Fin de congé

Je reprends le travail demain. Ne riez pas ! Certes, je ne vais travailler que trois jours avant d'être en grandes vacances... (je suis instit, pardon, maintenant on doit dire « professeur des écoles ») mais c'est la loi. Les congés parentaux, chez nous, c'est de 6 mois en 6 mois, j'ai donc pris un an et demi. En vérité, j'ai été arrêtée très tôt pendant la grossesse, (en mai pour un accouchement en octobre,) j'ai enchaîné sur un congé maternité, des vacances de Noël et 18 mois de congé parental, ça va donc faire un bail que je n'ai pas travaillé... Enfin, pas travaillé, c'est vite dit ! Pas travaillé pour de l'argent... parce que... j'ai travaillé ! Jugez plutôt :

Avant ce congé, j'étais instit...

Maintenant, je suis danseuse, écriveuse de blog, conférencière, animatrice de réunion de parents, formatrice bénévole et débutante en communication non violente (mais sans avoir le diplôme...), bénévole dans une association écologique, institutrice, j'ai animé des groupes sur la simplicité volontaire, j'ai gardé des tonnes d'enfants, j'ai amélioré ma maîtrise d'Internet, j'ai réfléchi sur tout un tas de sujets sur lesquels je n'avais pas pu prendre le temps de réfléchir, dont notamment à un engagment au niveau politique, à me syndiquer...  J'ai beaucoup travaillé au jardin, j'ai passé des centaines d'heures à discuter avec mes amis/copains/voisins/et même inconnus... J'ai lu des tonnes de livres, surtout des romans pour ados (j'adore!) et quelques bouquins de formation personnelle... J'ai pensé à mon avenir, pas trouvé de solution, mais plein de pistes intéressantes (dont, l'enseignement, finalement!). J'ai porté ma fille jusqu'à 10 heures par jour, j'ai joué avec  mes enfants, raconté plein d'histoires (je faisais déjà ça, avant, mais moins, forcément) et beaucoup cuisiné...

En bref, à part nos économies qui ont forcément pas mal fondu (en même temps, à quoi ça servent les économies, sinon à s'offrir des vacances... ? Et dans notre cas, de superbes et longues vacances!!! ) le bilan n'est que positif ! 

En fait, en faisant ce premier bilan de mon congé, je me rends compte que l'avantage principal est que j'ai pu tester plein de choses, faire des trucs que je pensais bons pour moi... et éventuellement constater que finalement, ce n'était pas ce que je pensais...

Par exemple, je voulais danser, j'ai dansé. J'ai pris 4 cours par semaine presque toute l'année, j'ai pas mal dansé chez moi, j'ai monté avec mon compagnon un spectacle de 20 minutes que nous avons pu présenter lors de deux festivals... et c'était génial ! Mais la vie d'intermittent du spectacle, je pense que ce n'est pas pour moi. En tout cas, pas en ce moment... Mais il fallait le faire, il fallait essayer... et ce que j'ai constaté, par contre, c'est que je ne peux plus envisager de vivre sans danser. Tous les jours, il faut que je me trouve un petit ou grand temps pour m'adonner à cette passion, ce besoin...

L'autre chose que je voulais dire aussi, c'est qu'il m'a fallu beaucoup de temps pour déconnecter de ma vie « d'avant ». Je ne suis pas particulièrement rapide, je pense, mais j'ai mis 18 mois à arrêter de penser à l'école, à mes projets présents et futurs et à mes élèves... (ce qui prouve qu'il y avait vraiment besoin d'une pause ! ) avant de pouvoir commencer à penser à ce qui m'habitait qui était auparavant écrasé par l'école... J'espère que toutes mes autres vies ont pris assez de place en moi, ont eu suffisamment de temps pour se déployer pour que ma reprise ne marque pas la fin de cette période de recherche de moi, qui suis-je, que veux-je, où vais-je...? (et dans quelle étagère ??) (je pense que non, je ne reprends qu'à mi-temps et j'ai pris pas mal d'assurance !)

Et pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que c'est la simplicité volontaire qui m'a permis de prendre ce congé avec aussi peu de revenus, qui m'a permis de déblayer ma vie pour y retrouver mes rêves et de m'y accrocher, qui m'a permis, en somme, de vivre cette incroyable expérience ! Il fallait bien que je le partage avec vous !
(et en passant, merci à vous qui nous lisez, grâce à vous, nous écrivons !)