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Sida : une persistance favorable au business pharmaceutique

Publié le 05 août 2008 par Hmoreigne

onusida.1217929617.jpgDites 33. 33 millions de séropositifs dans le monde et autant de clients potentiels pour les laboratoires. La faiblesse de la prévention et surtout les difficultés rencontrées dans la mise au point d’un vaccin place les grands laboratoires en position de force, pour imposer leurs prix. 25 années plus tard le bilan de la lutte contre le Sida est en demi-teinte. Cahin-caha, les pays riches semblent s’accommoder de la maladie. Les traitements même lourds qui permettent de redonner de l’espérance de vie aux malades ont changé le regard de la société. Plus qu’un corps à corps pour terrasser la maladie, “le choix ” semble avoir été fait de la résignation, du vivre avec.

Grâce à la multiplication des antirétroviraux, une trentaine aujourd’hui, et à la trithérapie le traitement du sida a considérablement évolué. L’espérance de vie des malades s’est certes accrue de treize années mais reste inférieure de vingt ans inférieure à celle du reste de la population et nécessite de suivre un traitement à vie avec des effets secondaires.

Dans les pays en développement le processus d’accès aux soins semble, s’être doucement mis en marche. Le nombre de malades traités par des antirétroviraux est en progression, près de 3 millions selon l’OMS. Du mieux donc mais, loin d’être suffisant. 6,7 autres millions de malades restent à l’écart. Problème d’accès aux médicaments mais aussi aux infrastructures sans oublier, la pénurie de personnel de santé.

Si traiter les malades est une impérieuse nécessité, la vraie solution, universelle,  passe par la mise au point d’un vaccin préventif et sa commercialisation. Une solution quasi miraculeuse que l’on fait miroiter depuis longtemps mais qui n’arrive pas à se concrétiser. La cinquantaine de projets dans le monde, sur un vaccin, préventif ou thérapeutique, semble dans l’impasse. Pire un certain nombre de grands laboratoires ont annoncé leur désengagement mais, pas seulement pour des raisons techniques. La question des brevets et donc de la rentabilité est aussi en cause.

La recherche coûte cher, très cher et nécessite donc un retour sur investissement. Or, la mondialisation ce sont les échanges mais aussi la copie. Une industrie légale quand il s’agit de médicaments génériques avec un niveau de rentabilité égal aux grandes firmes pharmaceutiques qui ont, elles, supporté le coût et le risque de la recherche. S’ajoute à cela la question des accords commerciaux et l’on se trouve dans un contexte mondial disparate où, selon les pays et l’utilisation ou non d’un générique, le prix d’une molécule varie considérablement.

Pour un pays comme le Brésil, 190 millions d’habitants dont 620 000 séropositifs, le coût de la prise en charge du sida et notamment des médicaments est énorme. En 2007, 820 millions de dollars ont été consacrés au programme antisida, dont 620 millions aux seuls médicaments. Et l’effort ne se relâche pas. Pour 2008, le budget est d’un milliard de dollars. On comprend dans ces conditions que le Brésil qui prône une distribution gratuite et universelle des médicaments antisida réclame un assouplissement des règles concernant les brevets pharmaceutiques et surtout des prix moins les moins élevés possibles.

Lors de l’ouverture lundi de la conférence mondiale de Mexico sur le sida, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a déclaré que “les budgets devront considérablement augmenter au cours des prochaines décennies”. Cette bonne nouvelle a des effets pervers. Elle n’engage pas les laboratoires à diminuer leurs prix puisque des fonds seront dégagés et que progressivement, à l’image du Mexique, un nombre croissant de gouvernements s’engage à fournir gratuitement les médicaments antirétroviraux au séropositifs, conformément à l’engagement formulé en 2006 par l’Onu d’un accès pour tous au traitement et à la prévention en 2010. Cette année, les fonds mobilisés dans la lutte contre le sida sont estimés à 10 milliards de dollars. Derrière la lutte contre le sida se pose la question cornélienne de la mercantilisation de la santé avec en corollaire celle de la recherche au financement mutualisé lorsqu’elle est fondamentale et aux bénéfices privatisés lorsqu’elle est appliquée. Vaste débat.

Comme le rapporte le quotidien Le Monde, « Les chercheurs continuent de penser que la propagation du virus ne pourra être enrayée que par la découverte d’un vaccin préventif et non par le traitement des personnes déjà contaminées, ce qui est le cas aujourd’hui. »  Or, c’est bien le cri d’alarme qui a été lancé derrière les sourires de façade de la conférence de Mexico, la mise au point de celui-ci, qui plus est annoncée à long terme, ne pourra se faire que si de très gros moyens financiers sont mobilisés. Mauvais signe, à l’image de la France, la contribution des pays les plus riches est à la baisse.


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