Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 396

A chacun sa féérie 

Parc Bordelais, entrée rue d’Eysine, 17 novembre 2021. Il fait frais mais le ciel bleu accompagné d’un vif soleil a délogé de leur tanière même les plus récalcitrants : joggeurs, collégiens, retraités et personnel des parc et jardin se disputent l’espace… Il n’y a que le Guignol Guérin qui n’a pas daigné se déplacer pour raison de rentabilité insuffisante en semaine.. Les feuilles jonchent le bitume des allées. Sur les pelouses humides, les amoureux des journées estivales goûtent une dernière fois la joie de se prélasser…. avant que le soleil disparaisse et fasse tomber la froidure de l’hiver proche.

Sous les chênes orangés, les oiseaux migrateurs pépient. J’aime leur dernier concert accompagné du bruissement des feuilles séchées sous mes pas. Le lac n’est plus loin, je l’aperçois au travers les branches des épicéas juste au moment où un rayon de soleil particulièrement ardent illumine le feuillage jaune d’or ou rougeoyant des Ginko biloba et des liquidambar . Les ridules sur le lac, l’envol des canards. Le tableau est complet…magique ! Nous sommes plusieurs sous le charme. Certains attrapent leur portable, pour immortaliser le moment et le « balancer sur la toile » mais la magie est fugace, impossible à fixer dans une autre mémoire… heureusement !

Un nuage a caché le rayon… le lac a repris ses couleurs sombres de fin d’après-midi…Fin de la parenthèse. Je poursuis mon chemin, me rapproche de l’entrée principale.. De loin, des tâches multicolores parsèment sous-bois et pelouses. Intriguée, je m’en rapproche. Des animaux de la savane, pandas, bonbons géants, parapluies déployés, licornes, pieuvres… Tout un monde hétéroclite 100% plastique a envahi un quart du parc bordelais. Mise en scène, haute en couleurs criardes pour les soirées de fin d’année des bordelais, de petites affiches décrivent chaque tableau…. Je me renseigne : la féérie du parc, de 18h à 22H, est payante. Il coûte de 11 à 13 € par personne au-dessus de 2 ans. Tout en écoutant mon interlocutrice, j’imagine cette heure de balade balisée, baignée des lumières de ce monde « enchanté », tous à la queue leu leu avec les cris d’enfants excités .. sans supplément … de quoi rêver !! Mais Il est vrai que cette magie là n’est pas aléatoire….

Virginie Perchais