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Emily Dickinson – Pour être hanté…

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Emily Dickinson – Pour être hanté…Pour être hanté nul n’est besoin de chambre
Nul besoin de maison :
Les couloirs du cerveau l’emportent
Sur les lieux matériels.

Mieux vaut rencontrer à minuit
Un spectre visible
Que d’affronter, à l’intérieur,
cet hôte – plus froid.

Mieux vaut traverser une abbaye au galop,
Les pierres à ses trousses,
Que se rencontrer soi-même et sans armes
En un endroit désert.

Cet être caché par le Moi
Devrait bien plus nous effrayer :
Un assassin tapi chez nous
Serait une moindre horreur.

Le corps emprunte un revolver
S’enferme à double tour –
Mais oublie un Spectre plus ample –
Ou pire encore –

*

One need not be a Chamber — to be Haunted —
One need not be a House —
The Brain has Corridors — surpassing
Material Place —

Far safer, of a Midnight Meeting
External Ghost
Than its interior Confronting —
That Cooler Host.

Far safer, through an Abbey gallop,
The Stones a’chase —
Than Unarmed, one’s a’self encounter —
In lonesome Place —

Ourself behind ourself, concealed —
Should startle most —
Assassin hid in our Apartment
Be Horror’s least.

The Body — borrows a Revolver —
He bolts the Door —
O’erlooking a superior spectre —
Or More —

***

Emily Dickinson (1830–1886)Poems / Poèmes (Aubier Flammarion, 1970) – Traduit de l’anglais (Etats Unis) par Guy Jean Forgue.


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