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"Bobby Mars Forever" d'Alan Parks (Bobby March will live forever)

Par Cassiopea

Bobby Mars Forever (Bobby March will live forever)
Auteur : Alan Parks
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Olivier Deparis
Éditions : Payot & Rivages (9 février 2022)
ISBN : 978-2743655020
418 pages

Quatrième de couverture

Glasgow, en ce mois de juillet 1973, Bobby March, héros local qui a réussi dans la musique, est retrouvé mort d'une overdose dans une chambre d'hôtel. Parallèlement, la jeune Alice Kelly, adolescente solitaire, a disparu. Autre disparition inquiétante, celle de la nièce du chef de McCoy qui avait de mauvaises fréquentations. McCoy est chargé d'enquêter.

Mon avis

Après « Janvier noir » et « L’enfant de Février », l’auteur continue avec « Bobby Mars Forever ». Cette fois-ci, ce n’est pas le mois de l’année qui est évoqué mais le nom d’un chanteur musicien.
Nous sommes en Juillet 1973, et il fait chaud, très chaud, ce qui surprend à Glasgow, alors forcément la bière coule à flots dans les pages de ce roman, le sang aussi et également la pluie quand il y a des orages.

Il aura fallu attendre deux ans pour retrouver l’écriture d’Alan Parks, son style profond et noir, où les évocations musicales apportent un peu de légèreté. Il nous fait pénétrer dans une ville sombre, présentant son côté caché. Les gangs qui régissent tout, les policiers qui sont prêts au pire pour obtenir des aveux et se vanter après, la drogue, la prostitution, l’alcool et pourtant on en redemande !

Harry McCoy est toujours là, mais Raeburn l’a évincé des affaires principales et est odieux avec lui. Comme Harry est un sanguin, il doit sans cesse se contrôler ce qui lui coûte beaucoup d’énergie. Alors il noie sa rage dans l’alcool et il traîne. Heureusement Wattie son collègue le tient un peu au courant de ce qui se passe. Une jeune fille, Alice Kelly a disparu. Ce n’est, bien sûr, pas à Harry qu’on confie l’enquête. Il doit s’occuper de braquages et feuillette les dossiers sans conviction. Comme il est seul au commissariat, lorsqu’un hôtelier appelle pour signaler un homme mort dans une chambre, c’est lui qui s’y colle. Cela ne l’intéresse pas plus que ça mais bon, ça lui permet de sortir. Le macchabé de l’hôtel est un chanteur déchu, il a eu son heure de gloire mais c’est fini. À vingt-sept ans, il semblerait qu’une overdose fatale ait eu raison de lui. De plus le chef d’Harry lui demande de rechercher discrètement sa nièce mineure qui n’est pas rentrée chez elle. Il a donc deux enquêtes officielles et une officieuse à mener et grâce à Wattie, il suit un peu celle concernant Alice. Il n’est pas hyper motivé mais il s’y met, inutile de se faire critiquer alors qu’il n’a déjà pas la cote.

Évidemment, tout va se télescoper et des liens vont exister entre les différents aspects du récit. Mais le fil rouge reste Harry McCoy, l’homme qui dérange car il est sans filtre et dit ce qu’il pense, l’homme dont les poings vont parfois trop vite, mais l’homme qui peut être attentionné et sensible, capable de se transcender. Oui, il gère mal ses émotions, ses addictions, mais qu’il est attachant ! En outre, sa façon d’aborder les investigations est intéressante et il arrive à de très bons résultats, notamment car il observe avec acuité. Il n’a pas que des amis car il joue souvent avec le feu mais ça me plaît bien.

J’aime l’écriture de l’auteur (merci au traducteur), sa façon de parler de cette ville qu’il connaît parfaitement et qu’il dépeint avec intelligence et finesse.

« Il avait toujours aimé Glasgow la nuit, même au temps où il était patrouilleur. Seul dans la ville déserte, il voyait des choses que peu de gens voyaient. Sauchiehall Street envahi d’étourneaux, des hommes couverts de farine derrière les vitres des boulangeries, de jeunes ouvrières assises sur un muret et partageant des cigarettes et une petite bouteille de whisky. »

Je trouve aussi que l’approche humaine des différents personnages est pleine de bon sens, de finesse, de doigté. Alan Parks les étoffe, ils ont un caractère mais aussi une histoire bien à eux.

Bobby Mars Forever est un recueil tout à fait abouti, rédigé d’une plume acérée, avec du rythme pour maintenir notre intérêt et un bel aperçu du côté obscur de Glasgow.

PS : C’est une bonne idée de mettre les Rolling Stones et Brian Jones en toile de fond en créant un lien avec Bobby Mars (dont on suit l’histoire de 1964 à 1973 avec quelques pages en italiques semées entre les chapitres). Cela donne envie d’écouter leurs albums !



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