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Ii- ce sacré 19e siècle : bernard mandeville un sacré apiculteur

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam
II- CE SACRÉ 19E SIÈCLE : BERNARD MANDEVILLE UN SACRÉ APICULTEUR

Bien qu’il ne soit pas lui-même un penseur du XIXe siècle, Bernard Mandeville exercera une influence considérable sur les grands penseurs de ce siècle. En effet, sa fable des abeilles présente les bases essentielles de l’utilitarisme et de la pensée libérale.

Dans cette fable l’auteur nous conte la vie d’une ruche. Mais une ruche qui a la particularité d’être prospère. Cette prospérité, elle la doit au vice de ses élites. Ainsi, le médecin au lieu de régler le problème de santé de ses patients, les fait traîner et se fait payer à chaque fois, s’enrichissant de cette manière.

Il en est de même des magistrats qui au lieu de régler les litiges entre protagonistes, font durer les affaires pour s’enrichir à leur tour. Mandeville dans sa fable des abeilles donne plusieurs exemples similaires concernant d’autres professions.

À priori le comportement de ces élites est discutable et certainement dépourvu de morale. Mandeville nous dit qu’au contraire c’est le vice de ces personnes qui crée la prospérité. En effet, le médecin, le magistrat, toutes ces personnes qui se sont enrichies d’une manière tout à fait particulière, auront à dépenser leurs gains. Le médecin, puisqu’il a de l’argent en trop, va commander plusieurs costumes chez le tailleur. Le tailleur, lui-même, puisqu’il a beaucoup de commandes voit son revenu augmenter, en conséquence il peut le dépenser chez l’épicier, et ainsi de suite.

Le message de Mandeville est clair : les vices privés créent la prospérité publique.

En effet, autour de ces vices se créer tout un ensemble de négoces parallèles où beaucoup y trouvent leurs profits.

Toutefois, une abeille jalouse se plaint à Zeus qui fait en sorte que la ruche devient vertueuse.

Les abeilles devenues honnêtes offrent leurs réserves de miel et se trouvent ainsi démunies. Le médecin, qui maintenant effectue correctement son travail, n’a plus autant de richesses et ne peut plus commander de costumes, privant ainsi le tailleur d’un revenu substantiel. Ce dernier ne pourra donc pas acheter de marchandises chez son épicier. Et ainsi de suite.

Les gens sont devenus tellement honnêtes, que les magistrats n’ont plus de travail, et que les prisons se trouvent vides. Tous les métiers qui gravitaient autour de la justice n’ont plus aucune utilité. Ils sont au chômage.

Finalement, du fait même de cette vertu la ruche dépérit.

Dans cette fable il y a au moins deux messages :

Le premier concerne le libéralisme : il faudrait s’abstenir de mettre des entraves aux personnes qui entreprennent. Elles engendrent de la richesse. Ces vices, même s’ils sont basés sur des actions répréhensibles, finissent par créer de la prospérité, qui elle-même ce propagera aux autres membres de la société. Il y a là les prémices de la main invisible si chère à Adam Smith.

Le second message découle du premier, il concerne l’utilitarisme. Il ne faut pas porter de jugement moral sur le comportement des personnes qui entreprennent. Ce qui importe le plus, ce n’est pas la valeur morale intrinsèque du comportement ; ce qui compte, c’est le résultat final. Ainsi, voler est un acte immoral dans l’absolu selon la morale classique. D’après Mandeville et les utilitaristes, on ne peut juger un acte que par les conséquences utiles ou non pour la majorité. Si voler peut produire du bonheur pour un grand nombre de personnes, en conséquence, voler n’est plus un acte immoral. Il devient un acte moral du point de vue de l’utilitarisme. Cette fable est le modèle de raisonnement de plusieurs générations de jeunes libéraux.

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