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Exterminez toutes ces brutes, film de Raoul Peck (diffusé par arte.tv)

Publié le 01 février 2022 par Onarretetout

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C’est un travail considérable qu’a entrepris Raoul Peck : le récit montrant comment l'impérialisme, le colonialisme et le suprémacisme blanc constituent un impensé toujours agissant dans l'histoire de l'Occident. Il lui a fallu pour cela remonter aux croisades, à l’inquisition espagnole quand il s’agissait pour les marchands, soutenus par l’église catholique, de conquérir les routes du commerce et ramasser le plus de richesses possibles. Et non seulement des richesses (ils veulent toujours de l'or. Est-ce qu'ils le mangent ?) mais encore des terres, et le produit des terres. Ainsi on a vendu des terres, par exemple, en Amérique alors que les vendeurs n’en étaient pas propriétaires, mais qu’ils en avaient chassé, exterminé les occupants autochtones. Cela s’est aussi produit entre l’Angleterre et l’Irlande. À chaque fois le discours est le même : les autres, qu’il faut chasser ou réduire en esclavage, sont des animaux. Et ce n’est pas uniquement des termes de siècles lointains : Trump lui-même, entre autres, utilise ces mots. Comment peut-on justifier ces massacres au nom de la civilisation ? La fin du XVIIIe siècle et les premières années du XIXe siècle ont vu trois révolutions : française, américaine et haïtienne. On parle peu de la troisième : c’est la première république noire, qui a donné beaucoup d’espoir, notamment aux peuples d’Amérique du Sud. On a fait payer cher cette libération et la dette semble sans fin.
Pour réaliser son film en quatre épisodes, dont je n’ai vu pour l’instant que les deux premiers, Raoul Peck a utilisé ses moyens de cinéaste : documents d’époque, peinture, reconstitution, extraits de films, films d’animation, travaux d’historiens. Il montre que ce qui est à l’oeuvre, c’est essentiellement un capitalisme incarné par l’homme blanc, réduisant à sa merci les plus faibles ou qu’il a affaibli.e.s : Juifs, Arméniens, Vietnamiens, Africains, esclaves, femmes, ouvriers. C’est par la spoliation et la déportation, l’extermination que tout cela s’est fait. Et c’est le rapprochement saisissant de ces images qui en montre non seulement la violence mais aussi la systématisation : Ford soutenant le parti nazi, les fosses communes des exterminations de masse, les cartes montrant la disparition des premières nations...

« Exterminez toutes ces brutes » est une phrase extraite d’un livre de Joseph Conrad, empruntée à Sven Lindqvist qui en a fait le titre d'un essai sur les génocides. Outre Sven Lindqvist, Raoul Peck cite Roxanne Dunbar-Ortiz, Howard Zinn et Michel-Rolph Trouillot, et d'autres historiens, romanciers, cinéastes.


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