable. Elle participe à la création d’une atmosphère étrange et magnétique, qui rappelle celle de films comme The wicker man ou Les innocents. Problème : aussi réussie soit-elle, cette ambiance trouble pâtit du délitement permanent d’une histoire ne tenant jamais ses promesses. Les comportements de certains personnages vont à l’encontre de toute logique, et certaines ficelles sont vraiment trop grosses pour être acceptables.
Si la sincérité de l’entreprise n’est pas à mettre en cause, Dorothy donne la désagréable impression de s’être fait un peu arnaquer par une réalisatrice qui voulait nous vendre un grand film de genre mais n’a accouché que d’un énième ersatz pas dépourvu d’intérêt, mais manquant singulièrement de discernement dans sa façon de gérer images, personnages et rebondissements. La conclusion est simple : ce n’est pas parce qu’un film fait appel au surnaturel que l’on est en droit de raconter et de montrer n’importe quoi.
4/10

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