Connemara, de Nicolas Mathieu (éd. Actes-Sud)

Gagner, on a l’impression que c’est le verbe qu’ils veulent conjuguer, Hélène ou Christophe, qui se retrouvent par hasard au milieu de leur vie. Gagner plus d’argent, gagner en niveau hiérarchique et convaincre, telle est l’ambition d’Hélène dont la vie familiale (mariée, deux enfants) va plutôt cahin-caha. Gagner peut-être encore avec l’équipe de hockey malgré l’âge et malgré la séparation d’avec la mère de leur enfant. Tous deux viennent d’un milieu social modeste, elle a voulu devenir « cadre », lui vend de la nourriture pour chiens. Pendant quelques mois, ils vont se rassurer mais sans illusion. Et la vie va continuer. Et autour d’eux les copains, l’assistante, le grand-père, les enfants, on va s’y attacher. On va se réjouir quand le patron va se faire piéger. C’était avant, avant l’élection présidentielle, avant les gilets jaunes dont les protagonistes de ce roman pourront faire partie. Le livre n’est pas défaitiste. Aucun mépris pour ses personnages. Dans son écriture même, Nicolas Mathieu nous rend proches d’eux. L’auteur est comme eux, avec eux. Il danse sans doute sur le rythme de la chanson de Sardou, ta tadam tadam tatatatadam, rythme que je n’imaginais pas reconnaître.