Dans ce film muet, tourné au tout début du XXe siècle, Emil Jannings (photo ci-contre extraite du film) interprète le portier d’un grand hôtel qui va être rétrogradé pour cause de « sénilité », de grand âge. Non seulement on lui retire les habits prestigieux de sa fonction, mais il va désormais travailler non plus à l’accueil des clients, mais aux toilettes, au sous-sol, payé au pourboire, à peine regardé. Du jour au lendemain, il perd donc ses revenus et la considération des voisins : tous se moquent et il va même devoir quitter son domicile. Seul le gardien de nuit de l’hôtel lui montre encore de l’attention. Murnau, soulignant l’injustice de la situation invente une fin heureuse, un héritage.
Ce film d’une heure et demie est remarquable par l’image même. Toute la première scène se passe de part et d’autre de la porte tournante : le mouvement est incessant, au premier plan nous voyons un jeune homme chargé de faire tourner la porte pour les entrants et les sortants, puis nous apercevons les va-et-vient des voitures sur la route et des gens qui en descendent accueillis par le portier, et voilà qu’il pleut. Des portes, il y en aura d’autres, portes battantes (toujours dans l’hôtel), ou portes simples donnant sur des paliers dans les escaliers d’un immeuble d’habitation. Il y a des rues, pour les voitures, pour les piétons, il y a aussi une gare.
On peut quand même penser qu’il y a moins d’un siècle, le grand âge était une punition et qu’une retraite payée, si toutefois elle était déjà imaginée, n’était pas une réalité partagée par tous : il valait mieux avoir un héritage… Sous une autre forme aujourd’hui, le débat existe encore : une retraite plus tard prétendent certains, et des avantages fiscaux pour les plus riches qui peuvent transmettre des avoirs.
J'ai vu ce film sur proposition de MK2 Curiosity.
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