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VIH et anguille sous Roche

Publié le 05 août 2008 par Alain Hubler

Logo détourné de RocheDu 3 au 8 août, la ville de Mexico accueille la XVII Conférence internationale sur le SIDA.

L’ouverture de cette conférence a lieu un peu moins d’un mois après que la firme pharmaceutique Roche ait annoncé qu’elle abandonnait la recherche portant sur de nouveaux médicaments destinés à lutter contre cette pandémie.

Selon la porte-parole de la société bâloise dirigée par Franz B. Humer et propriété des Oeri, Hoffmann, Sacher, de Novartis et d’un certain Martin Hebner :

Dans les cinq à six ans à venir, nous ne voyons pas de thérapie qui apporte une amélioration aux thérapies déjà existantes.

C’est ce qui s’appelle de la vision à court terme. Un choix que l’on pourrait traduire ainsi : on ne voit pas de moyen de mettre sur le marché une molécule profitable dans les années qui viennent alors on abandonne.

Voilà ce qui arrive quand on confie le soin de prendre en main la recherche à des multinationales. Quand le susucre financier n’est pas au rendez-vous, elles jettent l’éponge et passent à autre chose. À quelque chose de plus juteux.

Mais rassurez-vous, la société continuera tout de même à commercialiser ses produits actuels - Fuzeon, Viracept et Invirase - qui ont enregistré des ventes de 98,6 millions d’euros en 2007. Une paille par rapport aux 28,5 milliards de chiffre d’affaires du groupe pour la même année.

Abandonner la recherche sous prétexte que les molécules actuellement en essai clinique ne seraient «pas susceptibles d’apporter une innovation» tient plus du commerce que de la science. La recherche est faite de beaucoup d’échecs et parfois de victoire, c’est en tout cas ainsi que les entreprises pharmaceutiques justifient le prix de leurs produits. Cependant, ce qui me révolte le plus dans cette affaire, c’est qu’une entreprise, qui n’arrête pas de légitimer le prix – élevé – de ses médicaments par les coûts exorbitants de la recherche et du développement, puisse abandonner à leur sort les 33 millions de personnes infectées de par le monde pour se concentrer sur les activités qu’elle maîtrise le mieux, c’est-à-dire les plus rémunératrices.

Cela alors même que l’année 2007 a été l’année record pour la société, qui, avec ses 11,4 milliards de bénéfice, dépasse pour la première fois Novartis.

Mais tout cela n’empêche pas l’entreprise pharmaceutique de sponsoriser – pour se donner bonne conscience (?) – la Conférence de Mexico et d’avoir fait marcher, le 30 novembre dernier, plus de 12000 de ses employés en faveur des enfants atteints du SIDA. Cette marche caritative a rapporté plus de 4,4 millions de francs depuis 2003 et Roche se déclare «fière de l’engagement manifesté par ses employés».

Certain que les employés de Roche ne soient pas fiers du désengagement de son employeur sur le front de la recherche de traitement contre le SIDA.


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