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Transmettre la mémoire… pour vivre

Publié le 11 novembre 2021 par Réverbères

Transmettre la mémoire… pour vivre
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Il faut bien l’avouer : je n’aurais jamais pensé, il y a quelques années encore, assister à une cérémonie de commémoration du 11 novembre 1918. Je n’ai pas beaucoup d’attirance pour le passé et encore moins pour les guerres passées qui n’auraient jamais dû avoir lieu.
Ce matin, j’ai assisté avec émotion à l’hommage qui a été rendu dans mon village, Archennes. Je ne suis toujours pas attiré par le passé et ses guerres, mais deux éléments m’ont amené à me dire que ma place était là.
D’une part, mon père – même s’il n’est plus là physiquement – m’accompagne dans ma vie quotidienne. Il était né durant cette grande guerre et n’en a sans doute pas vraiment ressenti toute la barbarie. Mais lors de la suivante, dès les premiers jours d'invasion de la Belgique, il devint prisonnier de guerre, en captivité pour cinq ans de sa vie. Il n’en parla jamais beaucoup, mais depuis sa mort, à 98 ans, j’ai pris encore plus conscience du poids de ces stupidités guerrières. Ceux et celles qui les ont vécues, de près ou de loin, avec une jeunesse bousillée, voire définitivement disparue, ont bien droit à tout notre respect et notre souvenir. Pour la plupart, ils ou elles n’ont rien demandé. Mais ils se sont retrouvés dans un engrenage monstrueux qui, parfois, leur a pris leur vie, bêtement, sans seconde chance…
D’autre part, l’engagement citoyen que permet mon changement, il y a cinq ans, de région linguistique m’aide à mieux comprendre ce que signifie la mémoire citoyenne. Il ne s’agit pas de glorifier qui que ce soit dans le fatras des bêtises humaines. Il s’agit seulement de ne pas oublier. Et peut-être de revivre un peu, juste par le souvenir, les derniers moments de ces personnes qui fondamentalement ne demandaient qu’une chose : vivre libre.
Lors de la cérémonie de ce matin, après le (court) discours de circonstance de Thierry, porteur du drapeau du souvenir, il y avait deux gerbes de fleurs à déposer devant le monument. La première le fut, logiquement, par le bourgmestre. Pour la seconde, Thierry, maître de cérémonie, invita un enfant qui y assistait avec sa maman, à venir faire ce geste simple. Par cette invitation spontanée, Thierry a donné tout son sens à ce moment. Il s’agit bien de transmettre la mémoire, de garder vivants ces citoyens – nos parents, nos grands-parents, ceux de nos voisin·es… – qui se sont retrouvés dans une situation que personne ne souhaite vivre, mais qu’ils ont assumée. Sans doute avec plus de peur que de courage.
Il n’y a pas de plus grand courage que d’avoir peur de mourir pour ceux et celles qui restent. Il est important que les enfants et les jeunes le sachent et ne l’oublient pas. L’ennemi qui les attaquera n’aura peut-être pas un fusil en mains. Dans cette guerre climatique mondiale, il sera invisible. Certains de nos enfants et de nos jeunes y laisseront sans doute aussi leur vie, sans l’avoir demandé, sans même savoir si cela permettra aux autres humains de continuer à vivre libres. Au moment où la COP26 se termine, avec des effluves nauséabonds d’échec, voir un enfant fleurir ce monument aux morts m’a permis de respirer un parfum – tout aussi éphémère que fondamental – de liberté, d’espoir, de vie.


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