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A l’intérieur de la nuit

Publié le 02 février 2022 par Adtraviata
A l’intérieur de la nuit

Quatrième de couverture :

Le meilleur de la nuit
Se prend à pleines lèvres
A corps perdu

A brassées d’herbes et de brumes

Avec les gestes du dénouement
Avec l’oreille du loup

En écho à notre premier rendez-vous poétique avec Marilyne (qui vous présentait le Petit éloge de la poésie de Jean-Pierre Siméon), je vous propose aujourd’hui ce recueil consacré à la nuit. Difficile de ne pas craquer devant ce magnifique objet-livre, à la couverture à rabats bleu nuit et argent, au papier épais, du « papier recyclé Keaykolour poussière de lune et Keaykolour bleu de Chine 120g », illustré des images lunaires de Yann Bagot.

La citation épigraphe nous donne la clé de ce recueil : « La nuit est notre vérité, elle nous invite à rejoindre un lieu plus ancien qu’on appelle parfois l’âme, et dont la langue nous est indéchiffrable. » (Anne DUFOURMANTELLE, Eloge du risque) Silence, profondeur, lenteur, retrait et compréhension intime, réflexion paradoxalement plus éclairée qu’en plein jour, voilà ce que permet la nuit, « jamais seulement l’extinction du jour ».

La nuit parfois est cette eau très pure
Qui donne raison
A notre soif d’amour
(p. 13)

La poésie c’est la nuit
Bergère des ombres
Et des clartés égarées

Etoile des étoiles
Dans l’abîme des villes
Et le lit des massacres

C’est la nuit
Dans sa chevelure de branches
Et de rivières dormantes

Elle ferme nos paupières
Pour que s’entende
Enfin
Le bruissement de l’âme
(p. 17)

Les textes, les vers sont courts, imagés avec simplicité : « La nuit / La vraie / Très simple : / Un enfant / Pieds nus dans l’herbe / Avec le chat / L’oeil rond » (p. 38) Poésie dépouillée, minimaliste, nourrie pourtant de multiples références artistiques à Michaud, Reverdy, Soulages, aux contes ou à la mythologie. Jean-Pierre Siméon évoque toutes les nuits, de printemps, d’hiver, à l’hôpital, de violence, entre autres.

Toutes les nuits

La nuit comme une forêt
Qui avale

La nuit comme une colline
Où le ciel repose

La nuit comme une mer
Par gros temps

La nuit comme une frondaison
La nuit comme un rivage aux oiseaux

La nuit comme un cri sans fond
La nuit comme une joue aimée

La nuit comme un seuil
Vers plus de nuit

La nuit qui abandonne
Ou qui embrasse

Toutes les nuits
Sont dans la nuit
(p. 50-51)

Le livre se termine sur une coda manuscrite mais je vous laisse en compagnie de ce court texte pour conclure :

Nous n’aimerons bien le jour
Que pour avoir aimé
La nuit
(p. 57)

A contempler pour accompagner cette lecture : cette toile de Pierre Soulages datée de 1975, en écoutant un Nocturne de Chopin.

Montpellier : une toile de Soulages adjugée 1,6 million d'euros aux  enchères ! - midilibre.fr

Jean-Pierre SIMEON, A l’intérieur de la nuit, Images de Yann BAGOT, Cheyne, 2021

Marilyne vous emmène aujourd’hui dans une anthologie consacrée aux Poètes en partance.


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