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Même pas mal

Publié le 19 novembre 2021 par Adtraviata
Même pas mal

Quatrième de couverture :

Un mari toxique, une grossesse non désirée, l’amour qui s’en va, la perte d’êtres chers, un corps malade qui n’obéit plus, chaque personnage de ce recueil doit faire face à la souffrance. Certains l’apprivoiseront comme un animal sauvage, d’autres la retourneront à leur avantage, tous parviendront d’une manière ou d’une autre à l’empêcher d’envahir leur existence.

Douze nouvelles émaillent ce court recueil, qui tournent toutes autour de la douleur physique ou de la souffrance morale. Ou les deux… J’en épingle quelques-unes particulièrement marquantes.

Un homme assez terne et largué par sa femme se met à la course à pied. Peu doué au départ, il en arrive à courir plusieurs marathons par an, infligeant à son corps une épreuve physique que l’adrénaline occulte complètement. (Bigorexie)

Dans un texte entièrement au conditionnel (sauf la chute), un homme imagine qu’on lui annonce le décès de sa compagne. Une verion moderne du mythe d’Orphée. (Euridyce)

Une femme assiste à un concert de piano. Très critique car elle est elle-même pianiste, elle décide de quitter la salle, bien décidée à ne pas regagner son appartement du Vieux-Lyon sans avoir dragué un beau serveur. Mais la mémoire est trompeuse… (Quand minuit sonne)

Une jeune femme va passer seule la nuit à l’hôpital, on refuse à son compagnon de rester avec elle sur un lit de camp. Nuit au calme où les apparences vont révéler leur vrai visage et où une décision pourra enfin être prise. (Je ne veux pas d’ennuis)

Un homme découvre que sa femme le trompe en fouillant dans son téléphone. Les deux tourtereaux se sont baptisés « Têtard » et « Grenouille ». La métaphore batracienne est parfaitement filée jusqu’au dîner de grand luxe où mari et femme vont « conclure » avec ruse. (Potlacht)

Si je n’en retiens ici que cinq, c’est pour vous donner le goût de lire le recueil entier, seuls un ou deux textes m’ont paru de qualité un peu moindre. Tous mettent donc en scène des hommes et des femmes confrontés à la souffrance, mais qui essayent de contourner celle-ci, de l’esquiver, voire de l’endormir, de l’anesthésier. Leurs parades ne sont pas toujours efficaces, leurs décisions sont souvent inattendues, comme le montrent plusieurs nouvelles à chute. Brice Gautier manie l’humour – parfois noir – avec brio mais il sait aussi faire preuve d’une pudeur poignante face à certaines douleurs secrètes, cachées. L’auteur enseigne à Villeurbanne et on reconnaitra avec plaisir certains quartiers de Lyon dans ses nouvelles.

« Je décidai donc d’entrer dans un magasin de chaussures de sport.
Le vendeur repéra vite à mon allure que le trajet le plus long que j’étais capable de faire en courant était de traverser la rue pour éviter une voiture. Il s’employa donc à me vendre la paire la plus chère, la plus technique, celle qui court toute seule, qui respire de manière autonome, qui évite les cailloux et permet de marcher sur l’eau à condition d’atteindre une certaine vitesse. »

« Il m’aurait probablement fallu un père pour m’enseigner l’art complexe du bricolage, mais l’individu m’ayant engendré ne s’était pas fait connaître auprès de moi autrement que par le récit que me fit ma mère de sa fuite précipitée à l’annonce de sa grossesse avancée. »

Brice GAUTIER, Même pas mal, Quadrature, 2021

Un très grand merci à Patrick Dupuis et aux éditions Quadrature pour l’envoi de ce recueil !


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