Magazine Beaux Arts

Naissance de l’utilitarisme 4 : les bases de l’utilitarisme de jeremy bentham

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam
NAISSANCE DE L’UTILITARISME 4 : LES BASES DE L’UTILITARISME DE JEREMY BENTHAM

Avec Jeremy Bentham, l’utilitarisme prend son expression la plus aboutie. Bentham sort du concept vague de l’intérêt général des anciens penseurs pour proposer une pensée utilitaire structurée. On trouve dans son ouvrage de 1789 – Introduction to the Principles of Morals, Introduction aux principes de la morale et de la législation -, toutes les caractéristiques de l’utilitarisme moderne.

Ce livre servira de base à tous les autres penseurs de l’utilitarisme anglo-saxons suivants, en particulier John Stuart Mill. Cependant, Mill ne se contentera pas de reprendre les principes de Bentham, il les complètera, les améliorera, voire les critiquera. Le travail de Stuart Mill, en ce sens, est le complément de celui son prédécesseur.

Il y a dans cet ouvrage de Bentham les grandes lignes de l’utilitarisme tel que nous le connaissons de nos jours.

BASES DE L’UTILITARISME BENTHAMIENNE

Deux éléments fondamentaux caractérisent cet utilitarisme :

Tous les humains ont intérêt à rechercher le plaisir, et à éviter la souffrance. Toutes les actions humaines tendent vers cet unique intérêt.

– Une action en elle-même n’est ni bonne ni mauvaise. Elle est bonne si elle procure le maximum de plaisir au maximum de personnes.

Le mot intérêt est ici primordial puisque l’être humain agit toujours par intérêt personnel. C’est sa motivation majeure. Aucune action n’est désintéressée en elle-même, elle est obligatoirement mue par l’intérêt individuel.

Ceci constitue une opposition frontale avec la pensée morale classique attribuée à Emmanuel Kant. Selon Kant, pour être qualifiée de morale, une action doit toujours être désintéressée.

Il ne faut pas considérer l’utilitarisme de Bentham comme amoral, ou immoral. Il peut paraître immoral par rapport à une autre conception morale. Ce n’est certainement pas une idéologie amorale, au sens de dépourvue de morale. Il s’agit d’une morale différente.

L’ARITHMÉTIQUE DES PLAISIRS : LA GRANDE FORMULATION DE JÉRÉMY BENTHAM.

Bentham propose une manière très singulière pour l’évaluation de l’utilité d’une action. C’est le calcul, ou l’arithmétique des plaisirs. Une action reçoit une cotation, selon des critères définis.

Critères des plaisirs seulement Jérémy Bentham :

  • Durée : Un plaisir long et durable est plus utile qu’un plaisir passager ;
  • Intensité : Un plaisir intense est plus utile qu’un plaisir de faible intensité ;
  • Certitude : Un plaisir est plus utile si on est sûr qu’il se réalisera ;
  • Proximité : Un plaisir immédiat est plus utile qu’un plaisir qui se réalisera à long terme ;
  • Étendue : Un plaisir vécu à plusieurs est plus utile qu’un plaisir vécu seul ;
  • Fécondité : Un plaisir qui en entraîne d’autres est plus utile qu’un plaisir simple ;
  • Pureté : Un plaisir qui n’entraîne pas de souffrance ultérieure est plus utile qu’un plaisir qui risque d’en amener.

Si on devait comparer deux ou trois actions pour n’en choisir qu’une, celle qui aura le score le plus élevé est, par définition, celle qui est la plus utile, donc celle que l’on devrait favoriser.

TOUS LES PLAISIRS SE VALENT SELON BENTHAM.

Une affirmation de Bentham a soulevé beaucoup d’objections :

« Tout préjugé mis à part, le plaisir procuré par le jeu d’épingle est le même que celui provoqué par l’écoute d’un poème. »

Pour mémoire le jeu d’épingle est un jeu de société répandu à l’époque.

QUELQUES GRIEFS ENVERS LA PENSÉE DE BENTHAM

Beaucoup de penseurs, en particulier du continent européen ,ont opposé à l’utilitarisme de Jérémy Bentham quelques critiques, parfois très sévères.

  • Jérémy Bentham ne précise pas quel type de plaisir rechercher.

En effet, Bentham dit que chacun doit trouver son propre plaisir de la manière dont il l’entend. Il n’entre dans aucune considération d’ordre moral. Il ne dit pas qu’il y a des plaisirs interdits et d’autres encouragés.

Ma proposition : Bentham ne veut pas entrer en contradiction avec ses propres préceptes. En effet, définir les attributs d’une action consiste à revenir à la notion de bien et de mal de la morale classique.

  • Jérémy Bentham parle de la quantité d’un plaisir, jamais de sa qualité

En effet, lorsque Bentham affirme que le plaisir du jeu d’épingle est le même que celui de l’écoute d’un poème, il fait allusion à la quantité, mais pas à la qualité.

Ma proposition : Ce qui intéresse Bentham, c’est essentiellement l’utilité d’un plaisir. S’il devait dire que des plaisirs, par leurs qualités, sont supérieurs, cela peut conduire à minimiser ceux des autres. On risque de rentrer dans une surenchère où seuls les plaisirs des puissants, des plus raffinés sont pris en considération.

  • Le plaisir individuel ne crée pas le plaisir général.

Jérémy Bentham ne dit pas comment rechercher le plaisir, il ne dit pas non plus quel type de plaisir rechercher. Chacun est libre de faire comme bon lui semble dans sa quête. Le corollaire est que, lorsque que le maximum de personnes aura acquis le maximum de plaisirs, cela, fatalement, se ressentira au niveau général.

Ceci est sévèrement contesté par d’autres penseurs.

Ma proposition : En aucun cas il ne s’agit de faire une addition des plaisirs individuels. Cela n’a aucun sens d’additionner des plaisirs aussi disparates et aussi différents les uns des autres. Mais surtout aussi subjectifs.

Le plaisir général obtenu est différent des plaisirs pris individuellement. Lorsqu’une grande partie de la population aura acquis le maximum de plaisir selon la grille de Bentham, il en découlera un plaisir collectif particulier. Si, en exemple, le maximum d’individus a acquis le maximum de plaisirs individuels, il pourrait en résulter un sentiment de satisfaction collectif distinctif. Ce sentiment de satisfaction, peut-être différent de tout ce que ressentent les individus pris séparément.

Je continue min article sur Bentham avec son projet pénitencier le panoptique.

#JérémyBentham #utilitarisme #WilliamGodwin #XIXesiècle #stuartmill #révolutionindustrielle #socialisme #bernardmandeville #davidriccardo #adamsmith

#IntroductiontothePrinciplesofMorals, #Introductionauxprincipesdelamoraleetdelalégislation


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Abdesselam Bougedrawi 116 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte