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Une lettre reçue

Publié le 03 août 2008 par Vincent

Il y a une quinzaine de jours, je me suis replongé dans les romans de Françoise Sagan. Et j’ai redécouvert la préface des Merveilleux Nuages, le poème dont est extrait le sous-titre de mon blog. J’avais commencé à écrire sur tout ce qu’il me rappelait, sur celle qui m’avait prêté ce roman, celle avec qui j’ai partagé et découvert tant de choses pendant mon adolescence, et que j’avais finalement repoussé au petit matin, une nuit de fin d’été, sous la tente. La dernière fille.

Ce billet est resté à l’état de brouillon, et il le restera, parce qu’elle m’a écrit il y a quelques jours, comme si elle avait deviné tous les souvenirs que j’écrivais pour ce blog. Une longue lettre, comme toutes celles que l’on s’est échangées pendant des années, il y a dix ans.

Je ne sais pas quoi lui répondre, tant tout ce qu’elle m’a écrit est vrai. Alors plutôt que d’essayer de dire celui que j’étais entre 16 et 18 ans, ce qu’il y avait entre nous, je vais utiliser ses mots.

[...] Tu as su conserver ton mystère, malgré les interrogatoires de ces filles qui grouillaient et pépiaient autour de toi.

Nos longs échanges épistolaires ne tenaient-ils qu’à l’émulation, à notre goût commun de l’écriture ? À la correspondance de nos milieux sociaux ? À l’éducation reçue ?

Deux visions du monde qui ont dû évoluer à distance, probablement. Peut-être sur des chemins parallèles, qui sait ?

Somme-nous deux faces d’une même personne ? Toi plus stable, plus éduqué, plus averti sur la nature humaine, plus patient.

[...]

G. est passé dans mon dos. “J’écris à Vincen-t. Mon copain d’écriture”. Il a souri.

Et puis après tout, ce brouillon d’il y a deux semaines, je vais le recopier ici, avant de l’effacer. Il n’est pas terminé, il s’arrête sur un instant dont je me souviens toujours. Après, il n’y a plus eu que des garçons, ou presque. Et pour seul regret celui de m’être éloigné de Chloé.

Cette phrase qui sous-titre mon blog vient comme je l’avais déjà écrit d’un poème de Baudelaire.

Ma découverte de ce poème, je m’en suis souvenu il y a quelques jours alors que je me replongeai dans les romans de Françoise Sagan - suite obligée au film, c’était dans la préface d’un de ses romans : Les merveilleux nuages. C’est Chloé qui m’avait prêté ce volume, préfacé par ce poème de Baudelaire.

Et nous avions partagé ce poème.

Chloé, c’était mes dernières années lycée et mes années collège. Elle avait fait le tour du monde, et elle était arrivée dans ma classe en 4ème. Tout de suite nous avions été amis. De nos rédactions de français au collège à nos dissertations de philo en terminale, tout était entre nous sujet à une bataille complice. Nous échangions des lettres de plusieurs dizaines de pages, tout comme de petits billets, glissés entre les pages des livres que nous nous prêtions.

J’étais en troisième lorsque, sous un cerisier en fleur quelque part en allemagne, j’ai su qu’il y avait entre nous plus que de l’amitié : elle avait embrassé un autre garçon, et je découvrais la jalousie.

Cinq années d’adolescence, de complicité, de secrets partagés, de discussions passionnées, de découverte du monde et de la vie.

Jusqu’à cette soirée de fin d’été. Une fête parfaite, un piano sur la terrasse où je m’étais installé. Les filles s’étaient succédées à mes côtés, et les verres aussi. J’improvisais, autour de chansons, de musiques de film. Et au petit matin, 


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