La route, d'Annie Lacour, exposée à la Galerie Univer, à Paris

Si, d’habitude, l’oie cacarde, celle d’Annie Lacour me regarde silencieusement passer devant elle dans la Galerie Univer depuis la première fois où j’y suis allé. D’autres volatiles l’ont rejointe flottant dans un petit lac près de la vitre. Tout a l’air calme, bien que ces animaux soient faits de plaques de métal travaillées, tordues. C’est le silence qui donne cet aspect tranquille. Mais que font donc, dans ce contexte, ces gens portant des bagages lourds que l’on voit comme à travers les cadres de fenêtres qu’évoquent les châssis des tableaux. Un exode ? Ils sont tous vus de dos, chargés, marchant courbés dans la blancheur froide du chemin balisé vers un horizon si lointain qu’on se dit qu’ils ne l’atteindront peut-être pas. Et pourtant ils partent. Vers l’inconnu. Qu’abandonnent-ils ? Ils ne regardent pas derrière eux la nature et les animaux qui sont absents des toiles et qui, peut-être, pensent que c’est leur tour, à eux qui restent, d’organiser la vie.