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Demain – ou après-demain – résidents de l’espace ?

Publié le 11 février 2022 par Diateino

Demain – ou après-demain – résidents de l’espace ?En 2014, s’exprimant à propos du réchauffement climatique et de l’urgence de passer à l’action, Ban Ki-Moon, ancien secrétaire général des Nations Unies, avait déclaré « Il n’y a pas de plan B car il n’y a pas de planète B. » Cette déclaration souvent reprise n’a pas découragé des entrepreneurs, dont Elon Musk, de réfléchir à cette idée d’aller s’installer durablement sur d’autres planètes. Dans son ouvrage « Douze années lumière », Jean-Baptiste Rudelle imagine qu’en 2360, une planète habitable, mais éloignée de douze années lumière de la Terre, permettrait de tester cette idée. Folie ? Aujourd’hui peut-être, mais au XXIVè siècle ?

« Aujourd’hui, l’envol d’astronautes en orbite reste avant tout une affaire de prestige national. Les recherches menées sur la Station spatiale internationale ont montré qu’en apesanteur, pour maintenir un humain en bonne santé, les défis sont absolument redoutables les acrobates de l’espace comme Thomas Pesquet soumettent leur corps à ces expériences avec une admirable abnégation. Mais cela reste du domaine de l’exploit. Un vrai projet d’implantation humaine durable au-delà de la Terre nécessite un modèle qui reste à inventer.

Les humains n’étant visiblement pas les bienvenus au-delà de l’atmosphère terrestre, l’industrie spatiale s’est, pour l’instant, focalisée sur les besoins de clients situés sur le plancher des vaches : les télécommunications, l’observation de la Terre et le guidage par GPS. Bien sûr, d’autres idées créatives ont été lancées par la communauté spatiale pour démontrer que leur industrie a un avenir radieux : minage d’astéroïdes, production d’énergie solaire dans l’espace, bouclier, climatique, production de carburant sur la Lune… Depuis plus de quarante ans, ces idées ont été analysées par les plus grands esprits, et j’ai été très déçu de constater que, même en utilisant des hypothèses optimistes, la rentabilité économique c’est pas au rendez-vous[1]. Certes, il existe depuis quelques années un buzz autour du « New Space », expression qui désigne un nouvel intérêt des acteurs privés et notamment des start-up pour le spatial. Force est de constater que, dans la réalité, au-delà des quelques niches commerciales précitées, les budgets spatiaux sont financés quasi exclusivement par de l’argent public. Au total, l’ensemble des industries spatiales prises au sens le plus large représente moins de 0,4% du PIB mondial. Cette part de marché n’a pas progressé de façon notable dans les dernières décennies, et il est peu probable qu’elle augmente significativement dans le monde de Lucie. À l’heure où le coût d’accès à l’espace est en train de s’effondrer grâce à l’incroyable pugnacité d’Elon Musk, cette prévision peut paraître un peu pessimiste. La raison en est que la limite du spatial est plus dans l’étroitesse des applications que dans l’accès à l’orbite. À ce titre, on attend toujours l’irruption d’un service inattendu et incroyablement utile qui permettra d’étendre le marché au-delà des télécommunications et de l’observation terrestre. »

Demain – ou après-demain – résidents de l’espace ?
Pour l’instant, habiter sur une autre planète reste du domaine de la science-fiction, mais le développement exponentiel d’innovations et leur combinaison entre elles pour générer encore plus d’innovation peut nous autoriser à un rêver à un futur peut-être plus proche qu’il n’y paraît !

[1] Voir la thèse de Markus Schiller, qui, au terme d’une analyse systématique, conclut à l’absence de modèle  économique crédible pour l’espace au-delà  des secteurs existants : « Benefits and Motivation of Spaceflight. A Comprehensive Assessment of its Present and Future Potential”, Institut für Luft- und Raumfahrt, Munich 2008.


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