Hannibal, ramadan et Fêtes de Genève

Les pontes des offices touristiques sont déjà tout retournés : le ramadan va mal tomber dès 2009 et les caisses de ces pauvres hôteliers et autres vendeurs de camelote sont paraît-il menacées.

Même l’éditorialiste maison de la Tribune de Genève titre et assène tel un docteur de la loi : le renouveau des Fêtes passe par le ramadan.

Si on applique à la lettre l’injonction du plumitif de service, les fêtes risquent de devenir un peu tristes. Voyons un peu, il nous dit en substance  “qu’il faut aménager Genève pour que fêtes et ramadan puissent coexister”. Mais a-t-il seulement réfléchi aux règles de l’islam pour le jeûne du mois en question:

Selon le droit musulman il est notamment interdit de

• Se nourrir;
• Fumer (par ailleurs, le tabac est également interdit le reste de l’année selon la majorité des oulémas)
• Boire
• Ejaculer volontairement (masturbation).
• S’évanouir une journée durant: pour quiconque qui s’est évanoui toute la journée de l’aube au coucher du soleil, son jeûne n’est pas valable. Il en est de même pour celui qui est atteint de folie.
• Se faire vomir;
• Avoir des relations sexuelles.
• Renier l’islam : par la croyance, l’acte ou la parole.
• Enfin, on doit impérativement manger le dernier jour du jeune car Il est interdit de jeûner le jour de la Fête de la fin du jeûne .

Cette liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut. Elle est juste là pour rappeler qu’on voit mal une Genève endormie, les bureaux fermés et les rues vides du lever au coucher du soleil aux mois de juin, juillet et août et célébrant Bacchus ou une autre idole de 22 heures à 5 heures.

A moins qu’on ne demande à Hannibal K., à son juge et son jeune procureur, à son épouse et à ses ex-domestiques de nous pondre un règlement spécial qui permette tout à la fois à la Genève de Calvin de se vautrer avec délices et sans trop de questions dans les millions arabes d’origine pas toujours claire et aux adeptes du jeûne rituel de boire et manger tout en fouettant à souhait, ceci en fonction d’une Genève endormie et attendant la langue pendue sur les pétrodollars salvateurs.

Et si, par exemple, au lieu de réinventer la roue en se vautrant dans le compromis discutable, Genève devenait une vraie métropole internationale attirante car vivante et typique, de jour comme de nuit. Se soucie-t-on du ramadan à Londres ou à Paris ? pas vraiment, on vise nettement plus large et depuis plus haut.