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Présidence d'Emmanuel Macron : un quinquennat entaché par une multitude d'affaires (1)

Publié le 23 octobre 2021 par Albert @albertRicchi

Le coin des affairesArrivé au pouvoir en bénéficiant de l'effondrement de la droite causé par l'affaire Fillon, Emmanuel Macron avait pour objectif de moraliser la vie publique.

Mais depuis son élection, une quinzaine de ses ministres et membres de son cabinet ont été cités ou directement visés dans des affaires ou enquêtes judiciaires…

Une multitude d'affaires, un nombre important de ministres démissionnaires ou démissionnées, des personnalités non renouvelées lors des remaniements ministériels, ce qui donne une liste impressionnante d'affaires notables depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron.

François Bayrou,  Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez et l'affaire des assistants parlementaires du MoDem

Ne se présentant pas à l'élection présidentielle de 2017, François Bayrou, le président du Modem, soutient la candidature d'Emmanuel Macron, qui l'emporte et le nomme ministre d'État, garde des Sceaux, au sein du gouvernement Édouard Philippe.

Mais le 9 juin 2017, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour "abus de confiance" et "recel" à propos des assistants parlementaires d'eurodéputés du parti centriste. Les magistrats cherchent à déterminer si des collaborateurs ont été rémunérés par les fonds du Parlement européen alors qu'ils étaient en réalité affectés à d'autres tâches pour le MoDem.

Un mois et 4 jours après avoir été nommé, le maire de Pau est contraint de démissionner le 21 juin 2017 en compagnie des ministres Sylvie Goulard, ministre des Armées, et Marielle de Sarnez, ministre chargé des Affaires européennes.

L'affaire Richard Ferrand 

Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires dans le premier gouvernement Édouard Philippe est lui aussi été contraint de quitter le gouvernement d'Edouard Philippe le 19/06/17, soit quelques jours seulement après sa nomination. 

Le Canard enchaîné révèle en effet en mai 2017 que le ministre a attribué, en 2011, un marché public à l'entreprise de sa compagne pour la mise à disposition d'un local commercial alors qu'il dirigeait les Mutuelles de Bretagne. Le parquet de Brest ouvre une première enquête préliminaire en juin.

D'abord classée sans suite pour prescription, l'enquête prend un nouveau tournant en novembre 2017 après une plainte déposée par l'association Anticor pour "prise illégale d'intérêts" et "recel". Il est en examen en 2019 pour ce même motif par le parquet de Lille où l'affaire est dépaysée. En mars dernier, la cour d'appel de Douai a retenu la prescription en faveur de Richard Ferrand. L'association Anticor s'est pourvue en cassation.

L’affaire Laura Flessel 

Le 4 septembre 2018, la ministre des Sports d'Emmanuel Macron quitte le gouvernement à la surprise générale, officiellement "pour des raisons personnelles". Pourtant, selon Le Canard enchaîné et Mediapart, la démission de l'ex-championne d'escrime est due à l'oubli dans sa déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) de ses revenus issus d'une société de droit à l'image. Une omission chiffrée à "plusieurs dizaines de milliers d'euros", selon le site d'investigation, qui révèle que le fisc a informé la Commission des infractions fiscales (CIF) de Bercy, en vue d’une possible plainte pénale pour fraude, quelque temps avant sa démission. 

L'affaire Françoise Nyssen 

Elle n'est restée en poste à la Culture qu'un an et demi. En octobre 2018, la ministre Françoise Nyssen cède son maroquin à Franck Riester. Un changement précédé de plusieurs révélations du Canard enchaîné concernant des travaux illégaux au sein d'Actes Sud, la maison d'édition qu'elle dirigeait avec son époux. Outre l'agrandissement du siège à Arles (Bouches-du-Rhône), réalisé en 2011 sans les autorisations nécessaires, ce sont les locaux parisiens qui font l'objet d'une enquête préliminaire du parquet de Paris. L'agrandissement de 150 m2 des locaux d'Actes Sud, classés monuments historiques depuis 1926, n'avaient pas été signalés à la direction de l'urbanisme de la mairie de Paris, ni à l'administration fiscale. L'enquête a été classée sans suite en décembre 2020. 

François de Rugy et la polémique "des homards" 

Le 16 juillet 2019, François de Rugy, ministre d’Etat, ministre de la Transition écologique et solidaire démissionne après un été brûlant et la parution d'un article de Mediapart qui raconte la "vie de château" menée avec son épouse lorsqu'il présidait l'Assemblée nationale. Les clichés de homard et grands crus font polémique, quelques mois après l'émergence du mouvement des "gilets jaunes". Pour calmer le jeu, François de Rugy évoque des "dîners professionnels". Mais les révélations se poursuivent et le site affirme qu'il a réalisé des "travaux de confort" pour un total de 63 000 euros dans son logement de fonction. François de Rugy jette l'éponge à la veille d'une nouvelle publication où il est épinglé pour avoir utilisé 9 200 euros de son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) pour payer une partie de ses cotisations à Europe Ecologie-Les Verts.

Les mandats oubliés de Jean-Paul Delevoye 

Entré au gouvernement en septembre 2017 en tant que haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye remet sa démission le 16 décembre 2019 au président de la République après que plusieurs journaux, dont Le Parisien, ont pointé de multiples "omissions" dans sa déclaration à la HATPV, dont certaines susceptibles de générer des conflits d'intérêts. Au total, le "Monsieur retraites" du gouvernement a oublié de déclarer treize mandats.

Deux jours après sa démission, la HATVP saisit la justice. Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour "abus de biens sociaux", "abus de confiance" et "recel". Dans ce cadre, le domicile de Jean-Paul Delevoye fait l'objet d'une perquisition et il est entendu par des enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption. L'enquête est toujours en cours. 

Muriel Pénicaud et la soirée d'Emmanuel Macron à Las Vegas 

En 2017, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire pour "favoritisme" et "recel de favoritisme" à propos de l'organisation d'un déplacement de celui qui était ministre de l'Economie, en janvier 2016, à Las Vegas (Etats-Unis). Les enquêteurs cherchent à en comprendre les conditions d'attribution. L'organisation avait en effet été confiée à la société Havas par Business France, entité dépendant de Bercy et dirigée à l'époque par Muriel Pénicaud, sans qu'il y ait eu d'appel d'offres. Faute "d'indices graves et concordants", la ministre n'a pas été mise en examen, mais auditionnée par la justice en tant que témoin assistée. Elle quitte le gouvernement à la faveur du remaniement le 6 juillet 2020.

La mise en examen d'Agnès Buzyn 

Ministre de la Santé depuis le début du quinquennat, Agnès Buzyn quitte le gouvernement le 16 février 2020 pour remplacer Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris. A cette période, l'épidémie de Covid-19 est arrivée en France, le débat sur l'utilité du port du masque bat son plein et les critiques à l'égard de la gestion de la crise par le gouvernement s'amplifient. Au fil des mois, des dizaines de milliers de plaintes sont envoyées à la Cour de justice de la République, qui en retient moins de 20. Des perquisitions sont menées, en octobre 2020, aux domiciles et bureaux d'Olivier Véran, d'Edouard Philippe et d'Agnès Buzyn. L'ex-ministre de la Santé est finalement convoquée le 10 septembre 2021 et mise en examen le même jour pour "mise en danger de la vie d'autrui". Elle est aussi placée sous le statut de témoin assisté pour "abstention volontaire de prendre les mesures propres à combattre un sinistre". 

D’autres personnalités ont démissionné du gouvernement

- Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, démissionne le 28/08/18. Après avoir refusé le ministère de l'Écologie successivement proposé par les présidents Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, il accepte en 2017 d'être nommé ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire, au sein des gouvernements Edourad Philippe I et II. En désaccord avec plusieurs mesures prises par l’exécutif, il quitte le gouvernement quinze mois plus tard.

- Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, démissionne le 02/10/18. Le 1er octobre 2018, il présente sa démission du gouvernement à Emmanuel Macron, qui la refuse. Il réaffirme pourtant son intention de démissionner de ses fonctions le même jour, puis de nouveau le lendemain, ce qui contraint le gouvernement à entériner son départ. Ses fonctions sont assurées par intérim par le Premier ministre, Édouard Philippe, avec qui il entretenait des relations tendues depuis plusieurs mois.

- Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes quitte le gouvernement le 27/03/19. De 2017 à 2019, elle est ministre chargée des Affaires européennes dans le second gouvernement Édouard Philippe. Elle quitte le Gouvernement pour conduire la liste de la majorité aux élections européennes de 2019. Après avoir été longtemps donnée favorite dans les sondages, celle-ci arrive en deuxième position de ce scrutin (22,4 %), derrière celle du Rassemblement national (23,3 %).

- Benjamin Griveaux, Il est élu député en 2017 dans la cinquième circonscription de Paris et devient secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances au sein du gouvernement Édouard Philippe II. De 2017 à 2019, il est rattaché au Premier ministre et exerce la fonction de porte-parole du Gouvernement. Il démissionne du gouvernement le 27/03/19. pour se présenter aux élections municipales de 2020 à Paris, pour lesquelles il obtient l'investiture de La République en marche. Un mois avant le scrutin, la divulgation de vidéos privées à caractère sexuel par Piotr Pavlenski le conduit à retirer sa candidature alors qu’il faisait face à de mauvais sondages.

- Mounir Mahjoubi, Il est élu député dans la seizième circonscription de Paris lors des élections législatives de 2017. Le 16 octobre 2018, il est nommé secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances et du ministre de l'Action et des Comptes publics, chargé du numérique. Il démissionne du gouvernement le 27 mars 2019 afin de se préparer aux élections municipales à Paris. Il reprend son siège à l'Assemblée nationale le mois suivant.

(la suite dans un prochain article)

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