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L’Indien blanc

Publié le 15 novembre 2021 par Adtraviata
L'Indien blanc

Quatrième de couverture :

Walt Longmire, le shérif du comté d’Absaroka, n’a pas pour habitude de s’éloigner de ses terres familières du Wyoming. Quand il décide d’accompagner son vieil ami Henry Standing Bear à Philadelphie, où vit sa fille Cady, il ne se doute pas que son séjour va prendre une tournure tragique. Agressée pour une raison inconnue, Cady se retrouve dans le coma. Ell est la première d’une longue liste de victimes, et Walt doit se lancer sur la piste d’un vaste réseau de trafiquants de drogue. Commence alors une longue errance urbaine sous la surveillance d’un mystérieux Indien blanc.

Ce nouveau volet des aventures de Walt Longmire nous entraîne dans une course-poursuite haletante au cœur de la Cité de l’amour fraternel.

Dans cette troisième enquête de Walt Longmire, le shérif au grand coeur (je sais, ça fait cliché mais il est comme ça, Walt), nous sommes à Philadelphie où Walt a accompagné son ami Henry Standing Bear pour une importante expo photos et en profite pour retrouver sa fille Cady, « la meilleure avocate du pays ». Ou plutôt c’est Cady qui profite de l’occasion pour lui présenter son compagnon, Devon Conliffe, une relation assez sérieuse pour le présenter à son père. A l’appartement de Cady, c’est Lena Moretti, la mère de Vic (l’adjointe du shérif dans le comté d’Absaroka, Wyoming) qui accueille Walt, une femme apparemment très libre et sensuelle, épouse et mère de plusieurs flics sauf un, cuisinier (le père chante aussi à l’opéra, c’est une famille assez originale). Hélas, Walt ne retrouvera Cady qu’à l’hôpital, dans un état critique : elle a été agressée en ville, à un endroit où elle n’était pas censée être et est dans le coma, victime d’un grave traumatisme crânien. Quelques jours plus tard, c’est Devon Conliffe, que tout accusait de l’agression envers sa « fiancée », qui est à son tour jeté d’un pont.

L’enquête des policiers de Philadelphie – que le shérif Longmire suit ou aide ou encombre, c’est selon les points de vue – et qui va le mettre lui-même en danger – va révéler un trafic de drogue dans lequel trempent des notables et où un « Indien blanc » joue un rôle d’abord difficile à saisir. Il s’avèrera qu’il a été positivement influencé par Cady, et que cela a déclenché un jeu de dominos, d’où les agressions violentes dont plusieurs personnes ont été victimes.

Dans cet opus, on retrouve la fraîcheur, l’humour, les collègues et amis fidèles de Walt Longmire, son intelligence, son courage, sa vulnérabilité face aux belles femmes de caractère mais surtout son amour tellement fort envers sa fille et le courage qu’il va déployer pour trouver qui l’a agressée sans devenir lui-même un assassin (merci, la Nation cheyenne) et aussi pour attendre que Cady se réveille peut-être un jour. Décidément, Walt Longmire est lui aussi en train de devenir un de mes amis de papier (je l’ai peut-être déjà écrit ?)

Dans la scène d’ouverture, très drôle, où Walt, pour assurer sa réélection, fait la lecture à des gamins :

« — Ça fait combien de temps que tu es shérif ?
— Vingt-trois ans.
Il me semblait que cela faisait plutôt un million d’années.
— Tu connais Buffalo Bill ?
C’était peut-être bien un million, finalement. »

« Je sais que c’est idiot… mais il n’y a pas une seule photo de moi. (Je m’éclaircis la voix, espérant que j’aurais peut être ensuite l’air moins stupide et pathétique). Pas de photos de moi, ni chez elle, ni ici.
Il resta silencieux tandis qu’il me regardait patauger dans la culpabilité de mes émotions mal placées comme un animal blessé.
Je pensais juste que j’étais assez important dans sa vie pour mériter une ou deux photos.
Il tendit lentement un bras par-dessus le bureau et appuya sur la barre d’espacement de l’ordinateur.
Je levai les yeux et la vague qui me submergea fut une déferlante d’émotions : ruisselante, profonde et très ancienne. Je restais là tandis que le flux redescendait, mais l’eau salée resta dans mes yeux et me brouilla la vue.
Le fond d’écran était une photo géante de moi, la tête contre celle de Cady, et il était évident, étant donné l’angle de la prise de vue, qu’elle avait pris la photo en tenant l’appareil à bout de bras. Nous souriions tous les deux et elle avait le nez collé dans mon oreille. »

« Il chuchota, la tête penchée vers moi.
– Où est-ce que vous avez trouvé cette idée pour le fort ?
Je chuchotai à mon tour.
– VTI.
C’est quoi ?
– Vieux Truc Indien. »

« Osgood lança un regard appuyé à Vic et la détailla de son tour du cou en turquoise jusqu’à ses bottes. J’avais une envie irrépressible de le balancer par dessus la balustrade.
– Alors vous venez du Wyoming ?
Elle finit son cocktail trouble et sortit une olive qui avait été empalée sur une minuscule épée en plastique.
– Je viens de la 9ème rue, espèce de sous-merde, et t’avise pas de l’oublier. »

« Je m’assis sur la chaise à côté du lit et contemplai son visage immobile et les objets cheyennes disposés tout autour d’elle, et je me mis à pleurer. Je ne pouvais plus m’arrêter. Toute l’émotion accumulée durant la dernière semaine fissura mon personnage de gros dur, qui commença à craquer comme un morceau de glace jeté dans un seau d’eau chaude. Je sentais le flot de larmes sur mes deux poings réunis. Je ne me rendis pas compte que Michael bougeait, mais je sentis sa main se poser sur mon épaule. La vilaine  bogue de cynisme qui avait tenu Cady à distance et qui m’avait préparé à la laisser partir se délitait. Je passai rapidement de l’abattement au soulagement et lorsque mes yeux parvinrent à s’ouvrir à nouveau je remarquai que j’avais littéralement écrasé l’attelle de mon doigt. » (p. 253-254)

« Comme beaucoup de choses dans ma vie, je l’avais usé jusqu’à la corde, mais c’est l’amour qui l’avait usé, et c’est la meilleure usure qui soit. Peut-être sommes nous comme toutes ces voitures délabrées, ces outils cassés, ces vêtements usés, ces disques rayés et ces livres cornés. Peut-être que la mort n’existe pas, peut-être que la vie nous use à force d’amour, c’est tout. » (p. 346-347)

Craig JOHNSON, L’Indien blanc, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, Gallmeister, collection Totem, 2013

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